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Affaire Traoré : les juges d'instruction ordonnent une nouvelle expertise médicale, confiée à des médecins belges

Près de quatre ans après la mort d'Adama Traoré, sa famille se bat pour faire reconnaître la responsabilité des forces de l'ordre qui l'interpellaient, réfutant les expertises réalisées jusqu'ici qui concluaient à un décès dû à des antécédents médicaux - notamment cardiaques et génétiques.

Article rédigé par franceinfo
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Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille d'Adama Traoré, le 3 mars 2020 à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Les juges d'instruction chargés de l'enquête sur la mort d'Adama Traoré ont ordonné une nouvelle expertise médicale, a appris vendredi 10 juillet franceinfo de sources concordantes. Cette expertise a été confiée à quatre médecins belges, précise l'avocat de la famille dans un tweet.

L'expertise devra notamment déterminer si Adama Traoré était atteint de maladies ou pathologies au moment de sa mort, et si ces éventuelles pathologies ont pu contribuer à son décès, écrivent les juges dans une ordonnance que franceinfo a pu consulter. Elle devra aussi donner une explication à l'hyperthermie relevée sur son corps deux heures après son décès, et dire quelle est la cause du "syndrome asphyxique" constaté lors des autopsies.

Cette nouvelle demande d'expertise intervient une semaine après l'audition d'un témoin-clé par les juges, à savoir l'homme chez qui Adama Traoré s'était réfugié avant son interpellation. Plusieurs expertises médicales ont été déjà réalisées depuis le début de l'enquête.

Des experts soumis à une "pression médiatique maximale"

"Je trouve le temps un peu long" alors qu'il existe déjà plusieurs expertises médicales, a réagi, vendredi 10 juillet sur franceinfo, Rodolphe Bosselut, l'avocat des trois gendarmes impliqués dans l'affaire Traoré. "Ce que je salue, c'est qu'est posée clairement", dans cette nouvelle demande d'expertise, "l'hypothèse de l'hyperthermie maligne", et "c'est très important parce que cela correspond à ce qui s'est passé ce jour-là", a défendu l'avocat, estimant que cela permettait de dédouaner les gendarmes dans la mort du jeune homme. "

Je suis aussi satisfait parce que cette expertise se fonde sur le témoignage de la personne chez qui Adama Traoré s'est réfugiée" et qui a évoqué un état de faiblesse du jeune homme avant que les gendarmes ne l'interpellent. Maître Bosselut espère que "les médecins belges, qui seront moins soumis à la pression médiatique actuelle qui est maximale, pourront rendre un rapport dans la sérénité".

L'avocat de la famille Traoré dénonce une expertise pour "traîner en longueur la procédure"

"Après avoir sélectionné des médecins français incompétents, les juges d'instruction sont allés chercher des médecins belges incompétents", a réagi auprès de franceinfo l'avocat de la famille d'Adama Traoré, maître Yassine Bouzrou;

Maître Bouzou estime qu'aucun des médecins désignés "n'est véritablement spécialiste des pathologies en cause dans le dossier". "Il existe pourtant dans le dossier deux expertises réalisées par des vrais spécialistes des pathologies en cause et qui indiquent clairement que le décès d'Adama Traore a été causé par le plaquage ventral des gendarmes", poursuit l'avocat, évoquant les deux contre-expertises médicales qu'il a lui-même demandées. Yassine Bouzrou dénonce une "technique qui consiste à faire traîner en longueur la procédure judiciaire dans les affaires mettant en cause les forces de l'ordre".

Une bataille d'expertises médicales

Adama Traoré, jeune homme de 24 ans, est mort le 19 juillet 2016 dans le Val-d'Oise à la suite d'une interpellation. Ses proches sont convaincus que son décès a été provoqué par un plaquage ventral, ce que réfutent les trois gendarmes qui l'ont interpellé. Près de quatre ans après les faits, l'enquête judiciaire est donc avant tout devenue une bataille d'expertises médicales.

Closes en décembre 2018, les investigations avaient été rouvertes par les juges en mars 2019 après la remise d'un rapport médical réalisé à la demande de la famille qui contredisait les conclusions sur le décès. Si sept experts missionnés par la justice ont jusqu'ici mis en avant des antécédents médicaux - notamment cardiaques et génétiques - pour expliquer ce décès, dédouanant ainsi les gendarmes, les rapports de quatre médecins choisis par la famille ont balayé leurs conclusions et pointé la technique d'interpellation des forces de l'ordre. Après une ultime expertise judiciaire qui mettait hors de cause les militaires, la famille du jeune homme a réalisé depuis fin mai de nombreuses demandes d'actes, dont l'annulation de cette expertise. 

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