Mort de Nahel : au tribunal de Lyon, les comparutions immédiates s'enchaînent dans une ambiance "bordélisée"
Un avocat confie sur franceinfo qu'il n'avait "encore jamais vu ça". À Lyon, depuis mardi 4 juillet 2023, comme un peu partout en France, les peines tombent après les violences commises lors des émeutes suite à la mort de Nahel, 17 ans, à Nanterre, le 27 juin.
Lors d'une audience interminable dans deux salles d'audience bondées, ces jeunes gens expliquent à la barre, chacun après l'autre, ne pas avoir de motifs politiques et disent s'être saisi d'un "moment de chaos". Et beaucoup glissent regretter de s'"être laissés entraîner". Mais ce qui aura marqué cette audience fleuve et nocturne, c'est la forte tension dès le début des débats, et notamment lorsqu'un militant de l'ultragauche a fait irruption dans la salle, dévoilant un message "Nike la police" sur son tee-shirt noir.
Le palais de justice évacué
Dans un brouhaha, et face à sa résistance face aux forces de l'ordre qui tentaient de l'évacuer, ses camarades, une trentaine, ont filmé la scène en scandant des slogans hostiles aux forces de l'ordre. S'est alors ensuivi un mouvement de foule à la sortie de la salle, où les policiers ont tenté - en vain - de s'opposer à l'interpellation pour outrage du porteur du tee-shirt.
Le palais de justice de Lyon a été évacué pour risque de trouble à l'ordre public. Des renforts de police dépêchés à la demande du parquet ont ensuite évacué la salle des pas perdus dans le calme, a ajouté le parquet. Le président du tribunal a ensuite décidé de ne plus faire entrer en salle d'audience que les avocats, journalistes et personnes munies de convocations pour la soirée de mardi.
Cette décision, prise ''après évaluation du risque de trouble à l'ordre public'', a selon le parquet été motivée par le nombre et le comportement du public, ainsi que par une manifestation interdite programmée mardi soir par la mouvance d'extrême gauche à proximité du tribunal.
Un incident dont s'est fait écho Eric Dupond-Moretti à l'Assemblée nationale : le ministre de la Justice a dénoncé une audience "bordélisée". "Je veux avoir à cet instant une pensée, et je pense qu'elle sera ici presque commune, pour les magistrats, les greffiers, le personnel administratif" et "les avocats sans doute, qui ont vu débarquer vos amis pour bordéliser cette audience", a-t-il indiqué, en s'adressant aux bancs de LFI en marge de débats sur le projet de loi de programmation pour la justice.
"Des peines assez proportionnées"
Après environ trois quarts d'heure de suspension dans la salle où s'est déroulé l'incident, les débats ont pu reprendre. Selon le contenu du casier judiciaire des prévenus et leur situation professionnelle, elles sont échelonnées. Ils étaient 26 personnes jugées pour avoir participé aux violences urbaines de ces derniers jours. Pour avoir distribué des mortiers dans leur quartier, un jeune est condamné à six mois ferme, pour les mêmes faits, mais avec un casier judiciaire moins lourd, un autre est placé sous bracelet électronique durant neuf mois.
"Les peines sont assez proportionnées, me semble-t-il, par rapport à ce qui s'est passé entre les soirées de jeudi et vendredi et le samedi soir", explique Bruno Donney, avocat d'un des prévenus. "Le tribunal a gardé une certaine mesure qui n'était pas effectivement peut-être celle des réquisitions. Il fait la part des choses. C'est tout ce qu'on demande à la justice finalement."
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