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Affaire Laëtitia : critiqués par Sarkozy, policiers et magistrats haussent le ton

Au lendemain des propos de Nicolas Sarkozy sur les {"dysfonctionnements"} de la police et de la justice dans l'affaire Laëtitia, la colère des magistrats et des policiers ne retombe pas. L'Union Syndicale de la Magistrature appelle à la suspension des audiences partout en France jusqu'au 10 février, suivant ainsi l'exemple des magistrats nantais. Deux importants syndicats de police s'insurgent de servir de {"boucs émissaires"}.
Article rédigé par franceinfo
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Ils arborent un badge "vos droits en danger, magistrats mobilisés". Depuis ce matin, les magistrats du tribunal de Nantes expliquent aux justiciables pourquoi ils ont décidé de suspendre toutes les audiences cette semaine. Directement visés par les déclarations de Nicolas Sarkozy, ils témoignent ainsi de leur colère. Le tribunal tourne au ralenti. Seules ont lieu les audiences urgentes, impliquant des détenus.

Une mobilisation qui prend désormais une ampleur nationale. L'Union syndicale des magistrats, majoritaire dans la profession, vient d'appeler au report de toutes les audiences en France jusqu'au 10 février, date de la journée de mobilisation nationale. Le Syndicat de la Magistrature, deuxième organisation de la profession, s'associe également à cette action.
_ De son côté, la conférence des Premiers présidents de cour
d'appel exprime sa "vive préoccupation".

Nicolas Sarkozy a cédé à "l'émoi événementiel"

Et la justice n'est pas la seule à témoigner de son indignation. Les policiers, aussi, sont montés au créneau. Le Snop, syndicat majoritaire chez les officiers de police, et Unité SGP-FO, premier syndicat des gardiens de la paix, ont publié à la mi-journée un communiqué pour accuser Nicolas Sarkozy d'avoir cédé à l'"émoi événementiel" . Selon le Snop, le président a "condamné hâtivement policiers et magistrats
de Nantes, réclamant des têtes avant même que soient rendues les conclusions
des inspections". Unité Police SGP-FO dénonce de son côté cette
"mode qui consiste à rechercher à l'occasion d'événements médiatisés, pour satisfaire l'opinion publique, la responsabilité des serviteurs de l'Etat".

"Il y a un manque de moyens"

En visite hier à Orléans, Nicolas Sarkozy était revenu sur le meurtre de Laëtitia, une jeune femme de 18 ans tuée à Pornic : "Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable
sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute.
Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés, c'est la
règle" avait affirmé le chef de l'Etat. Le principal suspect, Tony Meilhon, était en effet soumis à une mise à l’épreuve lorsque le crime a été commis.

Il y a eu "un dysfonctionnement" du suivi de Tony Meilhon, reconnaît Jacky Coulon, secrétaire de l'USM pour la Loire-Atlantique, comme de centaines d'autres dossiers "dans la mesure où il y a un manque de moyens". Il n'y a que trois juges d'application des peines à Nantes et 17 agents de probation pour suivre 3.300 détenus.

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