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Reportage "On s'est fait tirer dessus pour rien" : après les émeutes, des habitants de Mont-Saint-Martin racontent l'intervention du Raid, durant laquelle un jeune est tombé dans le coma

Aimène, 25 ans, souffre d'un œdème cérébral. Le parquet soupçonne que la blessure est due à un tir de "Bean Bag", une arme utilisée par le Raid. L’unité d'élite de la police nationale a, selon plusieurs témoins, visé de nombreux habitants.
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Aimène est un agent de scéurité de 25 ans. Il est plongé dans le coma depuis la nuit du  29 au 30 juin en raison d'un œdème cérébral, sans doute provoqé par un tir de "Bean Bag" à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle). (VALENTIN DUNATE / RADIO FRANCE)

Aimène, un agent de sécurité de 25 ans, est dans le coma depuis six jours. Il souffre d’un œdème cérébral, possiblement causé par un tir de "Bean Bag", ce projectile en sachet contenant des billes utilisées par le Raid. Les faits remontent à la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle). La veille, il y a des affrontements avec les forces de l'ordre, liés à la mort de Nahel le 27 juin à Nanterre.

>> Meurthe-et-Moselle : un jeune homme dans le coma, la piste d'un tir du Raid privilégiée

La commune de 10 000 habitants, frontalière de la Belgique et du Luxembourg, voit alors une dizaine de véhicules et un établissement pour autiste incendiés, d'où l'intervention de ces onze agents du Raid. 

"Il y avait des hautes herbes. On ne les voyait même pas dans le noir, raconte un jeune homme. Ils se sont levés d’un coup. J’ai vu une silhouette. Il a tiré un coup de flash-ball vers moi. Il a allumé direct sans parler, sans prévenir." "Ils ne prévenaient pas, confirme un autre. Ils étaient cachés dans les buissons. Des fois, ils tiraient sans qu’on ne les voie".

"À chaque fois qu’ils se levaient, c’était pour tirer."

Un jeune homme de Mont-Saint-Martin

à franceinfo

Vers une heure du matin, à l'heure où Aimène est touché à la tête, ce témoin de 18 ans raccompagnait un jeune du quartier de trois ans son cadet. "Je vais pour monter la côte. De là où on était, on ne voyait personne. Il n’y avait pas d’émeutes. On passe. Le petit se fait tirer dessus dans le dos, raconte-t-il. Il a encore un gros hématome". Il l'assure : c’est le Raid qui a tiré. "Au début, je ne savais pas que c’étaient eux, mais après, ils sont venus et derrière, c’était marqué. L’arme, c’était comme un fusil à pompes. Un gros truc qui tirait des sachets avec des plombs ou des bouts de métal, je ne sais pas exactement..." 

Des versions qui divergent

Ces armes et ces munitions du Raid, davantage employées pour maîtriser un forcené, ont fait plusieurs blessés : au moins deux, selon le parquet ; plutôt cinq ou six, selon ces témoins. "Je suis passé avec un ami en voiture, on s’est fait tirer dessus. Des amis de ma mère marchaient dehors, ils cherchaient leur enfant dans la rue. Le mari de la meilleure amie de ma mère s’est fait tirer dessus, comme ça... Son coude est gonflé. Ça faisait mal ce qu’ils tiraient", raconte un homme. 

De leurs côtés, les agents du Raid disent avoir été la cible pendant plusieurs heures de tirs de mortiers d'artifice et de jets de pierres, envoyés notamment depuis des voitures. Une version que réfutent ces habitants du quartier Val-Saint-Martin qui affirment que cette nuit-là était très calme : "Ça, c’était calmé quand le Raid est arrivé, il n’y avait pas un feu de poubelles, rien. Et ils se sont fait tirer dessus pour rien. C’était vraiment gratuit", témoigne un homme. 

"Ce soir-là, en tout cas, c’était eux les délinquants, pas nous."

Un habitant du quartier Val-Saint-Martin

à franceinfo

Concernant la grave blessure d'Aimène, une enquête est ouverte pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique". L'IGPN a été saisie.

Reportage à Mont-Saint-Martin où l'intervention du RAID a fait plusieurs blessés dans la nuit du 29 au 30 juin - Valentin Dunate

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