Affaire Merah : de nouveaux ratés dans l'enquête ?
Le quotidien "Libération" assure que les policiers auraient pu mettre la main sur Mohamed Merah avant la tuerie dans l'école juive de Toulouse, le 19 mars 2012.
AFFAIRE MERAH – La police était-elle en mesure d'empêcher la tuerie dans l'école juive Ozar-Hatorah, à Toulouse, perpétrée le 19 mars 2012 par Mohamed Merah ? Le quotidien Libération assure que oui, dans son édition du mardi 2 octobre (article payant), en s'appuyant sur des documents de l'enquête criminelle.
Selon le journal, le nom de la famille Merah apparaît à plusieurs reprises entre le meurtre des trois militaires (à Toulouse le 11 mars et à Montauban le 15 mars) et l'attaque dans l'école juive toulousaine, dans laquelle un professeur et trois enfants ont été tués.
Premier indice : la famille Merah identifiée par la DCRI
Le 16 mars au soir, après les meurtres de militaires, les services de renseignements toulousains transmettent à la Direction centrale du renseignement intérieur, à Paris, une liste "d'une dizaine d'objectifs", affirme Libération.
Dans cette liste figurent des personnes liées à l'extrême droite radicale, mais aussi des profils liés à l'islam radical, dont la famille Merah. Selon Libération, Abdelkader et Mohamed Merah "figurent en bonne place dans la liste des suspects potentiels que la DRRI de Toulouse communique à la PJ locale", chargée de l'enquête.
Deuxième indice : les listings de connexions sur LeBonCoin.fr
Un autre élément aurait pu mettre la puce à l'oreille des enquêteurs puisque le 17 mars, le nom de la mère de Mohamed Merah, Zoulikha Aziri, apparaît sur les relevés des connexions sur le site LeBonCoin.fr, grâce auquel Merah a donné rendez-vous à l'un des militaires tués.
Le nom de Zoulikha Aziri fait partie d'une liste de huit noms de propriétaires d'abonnements internet qui se sont connectés avec le mot-clé "militaire" sur la petite annonce d'Imad Ibn Ziaten, la première victime, qui vendait sa moto. Sur ces huit internautes, seulement trois résident en Haute-Garonne, ce qui laisse penser que l'identification de la famille Merah aurait pu être vérifiée facilement. Mais la PJ ne fait pas le rapprochement.
Pourquoi ces indices n'ont pas permis d'arrêter Merah
Au départ de l'enquête sur les militaires, la PJ de Toulouse et la sous-direction antiterroriste de la PJ de Paris (Sdat) privilégient l'hypothèse d'un règlement de comptes, croit savoir Libération. Le journal rapporte que Bernard Squarcini, alors patron de la DCRI, regrette que la procureure de Montauban, qui écartait la piste politique, "n'ait pas jugé utile" de l'associer à l'enquête.
Selon Bernard Squarcini, ses services n'auraient été mis à contribution que tardivement, à partir du 18 mars à 14 heures, soit la veille de la tuerie, pour comparer des fichiers. Dans un premier temps, la Sdat aurait fourni à la DCRI cinq fichiers à passer au crible. Puis, seulement dans un second temps, la liste des adresses informatiques à vérifier. Lorsque la DCRI transmet les noms de la mère de Mohamed Merah et d'Abdelkader Merah à la Sdat, il est 20 heures. Moins de douze heures plus tard a lieu la tuerie de l'école juive.
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