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Michel Houellebecq : "Oui, je suis Charlie"

Canal+ a diffusé lundi soir l'interview de l'écrivain enregistrée au lendemain de l'attaque de "Charlie Hebdo".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'écrivain Michel Houellebecq, le 5 novembre 2014, à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

"Mon livre n'est pas islamophobe", jure Michel Houellebecq. "Oui, je suis Charlie", a déclaré, très ému, l'auteur controversé du roman Soumission, dans une interview diffusée lundi soir dans "Le Grand Journal" de Canal+. Un entretien enregistré jeudi, au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo.

Il s'agissait du dernier entretien accordé par le romancier avant qu'il ne suspende la promotion de Soumission (Flammarion). L'interview avait été réalisée dans le bureau d'Antoine de Caunes. L'écrivain a aussi décidé de quitter Paris, profondément affecté par la mort de son ami l'économiste de gauche Bernard Maris, tué mercredi au cours de l'attentat à l'âge de 68 ans.

"La première fois que quelqu'un que je connais se fait assassiner"

"Oui, je suis Charlie. C'est la première fois de ma vie que quelqu'un que je connais se fait assassiner", a répondu Michel Houellebecq, la voix étranglée par l'émotion. Bernard Maris admirait Houellebecq, y voyant un analyste lucide du libéralisme, au point de lui avoir consacré un ouvrage, Houellebecq économiste.

"On devait participer ensemble à un débat fin mars car il allait publier un nouveau livre. (…) J'arrête la promotion parce que je n'ai pas envie de parler de mon livre en ce moment. Je ne suis pas en forme", a-t-il expliqué.

Télescopage frappant, la une de Charlie Hebdo représentait une caricature de l'écrivain le jour de l'attentat et de la sortie ultramédiatisée de Soumission, en tête des ventes depuis sur Amazon. Sous le titre Les prédictions du mage Houellebecq, le dessinateur Luz faisait dire au romancier : "En 2015 je perds mes dents, en 2022 je fais ramadan !" Interrogé sur cette caricature, Houellebecq a simplement répondu : "Elle est pas mal". Plusieurs pages intérieures de Charlie Hebdo étaient aussi consacrées au roman.

"Il n'y a pas de limites à la liberté d'expression"

"Mon livre n'est pas islamophobe", a assuré Houellebecq, sur lequel se sont abattues des critiques virulentes avant même la publication de Soumission. Dans ce roman, il imagine l'arrivée du chef d'un parti musulman à l'Elysée en 2022 et suit la trajectoire d'un prof de littérature très "houellebecquien" jusqu'à la conversion de ce dernier à l'islam.

"Je ne veux pas qu'on dise 'vous êtes libre' et qu'on me parle de responsabilité. Il n'y a pas de limites à la liberté d'expression, s'est-il défendu. C'est le jugement de mes pairs qui importe à mes yeux. Ce que dit Manuel Valls, je m'en fiche." Le Premier ministre avait déclaré jeudi : "La France, ça n'est pas Michel Houellebecq" et "Ça n'est pas l'intolérance, la haine, la peur."

Quant à Marine Le Pen, "celui qui réussira à me récupérer n'est pas encore né. Qu'elle essaye ! Let's try", a lancé Michel Houellebecq.

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