Le député qui a lancé "La Marseillaise" à l'Assemblée : "C'est sorti des tripes"
Serge Grouard a été le premier à entonner l'hymne national, qui a ensuite été repris par tout l'hémicycle. Cela n'était pas arrivé depuis 1918.
A chaque journée son moment d'émotion et de communion nationale depuis les attentats de la semaine dernière. Fait inédit, La Marseillaise a été chantée à l'issue d'une minute de silence dans un hémicycle quasiment plein et après une allocution du président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone. Une première depuis 1918.
C'est le député-maire UMP d'Orléans (Loiret), Serge Grouard, qui a spontanément entonné les paroles de l'hymne national, rejoint ensuite par les autres députés. Francetv info l'a rencontré quelques minutes après.
Francetv info : Pourquoi avez-vous entonné "La Marseillaise" ?
Serge Grouard : C'est sorti des tripes. Cet hémicycle, on commence à y être habitué et en même temps, il est impressionnant car il représente la France, avec toutes celles et ceux qui nous ont précédés, qui se sont battus pour notre pays. Et là, le président de l'Assemblée nationale fait un discours fort et évoque La Marseillaise. Je pense alors à tous ces Français rassemblés samedi et dimanche et qui ont spontanément entonné notre hymne, lequel revenait en permanence dans les cortèges et les rassemblements. J'étais dans cette communion-là, et La Marseillaise est sortie.
Quelles ont été les réactions des autres députés ?
J'ai regardé le président sur son perchoir et, après un premier regard étonné, il s'est mis lui aussi à chanter, avant que tout le monde reprenne l'hymne. C'était un moment très fort. Mais je dois avouer ne pas avoir regardé les uns et les autres. Dans ces cas-là, on risque de craquer.
Que ressentez-vous en voyant que la quasi-totalité des députés a repris l'hymne en chœur ?
Je suis très ému, très touché, parce que je le sens dans les tripes. J'ai aussi la fierté, non pas de l'avoir fait, mais d'avoir vu l'Assemblée nationale être digne de ce qu'elle est et de ce qu'elle doit être.
Est-ce que cette dignité sera toujours à l'ordre du jour lors des futures sessions parlementaires ?
J'espère et je veux croire que chacun en tirera quelques leçons personnelles de comportement, parce que nous sommes les représentants de la nation, les représentants du peuple, élus par le peuple. Et le peuple nous a donné une leçon absolument formidable, exceptionnelle, unique. Nous sommes dignes aujourd'hui de cette leçon, et il faut qu'on le reste.
Cette journée représente-t-elle un tournant ?
Je le souhaite, parce que la France est dans une situation très difficile. Il y avait de la gravité, mais il y a aussi, enfin, de la lucidité. Il faut que tout cela soit conservé précieusement. Le quotidien peut reprendre ses droits, dans ce qu'il a de normal, mais aussi dans ce qu'il a de plus désagréable et de moins bon. Mais de ce drame va peut-être naître un choc salvateur.
Est-ce que la réponse de Manuel Valls à cette Marseillaise était à la hauteur ?
Oui, le Premier ministre était complètement dans son rôle de chef de gouvernement, du gouvernement de toute la France rassemblée. On l'a senti terriblement sincère, citoyen, comme on disait il y a longtemps. Il était en même temps dans son rôle de responsable, avec un discours de vérité. Je suis convaincu que c'est pour cela que l'Assemblée s'est levée. C'est sans doute unique dans les annales de notre République.
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