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L'ancien mentor des frères Kouachi raconte sa "déradicalisation" dans un livre

Farid Benyettou a choisi de se confier à l'anthropologue Dounia Bouzar à travers une série d'entretiens, publiés mercredi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'ancien jihadiste Farid Benyettou se confie dans un livre à l'anthropologue Dounia Bouzar, publié le 4 janvier 2017. (MAXPPP)

Farid Benyettou espère que son témoignage sera "bénéfique à d'autres". L'ancien mentor des frères Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, raconte son engagement jihadiste, puis sa "déradicalisation", dans un livre publié mercredi 4 janvier. Mon djihad, itinéraire d'un repenti (éditions Autrement) est le fruit d'entretiens accordés par l'ex-"émir" autoproclamé à l'anthropologue Dounia Bouzar, figure de la prévention contre l'embrigadement.

Farid Benyettou, 35 ans, avait eu parmi ses adeptes, en 2003 et 2004, les frères Chérif et Saïd Kouachi. Il était le recruteur de la filière des Buttes-Chaumont à Paris, démantelée en 2005, qui visait à envoyer des jihadistes en Irak dans les rangs d'Al-Qaïda. Condamné à six ans de prison, quatre ans de sûreté, il en est sorti en 2009. Dans son livre, Farid Benyettou tente une "rétroanalyse" de son embrigadement et évoque des "moments-clé" dans sa sortie du jihadisme. L'un d'eux fut la tuerie de Montauban et Toulouse, perpétrée par Mohamed Merah en 2012.

"Donner les secrets du jihadisme"

"Il y a une part de moi qui disait : 'J'ai soutenu ces groupes, mais pas ce genre d'actions'. Et il y a une autre partie qui me ramenait vers la réalité" jihadiste qui a "toujours la même finalité : tout ce qui est différent de nous, on doit le détruire", explique l'ancien islamiste. "Ce livre, souligne l'ancien salafiste quiétiste passé au jihadisme, entend décrire le processus qui fait qu'on en arrive, en pensant défendre une certaine utopie, jusqu'à une véritable déshumanisation." Et évoquer la "sortie complexe" de la radicalité.

Farid Benyettou, qui s'estime "armé pour ne plus jamais tomber dans ce même piège", sait que son témoignage ne fera pas l'unanimité. "Les plaies sont encore ouvertes, note-t-il. Mais si on ne met pas en commun (...) toutes les expériences, toutes les compétences pour pouvoir éradiquer ce problème, dans dix ans, on va être confronté à (...) peut-être encore pire."

Dounia Bouzar ne regrette pas de l'avoir invité à témoigner "bénévolement" devant des jeunes en proie à la radicalisation, et à présent de le salarier dans son cabinet privé, afin "qu'il contribue à construire des outils plus efficaces". "Si Farid Benyettou peut nous donner les secrets du jihadisme, tous les petits outils pour lutter contre" ces groupes, "je ne vais pas les refuser parce qu'avant il faisait partie de l'autre camp. D'ailleurs, il nous le doit", fait-elle valoir.

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