Crash dans les Alpes : les réponses à vos questions
L'enquête sur les circonstances de l'accident de l'Airbus A320 commence tout juste, et les interrogations sont nombreuses. Le journaliste de France 2 Nicolas Chateauneuf a répondu aux questions des internautes.
Au lendemain du crash d'un A320 dans les Alpes-de-Haute-Provence, mercredi 25 mars, les questions sont nombreuses sur les circonstances de l'accident qui a causé la mort de 150 personnes.
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Pourquoi les pilotes n'ont-ils pas lancé de signal de détresse ? Les passagers se sont-ils rendu compte du drame? Pourquoi est-il si difficile de retrouver l'une des deux boîtes noires ? Nicolas Chateauneuf, spécialiste sciences de France 2, a répondu aux interrogations des internautes, mercredi 25 mars, dans le live de francetv info. Retrouvez ses réponses.
@Anonyme : Comment expliquez-vous qu'il n'y ait pas un cratère dans la montagne, alors que l'avion a percuté la falaise à plus de 600 km/h ?
Nicolas Chateauneuf : La montagne est plus solide que l'avion. Il est normal qu'aucun cratère ne se soit formé. Cela aurait été différent sur un sol meuble.
@Eresbelle : Comment un pilote peut-il heurter une montagne ? N'y a-t-il pas des radars pour éviter ce type de situation ?
Il y a en effet des radars de collision et d'altitude sur les avions modernes. Cela n'a pas empêché un A320 de se crasher sur le mont Saint-Odile, en 1992, car les pilotes avaient enregistré de mauvaises données.
@anonyme : Avec le système de protection du Fly-by-wire [commandes de vol électriques], est-il possible que les sondes Pitot aient été bouchées et que, la vitesse air étant trop basse, l'avion soit passé en mode protection et ait engagé une descente sans fin, sans que le pilote ne puisse réagir ?
Dans ces cas-là, il y a toujours la possibilité de repasser en mode manuel. Le pilote peut toujours réagir. Mais encore faut-il que celui-ci comprenne ce qui est en train de se passer. Lors du crash du vol AF 447 Rio-Paris, en 2009, ces sondes, qui mesurent la vitesse relative de l'avion, avaient gelé. Les ordinateurs de vol recevaient des données erronées, et s'étaient débranchés. Les pilotes ont eu quatre minutes pour réagir, et n'ont pas compris d'où venait le problème.
@Mica : Pourquoi est-il si compliqué de retrouver la seconde boîte noire alors qu'elle émet un signal ?
Lors d'un crash au sol, la balise de la boîte noire ne se déclenche pas. Elle n'émet que lorsqu'elle est plongée dans l'eau. Au sol, c'est sa couleur orange fluo qui permet de la retrouver.
Je note, en regardant les images de la boîte noire retrouvée [le CVR : Cockpit Voice Recorder], qu'elle semble être en bon état. Seul le châssis est vraiment endommagé. Le cylindre qui contient les données paraît, lui, bien préservé.
@Thierry : Pourquoi la boîte noire est-elle exploitée à Paris, et non pas en Allemagne ?
Le Bureau d'enquêtes et d' analyses (BEA) français est chargé de la récupération des données et de la reconstitution du vol. Leurs experts sont parmi les meilleurs au monde. L'accident ayant eu lieu sur le territoire français, il est normal que le BEA soit désigné, mais les enquêteurs espagnols et allemands seront forcément associés à l'enquête.
@anonyme : Sait-on pourquoi l'Airbus A320 avait trente minutes de retard sur les horaires de vol prévus ?
Aucune idée. Les retards sont fréquents.
@Bertie : L'absence de communication des pilotes demeure le plus étrange, non ? Même en cas de manœuvre automatique de l'avion, et même si les pilotes ne comprenaient pas ce qu'il se passait, ils ont certainement eu le temps d'essayer de contacter la tour de contrôle pour obtenir de l'aide. Qu'en pensez-vous ?
C'est la grande question. On en saura plus avec l'analyse de la boîte noire. A l'heure actuelle, il est complètement incompréhensible que les pilotes soient restés silencieux, et n'aient envoyé aucun message de détresse ou d'alerte. Etaient-ils encore conscients ? Etaient-ils entravés ? Ces questions demeurent.
@anonyme : La piste terroriste est-elle écartée pour le crash ?
Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, a déclaré que cette hypothèse n'était pas privilégiée. Mais c'est une piste parmi d'autres.
@SH : Est-ce qu'il y a des traces d'incendie sur le site du crash ?
Oui, l'incendie est dû au kérosène contenu dans les réservoirs de l'avion. Lors de l'impact, cela a enflammé certains buissons et arbustes, comme on peut le voir sur les images.
@Pascal : Pensez-vous que les passagers se sont rendu compte du drame ?
Pour le ressenti des passagers, il est toujours difficile de répondre, car le BEA prend toujours bien soin de préserver les familles et de ne pas aggraver leur douleur. A ce jour, on ne sait pas s'il y a eu des messages d'alerte diffusés dans la cabine. Au vu de la vitesse de la chute, les passagers ont probablement senti que l'avion descendait très nettement. C'est tout ce que l'on peut dire pour le moment.
@Pascal : Les hôtesses sont-elles formées pour prendre les commandes en cas d'incapacité des pilotes ?
Non, ce n'est pas le rôle des hôtesses.
@Anonyme : Si la descente était "maîtrisée", quelles sont les raisons qui peuvent expliquer l'impact dans la montagne ? Les pilotes n'auraient-ils pas pu essayer de se détourner vers un aéroport durant les premières minutes ?
Cela fait partie du mystère de ce vol. Pour l'instant, nous ne comprenons pas pourquoi l'avion a gardé son cap. Quand il y a un problème, un pilote évitera la montagne, et se dirigera vers la vallée du Rhône, plus propice en cas d'atterrissage d'urgence.
@jerome : En cas de dépressurisation de la cabine, combien de temps les pilotes ont-ils pour mettre un masque à oxygène ?
La procédure prévoit qu'ils ont trois secondes pour tirer sur le masque à oxygène et le mettre sur leur visage. S'ils ne le font pas, ils perdent conscience au bout de 25 secondes.
@britatal : J'ai entendu des commentaires affirmant que s'il y avait eu dépressurisation, la descente aurait été beaucoup plus rapide et qu'il y aurait eu un changement de trajectoire. Mais, en tant qu'ancien pilote militaire et pilote de ligne, j'aimerais apporter un témoignage. Il peut, en effet, se produire une dépressurisation lente qui ne se remarque que lorsqu'il est trop tard, c'est-à-dire qu'il y a perte de connaissance. Ce qui peut expliquer une trajectoire régulière et une absence de déroutement.
Oui, c'est tout à fait vrai. Lors du vol 522 d'Helios Airways, un problème de pressurisation a progressivement fait baisser le taux d'oxygène dans la cabine. Les pilotes se sont retrouvés très vite en état d'hypoxie [diminution du taux d'oxygène dans le sang]. Lorsque les masques sont tombés, ils ne les ont pas saisis et ont perdu conscience. L'avion s'est écrasé sur la montagne, sous les yeux des pilotes des deux F15 qui l'escortaient.
@anonyme : La Sécurité aérienne de surveillance de l'espace national prévoit-elle une déclaration au sujet d'une interception ou d'un suivi de l'appareil qui s'est crashé ?
Un Mirage a en effet décollé dès que l'alerte a été déclenchée. Il est malheureusement arrivé trop tard sur les lieux. Il existe une veille permanente sur le territoire national. En cas de problème, les pilotes doivent pouvoir décoller en moins de sept minutes.
@anonyme : Il y a beaucoup de crashs inexpliqués ces derniers mois. Qu'en pensez-vous ?
C'est une coïncidence. Le transport aérien reste le moyen de déplacement le plus sûr.
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