Affaire Woerth-Bettencourt : l'enquête du procureur Courroye sur la juge Prevost-Desprez annulée
Décidément, Philippe Courroye, le procureur de la République de Nanterre, n'a pas la “barraka” judiciaire ces derniers temps. Après le camouflet de l'Angolagate (lire notre article), la cour d'appel de Bordeaux lui inflige un sévère retour de bâton. Le journal Le Monde révèle que l'enquête qu'il avait lancée contre sa collègue Isabelle Prévost-Desprez pour violation du secret professionnel a été invalidée, car “entachée d'illégalité”, écrit le quotidien.
Et c'est justement à cause de la trop grande curiosité de Philippe Courroye pour le travail de certains des journalistes du Monde qui lui vaut ce coup dur. Cet épisode est en fait l'une des “boutures” de l'affaire Woerth-Bettencourt, très fertile en procédures judiciaires. Une véritable guerre de magistrats a enflammé le palais de Justice de Nanterre, entre le procureur Courroye et la juge Prévost-Desprez, qui enquêtait sur certains volets de l'affaire. Pour “coincer” sa consœur, Philippe Courroye s'est procuré les “fadets”, les facturations téléphoniques, de deux journalistes du Monde, tant sur leurs téléphones professionnels que privés. Il y a relevé plusieurs communications entre la juge et les journalistes. Le procureur avait demandé le dessaisissement de la juge. Cette ambiance a provoqué le dépaysement de l'affaire à Bordeaux.
La cour d'appel de Bordeaux a rappelé que l'accord des deux journalistes n'a jamais été sollicité pour éplucher leurs communications téléphoniques, ce qui est pourtant obligatoire. Toutes les pièces visant Isabelle Prévost-Desprez ont donc été annulées.
_ Par ailleurs, dans ce volet de l'affaire, Le Monde a porté plainte pour “violation du secret des sources” des journalistes. Les ennuis pourraient bien continuer pour Philippe Courroye.
Grégoire Lecalot, avec agences
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