Attentat d'Arras : "Il faut se débarrasser des dangereux", réagit Xavier Bertrand qui souhaite que les étrangers considérés comme tel soient "obligatoirement placés en rétention administrative"
"Il faut se débarrasser des dangereux", réagit lundi 16 octobre sur franceinfo Xavier Bertrand, trois jours après l'attentat dans un lycée d'Arras, dans le Pas-de-Calais. Le président LR de la région Hauts-de-France souhaite que "dès qu'une OQTF, une obligation de quitter le territoire français, a été délivrée", les étrangers soient "obligatoirement placés en rétention administrative". Il précise que cette proposition vise ceux qui sont susceptibles de "poser un problème à l'ordre public", notamment lorsque les services de renseignement pensent qu'ils sont "radicalisés", qu'ils risquent de "basculer dans le terrorisme".
"Dans aucun pays, il n'y a de risque zéro", souligne Xavier Bertrand, mais il considère que "chez nous, en France, le risque est beaucoup trop important". Il invite "les responsables publics" à mener "ce combat de longue haleine contre ce terrorisme islamique", car "les gens ont besoin de faire bloc". Ils estiment selon lui, que "les hommages, c'est normal pour les victimes" mais "les discours ça va bien".
C'est pourquoi répète-t-il, "il faut se débarrasser des dangereux". Le principal suspect de l'attaque terroriste du vendredi 13 octobre, Mohamed M, était fiché S pour radicalisation. "Rien ne permet de dire qu'il y a eu une faille des services de renseignement. Il faisait l'objet d'une surveillance, mais rien ne laissait penser qu'il pouvait passer à l'acte", défend le président de la région Hauts-de-France. Mais selon lui, ce n'est pas le principal débat : "Il y a un problème plus large, c'est qu'il n'aurait pas dû rester sur le territoire. Il est étranger, on pensait qu'il pouvait présenter un trouble à l'ordre public alors dehors !"
Xavier Bertrand concède toutefois que "c'est plus compliqué que ça". Mohamed M., âgé de 20 ans, est né en Ingouchie, république du Caucase russe. Arrivé en France à l’âge de cinq ans, il a vu sa demande d’asile refusée. Mais il n’était pas expulsable, car il est arrivé en France avant l’âge de 13 ans. C'est pourquoi, un étranger doit être "placé sous contrôle judiciaire dans un centre de rétention administrative", dès lors "qu'on sait qu'ils sont dangereux".
"Pas de résidence surveillée, pas d'assignation à domicile, en rétention administrative"
Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-Franceà franceinfo
Pour cela, "il faut davantage de places" dans les centres de rétention administrative. Le 7 octobre dernier, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que le gouvernement allait "doubler" ce nombre de places pour les porter à "3 000" d'ici à 2027. "Il faut le faire tout de suite", réagit Xavier Bertrand.
Le président de la région Hauts-de-France met en avant une autre difficulté : "Pour expulser quelqu'un, il faut que le pays d'accueil l'accepte" et cela peut durer "longtemps". Ainsi, Xavier Bertrand plaide pour une modification de la loi française qui "fixe aujourd'hui à sept mois la durée maximum de cette rétention administrative". Il souligne que l'Union européenne, dans le cadre de la directive retour, fixe cette durée à 18 mois. Xavier Bertrand souhaite qu'"un nouvel article" allant dans ce sens soit ajouté au projet de loi immigration qui sera examiné au Sénat à partir du 6 novembre.
Or, dans une décision rendue le 9 juin 2011, le Conseil constitutionnel a censuré l'article 56 d'une précédente loi immigration. Le quatrième alinéa de cet article "avait pour effet de permettre de porter à 18 mois la durée de la rétention administrative d'un étranger. Cette mesure était applicable aux étrangers qui ont été condamnés à une peine d'interdiction du territoire pour des actes de terrorisme ou à ceux à l'encontre desquels une mesure d'expulsion a été prononcée pour un comportement lié à des activités à caractère terroriste pénalement constatées", précisaient les "Sages" de la rue de Montpensier. Mais ils ont jugé que "cette prolongation apportait à la liberté individuelle une atteinte contraire à l'article 66 de la Constitution".
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"C'était en 2011, les choses ont évolué", rétorque Xavier Bertrand. Il estime qu'il est possible "d'avoir un dialogue avec le Conseil d'֤État et le Conseil constitutionnel, pour bien comprendre que l'objectif aujourd'hui, c'est de protéger les Français". Toutefois, Xavier Bertrand admet que sa proposition "demande beaucoup de travail". Il faut, poursuit-il "vérifier avec des juristes ce qui est possible et ce qui ne l'est pas". L'élu demande notamment une "définition claire de ce qu'est la radicalisation" car "elle n'est pas portée par la loi".
Xavier Bertrand demande au président de la République de "recevoir l'ensemble des acteurs politiques qui souhaitent apporter des solutions". Il ajoute que "si sa solution n'est pas parfaite", il est "prêt à l'améliorer". Mais quoi qu'il en soit, "il faut renforcer la protection des Français" et arrêter "de se dire, après chaque attentat tragique, qu'on va être intraitables", conclut-il.
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