Affaire Kerviel : selon une enquêtrice, la Société générale savait
L'affaire Kerviel pourrait rebondir. Jerome Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale, a été jugé coupable en appel d'avoir fait perdre cinq milliards d'euros à son employeur, la banque Société Générale, en 2008. Mais ce lundi Mediapart publie un témoignage : celui de l'enquêtrice en charge de cette affaire. Elle assure que la banque était au courant des agissements du trader.
Et ce n’est pas le témoignage d’une simple policière. Nathalie est la commandante de police qui était en charge de l'enquête sur l'affaire Kerviel à deux reprises. C'est donc un témoin clef. Au début de l'affaire en 2008, son enquête accable d'abord Jerome Kerviel, considéré comme le seul responsable de la perte de cinq milliards d'euros. Il est condamné en première instance mais porte plainte pour escroquerie au jugement.
Nathalie Le Roy écope à nouveau de l'enquête et elle commence à douter. "J'ai eu le sentiment puis la certitude ", dit-elle, "que la hiérarchie ne pouvait ignorer les positions prises par Jérôme Kerviel ". Ces mots, elle les prononce le mois dernier, début avril dans le bureau de Roger Le Loire, le juge qui mène l'instruction après la plainte de Kerviel.
Tête de mort
Selon Mediapart, Nathalie Le Roy y détaille par exemple le témoignage d’un ancien salarié qui explique que les risques pris par Jérôme Kerviel étaient connus.Il dit avoir envoyé un mail dès 2007 à plusieurs responsables avec une tête de mort pour les alerter. Nathalie Le Roy assure que la Société Générale a orienté l'enquête depuis le début. La justice va-t-elle rouvrir le dossier ? La question s'était déjà posée au moment du procès et du procès en appel du trader. Cette nouvelle audition pourrait rebattre les cartes.
L'auteure de l'article, Martine Orange, raconte comment la Société générale a pris en main l'enquête. Nathalie Le Roy "explique qu'elle a débarqué dans un monde qui lui est totalement inconnu, celui du monde bancaire qui est très compliqué ". La Société générale "se met à sa disposition ", selon la journaliste de Mediapart. La banque a tout préparé, "les boîtes mails qui peuvent être saisies, les témoins, les ordniateurs qu'elle peut prendre ". Tout est donc "encadré ".
La Société générale "s'étonne"
La Société générale "s'étonne " lundi de ces révélations. La banque, condamnée en 2008 par la commission bancaire à une amende de 4 millions d'euros pour défaut de contrôle, a reconnu des "défaillances " --qu'elle dit avoir réparées-- dans son système au moment des faits mais a toujours nié avoir fait preuve de négligence fautive.
L'affaire liée aux agissements frauduleux de Jérôme Kerviel remonte maintenant à plus de sept ans et a fait l'objet de plusieurs décisions de justice qui ont toutes reconnu la culpabilité pénale exclusive de Jérôme Kerviel ", écrit lundi la banque dans un communiqué. La "Société générale qui n'a pas accès à ce dossier judiciaire d'où seraient extraites les déclarations du policier rappelle qu'elle a elle-même déposé deux plaintes pour dénonciation calomnieuse pour répondre aux deux plaintes déposées par Jérôme Kerviel ".
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