Estelle Mouzin : les aveux de Michel Fourniret "paraissent crédibles", selon un spécialiste des tueurs en série, car il "dit la vérité dans 95% des cas"
Michel Fourniret a reconnu samedi 7 mars son implication dans le meurtre d'Estelle Mouzin. Mais ces avoeux sont-ils crédibles ? Pour Stéphane Bourgoin, écrivain, spécialiste des tueurs en série et auteur du livre L’Ogre des Ardennes : les derniers secrets de Michel Fourniret, c'est tout à fait plausible.
"Ces aveux me paraîssent effectivement crédibles", a estimé samedi 7 mars sur franceinfo Stéphane Bourgoin, écrivain, spécialiste des tueurs en série et auteur du livre L’Ogre des Ardennes : les derniers secrets de Michel Fourniret. Le tueur en série a reconnu le meurtre d'Estelle Mouzin, en tout cas "sa participation aux faits" a confirmé le parquet de Paris samedi. Des vérifications seront cependant nécessaires pour vérifier la véracité de ses déclarations.
franceinfo : Dans quelle mesure peut-on se fier aux déclarations de Michel Fourniret ?
Stéphane Bourgoin : Ces aveux me paraîssent effectivement crédibles. Lorsque Michel Fourniret avoue, dans plus de 95% des cas, il dit la vérité. Il ne cache jamais même les détails les plus sordides de ces crimes. Lorsqu'il avoue, ce n'est jamais de manière spontanée : c'est d'abord Monique Olivier - son ex-femme - qui avoue l'implication du couple ou du tueur en solitaire, puis Michel Fourniret va confirmer ces aveux. On est confronté à la personnalité d'un psychopathe, qui sait qu'il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sans aucune possibilité de libération conditionnelle. Il sait très bien qu'il ne sortira plus jamais de prison. Donc sa "jouissance", c'est de manipuler, de montrer que même s'il ne sortira jamais de la prison d'Ensisheim (Haut-Rhin), c'est lui qui reste le maître du jeu et qui garde tous les atouts en main.
Donc son idée, d'après vous, ce serait de garder quelques "atouts dans la manche", notamment l'endroit où il(s) aurai(en)t enterré le corps d'Estelle Mouzin ?
Oui, tout à fait. Parfois, il a donné des indications sur certains de ses crimes. Il a avoué le meurtre de Farida Hamiche il y a quelques mois, il a été condamné pour ce crime, mais on n'a jamais retrouvé le corps. Il en va de même pour le meurtre de Marie-Angèle Domèce (ndlr : disparue en 1988).
Dès 2008, lors du procès de Charleville-Mézières, il fait un dessin, un auto-portrait de son procès, où dans un nuage, on peut lire les noms de Domèce, Parrish... et Mouzin
Stéphane Bourgoin, auteur du livre "L'Ogre des Ardennes : les derniers secrets de Michel Fourniretsur franceinfo
En 2018 et 2019, il reconnaît par des courriers son implication, en creux, dans la disparition de ces trois femmes. Pourquoi le fait-il à ce moment là ? Parce que tous les médias parlent de Nordahl Lelandais, du meurtre de la petite Maëlys et du caporal Arthur Noyer. Dès la fin de son procès, en 2008, je disais qu'un jour ou l'autre, Michel Fourniret se manifesterait à nouveau pour revenir au centre de l'actualité et des projecteurs.
C'est ça qui l'intéresse, en fait, de rester au centre de l'actualité ?
Oui, tout à fait. C'est quelqu'un qui est totalement égocentré. Depuis son incarcération en 2008, il ne quitte quasiment jamais sa cellule de la prison d'Ensisheim. Il emprunte à la bibliothèque de l'établissement tous les classiques de la littérature française pour les réécrire de son écriture "pattes de mouche" pour en corriger les fautes de style et les fautes d'orthographe : voilà quelle est la personnalité d'un Michel Fourniret.
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