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"Lâche et terrible agression", "faits intolérables" : la classe politique "effrayée" par l'attaque du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses

L'épouse du maire et ses deux enfants de 5 et 7 ans étaient à la maison en l'absence de Vincent Jeanbrun (LR), qui se trouvait alors à l'Hôtel de ville de sa commune de plus de 30.000 habitants, en cette cinquième nuit de violences urbaines. Une enquête a été ouverte pour tentative d'assassinat.
Article rédigé par franceinfo
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Des policiers devant le domicile vandalisé du maire de L'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun, le 2 juillet 2023. (NASSIM GOMRI / AFP)

" Un cap a été franchi dans l'horreur", dénonce-t-il sur Twitter. Le domicile du maire Les Républicains de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun, a été vandalisé dans la nuit de samedi à dimanche, a appris franceinfo auprès de son entourage. Le maire n'était pas sur place mais son épouse et ses enfants ont été pris pour cible. Une enquête a été ouverte pour tentative d'assassinat par le parquet de Créteil. Pour le moment, aucune interpellation n'a été annoncée dans cette affaire.

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Vers une heure et demie du matin ce dimanche, plusieurs personnes ont forcé le portail du domicile de Vincent Jeanbrun à la voiture-bélier. Ils ont mis le feu à ce véhicule, ce qui a enflammé celui du maire : " Selon les premières constatations, le véhicule a été lancé pour brûler le pavillon (...) un accélérant a été découvert dans une bouteille de coca-cola", déclare ce dimanche le procureur de Créteil, qui s'est rendu sur place.  L'épouse et les enfants du maire ont alors pris la fuite dans leur jardin, derrière la maison. Vincent Jeanbrun était alors à la mairie, comme depuis le début de cet épisode de violences urbaines. Sous les tirs de mortiers, l'épouse du maire a fait passer ses deux enfants de 5 et 7 ans par-dessus le mur qui les sépare du jardin de leur voisine. L'un de ses enfants a été blessé, elle-même souffre d'une probable fracture du tibia, selon le procureur de Créteil. 

En plus de l'enquête ouverte par le parquet de Créteil, Vincent Jeanbrun entend porter plainte pour tentative d'homicide volontaire avec préméditation. " Cette nuit, un cap a été franchi dans l'horreur et l'ignominie. Mon domicile a été attaqué et ma famille victime d'une tentative d’assassinat", écrit-il sur Twitter, " ma détermination à protéger et servir la République est plus grande que jamais. Je ne reculerai pas".

"Soutien" du gouvernement

Rapidement, une grande partie de la classe politique a fait part de sa préoccupation. A commencer par le gouvernement : la Première ministre Elisabeth Borne s'est ainsi élevée dimanche contre des " faits intolérables" , après cette attaque à la voiture-bélier, promettant que " les coupables seront poursuivis avec la plus grande fermeté". Matignon précise que la Première ministre " apporte tout son soutien au maire de L'Hay-les-Roses et à ses proches (...), ainsi qu'à tous les maires qui sont aux côtés des habitants en première ligne face aux violences". Elle est arrivée sur place en début d'après-midi avec les ministres Gérald Darmanin), Christophe Béchu et Dominique Faure. Le président Emmanuel Macron fera un "point de situation" à l'Elysée à 19h30 avec plusieurs membres de son gouvernement.  

Invité de France Inter, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a dit ressentir "évidemment énormément de colère, une émotion très vive" : "Vous savez pourquoi la famille de Vincent Jeanbrun, le maire de L'Haÿ-les-Roses, a été attaquée ? Pourquoi le maire de Charleville-Mézières Boris Ravignon a subi une agression ? Pourquoi des dizaines d'élus ont été la cible des pillards encore cette nuit ? Parce qu'ils constituent un rempart pour la République face au pillage et au désordre, ce n'est pas anodin", affirme Olivier Véran. 

Dans la majorité présidentielle, les messages de soutien ont ensuite afflué. " Bravo pour ton courage et ta détermination à servir nos concitoyens ! Ne laissons passer aucune violence, verbale ou physique", lui a écrit le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (ex-LR). " S'attaquer à un maire, c'est s'en prendre à nous tous, à tous les citoyens. Toute la communauté nationale doit dire stop", a plaidé le ministre délégué à la Ville Olivier Klein. " L'engagement public ne devrait jamais être synonyme de danger, ni pour soi ni pour ceux que l'on aime", pour la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance). 

Peu avant la mi-journée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a tweeté son " soutien à Vincent Jeanbrun et à sa famille, victime d’une lâche et terrible agression, est totale". " Une enquête pour tentative d'assasinat a été ouverte et d’importants moyens de la police judiciaire sont mobilisés. Les auteurs de ces faits répondront de leurs actes odieux", assure-t-il. 

"Extrême gravité" pour la droite

Toujours sur Twitter, le président du Sénat, Gérard Larcher, a écrit : " S'en prendre à la vie d'un élu et à celle de sa famille, c'est s'en prendre à la Nation". Le patron des Républicains Eric Ciotti a condamné " des faits d'une extrême gravité qui doivent conduire leurs auteurs en cour d'assises". 

Si " Un cap a été franchi", a déclaré ce dimanche sur BFM TV le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, " On atteint un niveau inexcusable", dénonce pour sa part sur franceinfo Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, après l'attaque du domicile du maire LR de L'Haÿ-les-Roses dans la nuit de samedi à dimanche. " Il n'y a rien qui puisse justifier de s'attaquer au domicile - de quiconque d'ailleurs - mais d'un élu, d'un maire, avec sa famille", déclare Hélène Geoffroy sur franceinfo. La maire de Vaulx-en-Velin déclare avoir appris cette attaque dimanche matin : " J'avoue que j'en suis restée presque effrayée, en me disant que tout désormais devient possible. Ça n'a plus rien à voir avec ce qui initialement était l'émotion liée à la mort d'un jeune garçon de 17 ans, dans les circonstances que l'on sait. Désormais, on a affaire à ce qui devient de la délinquance absolue."


"Un nouveau cap a été franchi"

"Un nouveau cap a été franchi", a tweeté la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen. Laurent Jacobelli, porte-parole du Rassemblement national, invité du 8h30 franceinfo est revenu sur les violences urbaines de ces derniers jours, parlant d'" une guerilla urbaine" : " C'est un symbole de la République qui a été attaquée, on a franchi une nouvelle phase", a-t-il déclaré en adressant sa sympathie à l'élu et à sa famille. " Ça montre bien que ce que l'on vit aujourd'hui, ces hordes de sauvages qui attaquent tous les symboles de la République détestent la France, veulent nuire à la France, et n'acceptent pas les règles de la République. On ne peut pas s'habituer à cette violence gratuite", précise le porte-parole du RN, qui décrit un pays " à feu et à sang, qui n'est plus apaisé, un pays cocotte minute, c'est le résultat de 40 ans de laxisme, d'excuses, d'immigration incontrôlée. Il y a aujourd'hui des quartiers où les règles et les valeurs de la France ne sont pas respectées."

A gauche, Marine Tondelier, cheffe d'EELV, a assuré que "les écologistes apportent leur soutien le plus total à Vincent Jeanbrun" : "Ce qu'il a vécu est inqualifiable", a-t-elle tweeté. "Les maires et les élus locaux sont en première ligne" face aux violences urbaines, a estimé ce jeudi sur France Culture la maire EELV de Strasbourg (Bas-Rhin) Jeanne Barseghian. "Comme tout le monde, je suis extrêmement choquée par ce qui s'est passé cette nuit. J’adresse tout mon soutien à Vincent Jeanbrun", a-t-elle d'abord déclaré, avant de dénoncer le fait que "les élus locaux et leur entourage se retrouvent dans des situations dangereuses et inacceptables". Selon elle, à travers cette attaque, "c'est un symbole de la République qui est attaqué". "J'en appelle au calme", a-t-elle conclu. 

De son côté, Jean-Luc Mélenchon, le chef des Insoumis, a écrit sur Twitter "partage(r) l'effroi de la famille Jeanbrun", et la députée LFI Clémentine Autain a souligné l'"urgence absolue à dégager des réponses politiques de justice et d'égalité pour apaiser".

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