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Antonio Ferrara, un "as de la belle" devant les assises

Deux mois de procès, une vingtaine d’accusés, pour la spectaculaire opération commando en mars 2003 à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Une attaque au bazooka et à l’explosif au service d’Antonio Ferrara, une figure du grand banditisme…
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C’est un as du braquage de fourgon blindé. "Il avait mis au point une technique imparable pour faire exploser les parois des camions de transport de fond (…) tout le monde voulait s’attacher ses services", écrit l’avocat du milieu Karim Achoui -coaccusé dans ce procès- dans son livre L’avocat à abattre (lire le portrait ci-dessous). Une recette maison. Un savant dosage d’explosifs qui permet de pulvériser les portes du fourgon sans que les billets ne partent en fumée. C’est peut-être ce qui explique la débauche de moyens pour extraire Antonio Ferrara de sa cellule de Fresnes (Val-de-Marne).

Le 12 mars 2003 à 4h15 du matin, un commando d’une demi-douzaine d’hommes lourdement armés attaque une porte arrière de la prison au bazooka (lire notre encadré sur le film de l’évasion). Visage masqué, ils prennent d’assaut l’établissement pénitentiaire en noyant les miradors sous les tirs de Kalachnikov. Ils ouvrent des brèches dans deux murs d’enceintes à coups d’explosifs, pendant que Ferrara fait sauter les barreaux de sa cellule. L’opération est bouclée en moins d’un quart d’heure. Ferrara vient de se faire la belle. Pour la deuxième fois.

"Encore vous ? "

Après quatre mois de cavale entre Paris et la Côte-d’Azur, il est repris le 10 juillet 2003, en compagnie de deux complices, dans un bar du 12ème arrondissement de Paris. "Encore vous ?", lance Ferrara aux policiers venus l’arrêter. Pour remonter la filière des complicités, les enquêteurs partent d’un portable oublié par le fuyard dans sa cellule. Des écoutes téléphoniques, et des recoupements avec d’autres enquêtes en cours en région parisienne, dans lesquelles apparaissent les noms de certains de ses proches.

Outre l’accusé vedette, 21 personnes sont renvoyées devant les assises de Paris pour leur complicité présumée dans l’opération elle-même, sa méticuleuse préparation, ou pour avoir protégé la cavale du fuyard. Parmi elles, un surveillant gradé de la prison, soupçonné d’avoir fourni à Ferrara un pain d’explosif.

Mais aussi le sulfureux avocat du milieu Karim Achoui, soupçonné d’avoir donné transmis du matériel et donné le "top départ" de l’opération. C’est après un parloir-prétexte, la veille de l’évasion, que le stratagème se met en place : à l’issue du parloir, le braqueur refuse la fouille règlementaire, ce qui lui vaut d’être envoyé en quartier disciplinaire, plus accessible depuis l’extérieur de la prison.

Depuis son arrestation en 2003, Antonio Ferrara fait l’objet d’une surveillance toute particulière. Il est détenu à l’isolement à Fleury-Mérogis (Essonne), dans des conditions "en marge de la légalité", selon l’un de ses avocats. Un dispositif de sécurité exceptionnel est également mis en place autour du palais de justice de Paris, pour les deux mois que doit durer ce procès.

L'interpellation et les enjeux du procès, commentés par Brendan Kemmet et Matthieu Suc, journalistes au Parisien et co-auteurs du livre "Antonio Ferrara, le roi de la belle" (le Cherche midi), interrogés par Stéphane Pair.

Gilles Halais avec agences

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