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Pourquoi les œuvres sociales de la police font scandale

Les comptes de l'association qui les gère est dans le rouge, tandis que son ancien président a été mis en examen en février. 

Article rédigé par franceinfo
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L'ancien secrétaire général de l'Unsa-police, Jo Masanet, au moment de quitter ce poste, le 27 février 2008.  (ALAIN JULIEN / AFP)

Dans un climat tendu, l’Association nationale d’action sociale (Anas) des agents de la police nationale et du ministère de l’Intérieur a entamé, mercredi 27 mai, son conseil d'administration. L'Association présente un déficit de plus de 1,1 million d'euros pour l'exercice 2014, a révélé Le Monde (article payant), mardi. "Une augmentation de 283 % par rapport au déficit de 287 000 euros en 2013", a calculé le quotidien. 

Cette débâcle financière survient dans un contexte particulier : l'Anas, structure fondée en 1949 et gérant notamment des centres de vacances ainsi qu'une structure d'accueil pour policiers en détresse, est visée par une vaste enquête financière. Plusieurs dirigeants et cadres de l'association, dont son ancien président, l'ancien syndicaliste Joaquin Masanet, dit "Jo", ont été mis en examen, pour "trafic d’influence", "faux et usage de faux" et "abus de confiance aggravé". 

Des notes de frais suspectes ?

"L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) épluche chaque note de frais [des] dirigeants [de l'Anas], chaque facture émise par l'association, comme chaque don ou legs reçu", détaille Le Canard enchaîné, dans son édition de mercredi. 

Selon l'hebdomadaire, "Jo" Masanet "se faisait rembourser des frais imaginaires", en faisant produire de fausses factures par des amis restaurateurs, en échange de services rendus. Les magistrats estiment que 60 000 euros ont ainsi été détournés, révèle Le Canard, ajoutant que l'intéressé nie fermement les faits. "Les notes que le président présentait au service comptabilité (…) ne souffraient aucun contrôle ou contestation", constate pour sa part un rapport de l’IGPN daté du 17 février et consulté par Le Monde. 

Selon ce document de la "police des polices, Jo Masanet "a bénéficié d’avances de frais – 17 550 euros depuis 2009, dont 12 150 euros n’ont toujours pas été remboursés", poursuit le quotidien. 

Des factures gonflées ?

L'homme à la tête de l'Anas est soupçonné par les enquêteurs d'avoir surfacturé des prestations, comme la construction d'une piscine couverte au centre de vacances des Moutiers-en-Retz (Loire-Atlantique), pour un montant prévu d'approximativement 700 000 euros. "La facture finale réglée par l'Anas a atteint les 990 000 euros," indiquait Le Parisien au mois de février. "Le commissaire aux comptes de l'association a signalé les faits au procureur de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire en décembre 2014", continuait le quotidien, se faisant l'écho d'un chèque de 14 000 euros versés à Joaquin Masanet par une entreprise participant au chantier. Selon les révélations du Canard enchaîné, l'architecte mandaté par l'association pour estimer le coût réel des travaux a estimé qu'ils auraient dû s'élever à 380 000 euros. 

L'intéressé se défend de toute surfacturation, assurant par la voix de son avocate avoir été victime d'une escroquerie. "Une procédure civile contre les sociétés intervenantes a été engagée et, sans doute, une procédure pénale va suivre", indiquait cette dernière, citée par Le Parisien.

Un train de vie excessif ?

Dans son rapport rendu en février, l'IGPN épingle le train de vie de l'ensemble des membres du bureau national de l'Anas : "Outre un détachement à temps complet, ils bénéficiaient d'une voiture de fonction, carburant inclus, du défraiement d'abonnement de téléphone et, pour ceux qui demeuraient en province, une prise en charge de l'hébergement la semaine et des frais de transport pour rentrer dans leurs foyers, le week-end", rapporte Le Canard enchaîné. 

Selon Le Parisien, l'ancien président de l'Anas a plus précisément bénéficié de versements suspects : "Des dépôts en liquide d'un montant de 120 000 euros et de près de 95 000 euros en chèques sur son compte, écrivait le quotidien en février. Des montants formellement contestés par son avocate." Au cours de sa garde à vue, Joaquin Masanet avait justifié ces rentrées d'argent par des gains au PMU.

Pour l'avocate, son client est la "victime collatérale d'un règlement de comptes visant initialement Bernard Petit, le patron de la PJ parisienne", a-t-elle plaidé lors d'une interview au ParisienCe dernier, soupçonné de violation du secret de l'instruction, a été mis en examen début février, avec Joaquin Masanet et plusieurs autres hauts cadres de la PJ parisienne, permettant aux enquêteurs de l'IGPS de découvrir cette "affaire dans l'affaire". 

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