: Vidéo Prison de Condé-sur-Sarthe : près de deux mois après la prise d'otage, "des conditions de sécurité dignes d'un QHS"
Me Benoît David, avocat de cinq détenus de l'établissement, dénonce mardi sur franceinfo sur les conditions de sécurité désormais drastiques dans la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne, après la prise d'otage survenue le 5 mars dans l'établissement.
Alors que la ministre de la Justice Nicole Belloubet doit être entendue mardi 30 avril par la Commission des lois de l'Assemblée au sujet de la prise d'otage survenue le 5 mars dans la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne, Me Benoît David, avocat de cinq détenus de l'établissement, affirme, sur franceinfo, que les conditions de sécurité dans la prison sont désormais "dignes d'un quartier de haute sécurité".
franceinfo : Qu'est-ce qui a changé dans le contrôle des détenus et de leurs proches depuis cette agression ?
Me Benoît David : Elle a été suivie d'une grève de surveillants qui a duré trois semaines, donc avec des conditions dégradées, tant pour l'accès aux activités, au téléphone, les contacts avec les avocats et familles, les problèmes de nourriture etc. Ensuite, lors de la reprise des parloirs avec les familles, celles-ci, sur réquisition du procureur d'Alençon, ont été fouillées corporellement à nu, même les enfants. Vous imaginez la violence de ces faits-là. Les femmes voilées doivent retirer leur voile à la vue et au su de tout le monde, devant des surveillants masculins. Il n'y a donc pas de respect de la liberté de conscience et vous avez, aujourd'hui, des conditions de détention qui ne sont absolument pas revenues à la normale : pas d'accès aux activités, ou très peu et très limités, plus d'accès aux unités de vie familiale, plus d'accès au travail, et la présence permanente d'Eris , les équipes régionales d'intervention et de sécurité, qui sont un corps de surveillants cagoulés et surarmés. Lorsque l'on a porté une action devant le Conseil d'Etat, qui a malheureusement rejeté les requêtes faites par ces détenus, le garde des Sceaux a été mis en demeure d'expliquer pourquoi étaient présentes les équipes régionales d'intervention et de sécurité, qui sont, d'après la Cour européenne des Droits de l'Homme, une atteinte dégradante à la dignité des prisonniers, parce que leur présence est une violence. Donc, vous avez aujourd'hui une prison qui fonctionne exactement comme ce à quoi elle était destinée, à savoir un QHS.
"Quartiers de haute sécurité" qui n'existent plus…
Qui n'existe plus, mais lorsque la prison de Condé a été créée, c'était soi-disant pour des détenus au profil difficile, avec, aujourd'hui, des conditions de sécurité qui sont dignes de ces QHS. Dans le quartier des radicalisés, créé justement pour accueillir les personnes condamnées pour des faits de terrorisme, vous avez aujourd'hui des mesures individualisées. Ils sont menottés à chaque sortie de cellule, et vous avez beaucoup de ces prisonniers-là qui ont été placés à l'isolement sous prétexte, tout simplement, qu'ils ne saluaient pas les surveillants.
C'est la compagne de l'un de ces détenus qui a fait pénétrer un couteau en céramique qui a servi à la prise d'otage de mars. Est-ce que cela ne suffit pas à justifier le renforcement des contrôles à l'entrée de cette prison ?
La loi est déjà claire : lorsque vous avez une fouille, elle doit être, déjà, proportionnée, et la fouille corporelle subsidiaire. C’est-à-dire que, dans un premier temps, vous devez avoir un passage par les portiques de détection, et éventuellement l'utilisation des raquettes de détection. Eventuellement, ensuite, une palpation. Il y a peut-être eu, effectivement, une défaillance à la fois au niveau du renseignement pénitentiaire, qui a été vendu comme étant la grande avancée en matière de renseignement et manifestement montre son échec, et effectivement, aussi, peut-être un contrôle qui n'a pas été fait comme il aurait dû être fait à l'entrée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.