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Attentats de janvier 2015 : "J'espère que ce sera un procès politique", témoigne Chloé Verlhac, la veuve de Tignous

Le procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher s'ouvre mercredi 2 septembre. Chloé Verlhac a perdu son mari dans la fusillade de Charlie, le dessinateur Tignous. Elle témoigne, cinq ans plus tard.

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Chloé Verlhac, la veuve de Tignous, lors de l'hommage aux dessinateurs de Charlie Hebdo le 15 janvier 2015. (GAËL DUPRET / MAXPPP)

Mercredi 2 septembre, la France se replonge dans l'horreur des attentats de janvier 2015, avec l'ouverture au tribunal de Paris d'un procès hors normes. Un procès de 49 jours qui s'annonce très lourd pour les 200 parties civiles. Parmi elles, Chloé Verlhac. Elle a perdu son mari dans la fusillade de Charlie Hebdo, le dessinateur Tignous. Depuis cinq ans, elle continue de faire vivre son œuvre. Ce procès va marquer une étape dans le processus de deuil. 

Moi, ce dont je suis la plus fière, c'est qu'on ne soit pas devenus hargneux, revanchards.

Chloé Verlhac

à franceinfo

Regard intense, blessée mais solaire, Chloé Verlhac reçoit dans l'ancien bureau exigu de Tignous, au fond de son jardin à Montreuil. La table à dessins n'est plus là, les croquis, eux, envahissent la pièce. Difficile de faire le ménage. "J'ai eu beaucoup de mal à accepter de faire les choses sans lui. Pour moi, il y avait quelque chose de terrible", confie-t-elle. "Et j'ai accepté le fait qu'il n'était plus là et que je pouvais, à certains endroits de ma vie, prendre la place qu'il occupait, parce qu'il faut qu'il fasse de la place, c'est nécessaire", poursuit-elle. 

Ce procès, Chloé Verlhac l'a longtemps ignoré, avant d'y voir un exutoire : "Moi je continue à me demander à quoi pensait Tignous dans les dernières secondes. Est-ce qu'il a pensé à nous ? Est-ce qu'il a eu peur ? Est-ce qu'il a eu mal ? Ça c'est insupportable, parce qu'il n'y a pas de réponse." Chloé Verlhac estime qu'il faut parler de "leur souffrance à eux".

C'est important de raconter. C'est important d'acter aussi de la souffrance des familles.

Chloé Verlhac

à franceinfo

"Aujourd'hui on développe tous des maladies. C'est pas fini en fait", rappelle-t-elle. Chloé Verlhac voit aussi dans ce procès une tribune pour la liberté d'expression. "J'espère que ce sera un procès politique", dit-elle. Un procès qui doit durer 49 jours. Difficile de savoir si elle tiendra la longueur. "Chacun gère sa souffrance comme il peut. Comment je vais le vivre ? Je n'en ai aucune idée. Si ça se trouve je vais y aller une fois et puis je ne vais pas supporter et je n'irai plus, dit-elle. Pendant cinq ans, je me suis obligée à beaucoup de choses. Je me devais de...J'avais le devoir de... Et je ne me suis pas beaucoup écoutée. Et là, tout d'un coup, j'ai la possibilité de me dire : je verrai. M'autoriser à peut-être être faillible. Et ça, c'est la première fois."  

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