"Cette histoire abjecte les a transcendés" : Pat Perna, scénariste de la BD "Grégory", salue la "force de résilience" des époux Vuillemin
"On a cette image d'eux qui est figée pour l'éternité. Eux, comme leur enfant, sont restés les mêmes", raconte Pat Perna, scénariste du roman graphique Grégory (Les Arènes), jeudi 3 octobre sur France Inter. Il raconte la mort de Grégory Villemin, cet enfant de 4 ans tué et retrouvé dans la Vologne en 1984. Un meurtre jamais élucidé qui fascine la France depuis 40 ans. Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, signe la préface de l'ouvrage consacré à l'affaire qui est toujours en instruction. "Un père encore sous le choc, 40 ans après", témoigne Pat Perna, qui raconte sans rien occulter, les sombres coulisses du drame qui a bouleversé sa vie et celle de sa femme.
La mère de l'enfant, Christine Villemin, "a voulu se tenir le plus loin possible de ce livre", souligne le scénariste. Quand elle a l'a lu, "j'ai vu son regard tout à coup vaciller, et puis elle a pleuré, raconte-t-il. Et Jean-Marie était là pour la consoler, comme il l'est à chaque fois, puisque ce qui les unit, c'est cette force incroyable d'amour". La "force de résilience" du couple Villemin "est liée à cet amour incroyable qui fascine tous ceux qui les côtoient", ajoute-t-il. "Non seulement ils sont restés unis, mais ça les a encore plus soudés. Cette histoire abjecte, qui aurait tué la moitié d'entre nous, les a transcendés."
Les époux Vuillemin ne sont pas apparus à la télévision depuis trente ans et vivent désormais loin de Lépanges-sur-Vologne. "Christine, sa plus grande victoire, c'est de pouvoir sortir, prendre les transports en commun, aller travailler, aller prendre un café, sans qu'on la reconnaisse". Dans la préface, Jean-Marie Villemin rend hommage à sa femme, inculpée par un juge d'instruction, puis mise hors de cause par un deuxième juge. "Lui n'a jamais douté d'elle, et elle l'a toujours soutenu, quoi qu'il fasse", raconte Pat Perna, alors que Jean-Marie Villemin a été condamné en 1993 à cinq ans de prison pour le meurtre en 1985 de son cousin Bernard Laroche, dont il reste convaincu qu'il est l'assassin de Grégory.
"Jean-Marie Villemin ne lâchera jamais. Jamais un centimètre, jamais un pouce. Sa vie est un combat, son combat, c'est d'avoir la vérité", explique Pat Perna. Selon lui, le père de Grégory est convaincu qu'aucun des témoins de l'époque encore en vie ne parlera. "Les gens sont murés dans leur silence, dans leur haine."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.