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INFO FRANCETV INFO. Latifa Ibn Ziaten, la mère d'une victime de Mohamed Merah, va porter plainte contre l'Etat

Après la condamnation de l'Etat obtenue par le père d'Abel Chennouf, Latifa Ibn Ziaten veut elle aussi porter plainte. Pour "que les choses changent", explique-t-elle.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Latifa Ibn Ziaten, mère d'Imad Ibn Ziaten, le premier militaire tué par Mohamed Merah en mars 2012. (JOEL SAGET / AFP)

Plus de quatre ans après le drame qui a fait basculer sa vie, Latifa Ibn Ziaten veut solder un compte. La mère d'Imad Ibn Ziaten, militaire français tué le 11 mars 2012 à Toulouse (Haute-Garonne) par Mohamed Merah, compte à son tour porter plainte contre l'Etat, annonce-t-elle mardi 12 juillet à francetv info. Elle veut ainsi imiter la démarche d'Albert Chennouf Meyer, le père d'un autre soldat assassiné par "le tueur au scooter". Lequel a obtenu la condamnation de la puissance publique par le tribunal administratif de Nîmes.

"Je soutiens entièrement Monsieur Chennouf, réagit Latifa Ibn Ziaten, contactée par francetv info. Pour nous, c'est très important, parce que notre fils a été la première victime de Mohamed Merah." Elle estime surtout que les services de l'Etat n'ont pas été à la hauteur lors du drame. "On était victimes, et on s'est retrouvés soupçonnés, avec des auditions séparées, y compris les enfants, et des enquêtes sur nous. Pendant quatre jours, on a été tout seuls contre tout le monde."

"Personne ne m'a écoutée"

Le 15 mars 2012, quatre jours après la mort d'Imad Ibn Ziaten, Mohamed Merah tue Abel Chennouf. "Personne ne nous a prévenus qu'il y avait eu cette attaque, et que c'était le même tueur que celui d'Imad, personne ! se lamente encore Latifa. L'Etat a une grande responsabilité, mais surtout parce que Merah aurait dû être surveillé, comme l'a dit le tribunal de Nîmes."

Dans la décision favorable au père d'Abel Chennouf, la justice estime en effet que les services de renseignement ont commis une faute en interrompant la surveillance de Mohamed Merah en novembre 2011, après une audition de l'intéressé. L'objectif de la plainte que ses avocats doivent bientôt déposer est de pousser les services publics à assumer leurs responsabilités : "L'Etat doit changer des choses, estime Latifa Ibn Ziaten. "Moi j'ai dit pendant des années que des Merah, il y en a d'autres, et qu'il y en a partout, rappelle celle qui arpente les cités et les prisons françaises depuis des années. Personne ne m'a écoutée."

"Il faut que la France aide les jeunes à croire en l'avenir"

Mais plus qu'une refonte des services de renseignements et un renforcement de la lutte contre le terrorisme, cette mère de famille estime que l'effort doit surtout concerner une plus grande prise en compte de la jeunesse : "Il faut écouter les jeunes, leur donner leur chance et ouvrir les ghettos où ils sont enfermés et mis de côté. Il faut qu'ils aiment la France, mais pour ça il faut leur donner envie de l'aimer, qu'elle les aide à croire en l'avenir."

Bien qu'elle dise "n'avoir aucun problème avec ce gouvernement qui [l]'a soutenue, pas comme celui qui était là en 2012", elle estime qu'"on ne peut pas laisser les choses continuer comme ça. Mon fils est mort debout, il a refusé de se mettre à plat ventre devant Merah, je veux prolonger ce courage".

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