Résurgence de l'Etat islamique, jeunes radicalisés et sorties de prison : après l'attaque au couteau à Paris, quel est l'état de la menace terroriste en France ?
Armand Rajabpour-Miyandoab, l'assaillant présumé de l'attaque qui a fait un mort et deux blessés, samedi 2 décembre, près de la tour Eiffel à Paris au pont de Bir-Hakeim, est toujours en garde à vue dimanche 3 décembre, tout comme trois de ses proches. L'homme avait déjà été condamné à une peine de 5 ans de prison dont quatre ans ferme. Il était resté en prison de 2016 jusqu'au 25 mars 2020, après avoir été interpellé pour un projet d'attaque à l'arme blanche dans le quartier d'affaires de La Défense.
Cette nouvelle attaque en France s'inscrit dans un contexte particulier : la menace du terrorisme est plus forte depuis plusieurs mois, assure une source au sein des services de renseignement à franceinfo. La particularité de cette attaque, comme celle d'Arras, est qu'à chaque fois, l'auteur était connu de la DGSI, ce qui n'était pas arrivé depuis cinq ans, pour des attentats commis sur notre sol. La guerre entre Israël et le Hamas constitue depuis le 7 octobre un facteur de risque supplémentaire, le soutien à la cause palestinienne pouvant être le moteur d'un passage à l'acte, selon cette même source.
Une résurgence de l'Etat islamique ?
Même si la propagande de l'Etat islamique n'est plus du tout ce qu'elle était en 2015, la DGSI observe un regain d'intérêt pour cette organisation terroriste, surtout chez de jeunes radicalisés. Les aînés semblent s'en être détournés, mais une nouvelle génération est attirée par ce groupe terroriste, et les anciennes vidéos de propagande de l'Etat islamique continuent de circuler sur les réseaux sociaux. On compte un peu plus de 5 000 personnes au FSPRT, le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, dont 1 600 suivis par la DGSI, donc les profils les plus sensibles. Comme l'auteur de l'attaque samedi soir au pont de Bir-Hakeim, 20 % d'entre eux ont des troubles psychiatriques.
Les services de renseignements restent également attentifs aux sorties de prison des détenus condamnés pour terrorisme. Armand Rajabpour-Miyandoab a fait quatre ans de détention et depuis sa sortie de prison il y a trois ans et demi, il était suivi par la DGSI, notamment pour ses activités numériques. On compte actuellement 462 détenus radicalisés, dont une grosse cinquantaine qui sont encore incarcérés durablement, mais qui constituent, pour les services de renseignement, une menace très sérieuse car ils sont susceptibles de faire du prosélytisme en détention.
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