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Témoignage Julian Assange "n'a plus beaucoup de temps, nous devons le libérer", dit sa femme Stella Morris à franceinfo

Depuis dix ans, le lanceur d'alerte à l'origine de Wikileaks, Julian Assange, n'est plus libre de ses mouvements. D'abord réfugié pendant sept ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres, il est détenu depuis trois ans à la prison de Belmarsh, au Royaume-Uni.
Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Paola Guzzo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Stella Assange à Londres (Royaume-Uni) le 25 octobre 2021. (DANIEL LEAL / AFP)

"Les conditions de détention sont très dures, sa santé ne fait que décliner", témoigne la femme (et ex-avocate) de Julian Assange, Stella Morris. Elle est en France à l'occasion des Rencontres annuelles des lanceurs d'alerte, dont la septième édition se tient à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). franceinfo l'a rencontrée.

franceinfo : Comment va Julian Assange aujourd’hui ?  

Stella Morris : Il est dans la prison de haute sécurité de Belmarsh depuis le 11 avril 2019, quand il a été arrêté à la sortie de l’ambassade d'Equateur, et sa santé n’a fait que décliner depuis ce jour. Les conditions de détention sont très dures. Il a eu une mini crise cardiaque en octobre l’année dernière. Et c’est bien sûr très difficile pour lui d’être en isolement. Il ne purge aucune peine, il est là parce que les Etats-Unis veulent son extradition parce qu’il a fait son travail.  

Où en êtes-vous, dans le combat pour son extradition ? 

Julian a fait appel de la décision du gouvernement britannique, qui a accepté son extradition. Depuis cette décision de janvier 2021, nous avons découvert qu'il y avait eu des plans pour assassiner Julian dans l’ambassade, pour le kidnapper etc., lorsque Mike Pompeo était à la tête de la CIA. Donc nous défendons le fait que Julian ne peut pas être extradé vers le pays qui a tenté de prévoir son assassinat. 

Nous ne savons même pas s’il pourra faire appel. Il peut aussi tenter de faire appel auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme, mais le Royaume-Uni est en train de se dégager de ses obligations auprès de cette Cour.  

"Ma plus grande peur est que Julian ne survive pas à cette procédure. S’il est extradé il sera mis en isolation extrême aux Etats-Unis, mais il est en danger même en ce moment. Nous avons des enfants en bas âge, il devrait être à la maison, il devrait être libre."

Stella Morris

à franceinfo

Pensez-vous qu’aujourd’hui la situation a changé, que les révélations des lanceurs d’alerte sont accueillies différemment ?  

Quand Wikileaks a publié les fichiers sur l’Irak, l’Afghanistan, Guantanamo Bay et les liens diplomatique, raison pour laquelle Julian risque une peine de 175 ans de prison, la presse était bien plus protégée. Il y a eu une détérioration générale de la liberté de la presse parce que s’ils peuvent le faire à Julian Assange, ils peuvent le faire à n’importe qui. Ils criminalisent l’activité journalistique, le droit du public à savoir la vérité… Et ça a un véritable effet dissuasif : le New York Times, le Washington Post, le Guardian ont déjà dit que cette affaire était une menace à la liberté de la presse. Quand ils recevront une information importante, ils ne la publieront pas à cause de ce qui arrive à Julian.  

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Comment voyez-vous les semaines qui viennent ? 

C’est compliqué, mais je sais que Julian n’a plus beaucoup de temps, nous devons le libérer et c’est ce qui motive chacun de mes actes. Et la prise de conscience est de plus en plus forte. La prise de conscience doit être plus forte que les forces qui essaient de le réduire au silence et de le garder en prison. 

La France a toujours été incroyablement importante. En fait, Julian a codé Wikileaks depuis la France, il était basé ici pendant des années. La France est un des pays qui respectent le plus les droits de l’homme. 

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