Attentats terroristes : les rendez-vous manqués des Etats-Unis avec Paris
L'extrême discrétion de l'administration Obama lors de la marche républicaine contre le terrorisme dimanche a surpris. Les médias américains s'interrogent et dénoncent un regrettable faux pas.
"Nous aurions dû envoyer quelqu'un de plus haut niveau." La Maison Blanche regrette, lundi 12 janvier, de ne pas avoir envoyé un responsable de premier plan à la "marche républicaine" contre le terrorisme, organisée dimanche à Paris. Barack Obama lui-même aurait aimé y être, selon l'agence Reuters.
Auparavant, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer l'absence du président américain, de son vice-président ou de l'un de ses ministres, lors de cette marche qui a rassemblé plus d'un million de personnes parmi lesquelles une cinquantaine de dirigeants internationaux. Les médias américains et certains élus républicains ont reproché un soutien jugé trop faible. Francetv info revient sur ce faux pas de Barack Obama.
Eric Holder vient à Paris, mais ne participe pas au défilé
Une cinquantaine de dirigeants étaient présents lors de cette marche à laquelle ont participé au moins un million et demi de personnes. Certes, le ministre de la Justice, Eric Holder, s'est déplacé à Paris. Mais il était là pour une réunion sur le terrorisme. Il n'a donc pas rejoint le cortège.
Les Etats-Unis étaient représentés grâce à leur ambassadrice. Elle a tweeté plusieurs photos en hommage.
Fière de representer le people américain aujourd'hui aux côtes de nos amis français en deuil #MarcheRepublicain. pic.twitter.com/Me7vdlz7XF
— Jane Hartley (@USAmbFrance) 11 Janvier 2015
Une présence insuffisante, selon les médias américains. "En tant qu'Américain, j'ai eu honte", a lancé lundi le journaliste de CNN (en anglais) Jake Tapper, présent à Paris. Il critique non seulement les responsables américains actuels, mais aussi d'autres politiques. "Hillary Clinton et son mari (Bill) se mordent probablement les doigts de ne pas avoir sauté dans un avion privé pour rejoindre Paris. Vous imaginez Hillary et Bill marchant au premier rang, bras dessus bras dessous, avec Nétanyahou et Hollande ?", souligne Jake Tapper.
"You let the world down" ("Vous avez laissé tomber le monde"). Le New York Daily News (en anglais) ne mâche pas non plus ses mots. En une du quotidien apparaissent, sur fond de foule réunie place de la République, les visages du président Barack Obama, du vice-président Joe Biden, du secrétaire d'Etat John Kerry et du ministre de la Justice Eric Holder.
John Kerry appelle rapidement les Français, mais ne sera à Paris que vendredi
L'absence de John Kerry, francophone et francophile, a été d'autant plus remarquée qu'il n'hésite jamais à faire un crochet par Paris où il s'est rendu une quinzaine de fois depuis qu'il a pris la tête de la diplomatie américaine.
"J'ai probablement été l'un des premiers au monde à avoir parlé aux Français, à avoir évoqué notre effroi et nos liens très très forts avec les Français", s'est justifié lundi, John Kerry, visiblement piqué au vif. Mercredi, dans un discours en français, il avait rendu hommage aux victimes de l'attaque des locaux de Charlie Hebdo : "Les assassins ont proclamé aujourd'hui que Charlie Hebdo est mort, ils ont tort."
Preuve d'un embarras manifeste, John Kerry a finalement annoncé lundi, depuis l'Inde, qu'il se rendrait à Paris vendredi. "La relation avec la France ne tient pas à un moment ou un jour particulier", a-t-il avancé.
Les justifications de Barack Obama
L'absence des ministres de Barack Obama est difficile à défendre, mais celle du président américain peut se comprendre, pour des raisons à la fois de logistique et de sécurité. Les exigences de sécurité qui entourent le déplacement du président américain ou de son vice-président sont susceptibles d'être une source de distraction pour un événement de cette nature, a insisté la Maison Blanche, avant de formuler des regrets.
"J'imagine qu'il y a toujours le risque pour un dirigeant américain qui participe à un événement comme celui-ci (...) d'être accusé d'essayer de profiter d'une tragédie, concède le journaliste Jake Tapper. Mais ce n'est pas la façon dont cela aurait été interprété en France."
Toutefois, le président des Etats-Unis n'a pas non plus fait d'apparition à Washington, où des Américains ont défilé dimanche pour afficher leur solidarité avec les Français après les attentats terroristes survenus à Paris. Ils brandissaient des panneaux avec les inscriptions : "Cette attaque contre la France, c'est une attaque contre nous."
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