Quel rôle Abdelkader Merah a-t-il joué dans les tueries du Sud-Ouest ?
Le frère aîné du "tueur au scooter" a été mis en examen et écroué, notamment pour "complicité d'assassinats". Il se considère comme un "bouc émissaire".
Mohamed Merah, le "tueur au scooter", n'a sûrement pas agi seul. Son frère Abdelkader, 29 ans, a été mis en examen et écroué dimanche 25 mars pour "complicité d'assassinats", "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme" et "vol en réunion". Des "indices graves ou concordants" l'accusent, explique le parquet de Paris. Le grand frère de Mohamed Merah risque la perpétuité.
Il a passé 96 heures en garde-à-vue et a été entendu toute la journée de dimanche au Palais de justice de Paris. Il nie avoir aidé son cadet, condamne ses actes et refuse de devenir un "bouc-émissaire". Mais les enquêteurs le soupçonnent d'avoir été un soutien logistique, voire un complice de Mohamed Merah, l'auteur des fusillades de Toulouse et Montauban qui ont fait sept victimes en huit jours. La compagne d'Abdelkader Merah est, elle, ressortie libre.
Voici les éléments qui nourrissent les soupçons des autorités à l'encontre du grand frère du tueur.
• Le scooter
Les enquêteurs ont établi qu'Abdelkader Merah était présent le 6 mars lors du vol du scooter utilisé par Mohamed pour perpétrer les sept meurtres. Il a, de plus, reconnu l'avoir accompagné chez un concessionnaire Yamaha où il était client, afin d'apprendre comment désactiver le système de géolocalisation du deux-roues.
L'examen du contenu des ordinateurs de l'aîné des frères Merah n'a pour l'heure rien révélé de probant et, contrairement à ce qui avait été annoncé, la perquisition de son domicile n'a mis au jour ni arme, ni explosif.
• Le téléphone portable
Selon LeParisien.fr, l'expertise du téléphone portable d'Abdelkader Merah révèle que l'appareil a été géolocalisé près de l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse, le lundi 19 mars au matin, jour de la fusillade qui a tué trois enfants et un professeur de l'établissement.
Les deux frères auraient par ailleurs dîné ensemble la veille au soir, pendant plus de trois heures. Selon une source policière, l'aîné a également fait, pour le compte de son frère, des achats, dont il reste à déterminer la nature.
• L'influence
Lors de ses échanges avec le Raid, Mohamed Merah avait nié l'influence de son aîné. Il s'était présenté comme un "autodidacte de l'islam" qui a lu le Coran "seul en prison", selon les enquêteurs.
Selon un compagnon de cellule de Mohamed Merah, cité par le JDD sous couvert d'anonymat, c'est au contraire "lui qui a conditionné Mohamed". "Quand son frère venait au parloir, (Mohamed) baissait la tête et l'écoutait (...) C'est lui qui a pris le commandement de la famille", juge-t-il. Il était connu des autorités pour ses positions islamistes radicales. "Abdelkader c'est la clef de Mohamed", a confié un haut gradé à RTL.
Au cours de son audition par les enquêteurs, le grand frère du tueur se serait dit "fier" des actes de Mohamed Merah, selon des policiers. Mais l'avocate du mis en examen a nié cette déclaration, affirmant que son client "condamne les actes de son frère".
L'information judiciaire est ouverte pour "toute autre personne", la justice se laisse donc la possibilité de chercher d'autres complices éventuels.
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