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Affaire Pastor : un meurtre préparé depuis longtemps, mais réalisé dans la précipitation

Le procureur de Marseille a décortiqué vendredi le complot commandité par le gendre de la milliardaire monégasque et organisé par son coach sportif. Francetv info fait le point sur les derniers éléments de l'enquête.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La police enquête sur la scène de la fusillade qui a causé la mort d'Hélène Pastor, devant un hôpital de Nice (Alpes-Maritimes), le 6 mai 2014. (VALERY HACHE / AFP)

Il faisait figure de gendre idéal avant l'assassinat de sa belle-mère. Wojciech Janowski, consul honoraire de Pologne à Monaco, désormais déchu de son titre, a reconnu, jeudi 26 juin, son implication dans le meurtre d'Hélène Pastor. Homme d'affaires discret, versé dans les œuvres caritatives, il devrait être mis en examen vendredi 27 juin.

Wojciech Janowski est soupçonné d'être le principal instigateur de l'assassinat d'Hélène Pastor, mais il n'est pas le seul impliqué dans l'affaire. Les mises en examen de son coach sportif ainsi que deux intermédiaires, l'homme soupçonné d'avoir tiré sur la riche héritière monégasque et son chauffeur, à Nice (Alpes-Maritimes) le 6 mai, devraient aussi intervenir dans la soirée, a annoncé vendredi le procureur de la République de Marseille (Bouches-du-Rhône), Brice Robin.

Selon les derniers éléments connus de l'enquête, ils sont les protagonistes d'un complot meurtrier réfléchi, mais exécuté dans la précipitation.

Les hésitations du gendre

Parlant l'anglais et le français, avec un fort accent d'Europe centrale, en plus du polonais, Wojciech Janowski a tout d'un entrepreneur accompli. Toutefois, il a menti sur ses diplômes : il n'est pas titulaire d'un master en économie de l'université de Cambridge (Angleterre) comme il le prétendait, selon Nice-Matin qui a contacté le célèbre établissement. "Il n'a jamais été enregistré ni comme étudiant, ni comme diplômé de l'université de Cambridge", précise le quotidien régional sur son site vendredi.

En couple avec Sylvia Pastor depuis vingt-huit ans, avec qui il a eu une fille, Wojciech Janowski nourrissait le projet d'assassiner sa belle-mère "depuis longtemps, car il se sentait rejeté par la famille Pastor", selon son coach sportif. Celui-ci a livré ces explications en garde à vue, a précisé le procureur de Marseille. Wojciech Janoswki, lui, a affirmé avoir voulu mettre fin aux souffrances infligées par Hélène Pastor à sa compagne, ce que Sylvia Pastor conteste. Selon les enquêteurs, le gendre aurait tout simplement voulu mettre la main sur l'héritage familiale.

"Le gendre d'Hélène Pastor aurait d'abord cherché des renseignements sur la manière de se procurer une arme", indique Nice-Matin, en citant une source proche du dossier. Puis, se ravisant, il aurait décidé d'élaborer un complot. Selon le quotidien régional, il a ensuite fixé une date butoir. "Cette date, c'était la sortie imminente de l'hôpital du fils de la milliardaire monégasque, Gildo Pallanca Pastor. Fils qui avait été hospitalisé pour un accident vasculaire cérébral à l'hôpital L'Archet de Nice, ajoute Nice-Matin. Il aurait ensuite missionné en ce sens son coach sportif."

L'entremise du coach sportif

Premier mis en examen parmi les sept personnes déferrées, pour complicité de meurtre en bande organisée, le coach sportif est considéré comme "le chef de la logistique, organisateur de ce crime". "Il a tout reconnu", a souligné le procureur.

Pascal Dauriac, 46 ans, travaillait à Monaco et à Saint-Paul-de-Vence. Il n'avait pas d'antécédents judiciaires. Le procureur a précisé qu'il "ne vivait pas dans le luxe", au vu des perquisitions. Selon lui, Wojciech Janowski a reconnu en garde à vue avoir versé 200 000 euros en espèces à son coach. Ce dernier aurait aussi bénéficié de cadeaux, d'une valeur de 50 000 euros.

D'après Nice-Matin, c'est Pascal Dauriac qui a fait entrer "dans le jeu des voyous marseillais par le biais d'un proche". "Les sept hommes ne se connaissaient pas tous", a confirmé le procureur. Selon les enquêteurs, le coach a gardé 50 000 euros pour lui et s'est servi du reste de la somme pour rémunérer d'autres intermédiaires, qui ont à leur tour payé les exécutants.

La précipitation des tueurs

Parmi les autres personnes suspectées d'avoir participé à l'assassinat, il y a un tueur et un guetteur présumés. En garde à vue, le premier a refusé de s'expliquer. Le second a reconnu la totalité des faits. Les enquêteurs ont aussi interrogé un gendarme adjoint volontaire, à qui on a retiré ses fonctions. Il devrait être lui aussi mis en examen vendredi pour complicité pour meurtre en bande organisée après avoir fourni les cartouches du fusil de chasse utilisé par le tireur, selon le procureur. Il aurait lui-même dû tirer sur Hélène Pastor et son chauffeur, mais il s'est désisté au dernier moment.

"L'organisation du meurtre aurait été chamboulée quelques jours auparavant avec le désistement de l'un des membres de l'équipe de tueurs. Un autre aurait alors été trouvé 'au pied levé'", rapporte Nice-Matin. C'est peut-être cette précipitation qui a permis de retrouver la trace des tueurs. Leur équipée niçoise a été filmée de bout en bout par les caméras de surveillance et leurs téléphones portables ont été géolocalisés sur les lieux du crime. L'un d'eux a même laissé son ADN sur un flacon de gel douche dans un hôtel niçois, ont indiqué jeudi des enquêteurs.

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