Collision mortelle à Millas : trois questions sur le passage à niveau pointé du doigt dans l'accident
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour déterminer si l'accident entre un car scolaire et un TER, jeudi, qui a fait quatre morts selon un bilan provisoire, a été provoqué par un dysfonctionnement technique.
"Il est indispensable que l'on puisse faire la lumière [sur cet accident], on le doit aux familles, on le doit aux proches, on le doit aux Français", a déclaré Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, vendredi 15 décembre sur franceinfo.
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Après l'accident entre un car scolaire et un TER sur un passage à niveau à Millas jeudi après-midi, les circonstances de cette collision restent en effet à déterminer. Le bilan provisoire est de quatre morts et une vingtaine de blessés, d'après la préfecture.
Les barrières du passage à niveau étaient-elles ouvertes, laissant la conductrice du bus s'engouffrer sur la voie, ou étaient-elles fermées ? Franceinfo fait le point sur le passage à niveau où s'est déroulé le drame.
Etait-il classé dangereux ?
Le passage à niveau où a eu lieu l'accident ne compte pas parmi les quelque 160 passages à niveau classés "dangereux" en France. "Ce passage à niveau n'était absolument pas dans la liste des passages à niveau signalés comme dangereux" et qui vont être supprimés, a confirmé la ministre des Transports Elisabeth Borne ce matin sur Europe 1.
"C'est un passage à niveau où tous les équipements modernes, alerte sonore, et deux barrières, ont été mis en place", a expliqué dès jeudi soir Alain Vidalies, ancien secrétaire d'Etat chargé des Transports de 2014 à 2017. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a également affirmé au micro de franceinfo que le passage à niveau disposait d'une "bonne visibilité", il était "automatique et lumineux".
Il semblerait que ce passage à niveau soit bien entretenu, qu'il n'y avait pas de signalement de vétusté ou de défaillance.
Carole Delgaà franceinfo
Alain Vidalies a rappelé qu'un comité national de la sécurité ferroviaire au passage à niveau se réunit "tous les ans" pour faire le point "accident par accident, avec le suivi des travaux". Ce programme annuel spécifique fait suite au drame de 2008, où sept collégiens sont morts à Allinges dans une collision d'un bus avec un TER. "Il y a une attention particulière qui rend encore plus effroyable le drame de ce soir", a-t-il déploré.
Les barrières étaient-elles levées ?
C'est la grande question, s'agissait-il d'un accident technique, ou d'une erreur humaine ? Pour l'instant, "il est largement prématuré d'indiquer si les barrières étaient levées ou baissées", a précisé le procureur de la République, interrogé sur le sujet. De nombreux témoignages ont indiqué qu'une barrière était ouverte, dont celui du père d'un collégien témoin de l'accident, et de la grand-mère d'une victime, qui affirme que sa petite-fille a vu que "la barrière ne s'est pas refermée, elle est restée ouverte. Les clignotants rouges qui s'allument normalement ne se sont pas allumés".
La SNCF a apporté ce matin des précisions sur ces barrières. La compagnie ferroviaire a bien constaté que l'une des deux barrières, "la seconde dans le sens inverse d'où venait le bus", était bien ouverte. Cependant, impossible selon elle d'y voir une anormalité car "c’est le fonctionnement normal, puisqu’elle se relève après le passage du train". L'autre barrière est brisée, mais il n'est pas possible de déterminer pour l'instant si elle était ouverte et a été détruite lors de la collision ou si le car l'a forcée.
"Dans 98% des cas", les accidents sur les passages à niveau sont liés au comportement des automobilistes, "c'est pourquoi on a une campagne de sensibilisation pour dire aux gens de faire attention (...) de respecter la signalisation", a rappelé Elisabeth Borne. Une enquête judiciaire pour homicides et blessures volontaires a été ouverte jeudi pour déterminer les circonstances de l'accident. Seul le conducteur du TER a pu être pour l'instant entendu, la conductrice ayant été grièvement blessée dans l'accident.
Les passages à niveau pourraient-ils être plus sûrs ?
Eviter les croisements entre les voies ferrées et les routes est exclu. Il en existe plus de 15 000 en France et il faudrait des investissements considérables pour les remplacer par des ponts ou des passages souterrains. "On ne peut pas dire très sérieusement qu'on va éviter le croisement des voies ferrées et des routes si ce n'est à investir des centaines de milliards qu'on n'a absolument pas", a affirmé sur franceinfo Alain Vidalies.
Mais alors comment les rendre plus sûrs ? "Il y a des progrès à faire", estime Gérard Feldzer, le consultant transports de franceinfo. L'enquête menée par le Bureau enquête accident terrestre doit déboucher sur "des recommandations", a-t-il expliqué. Parmi celles-ci, il pourrait y avoir "des moyens numériques, ou des détecteurs radars d'obstacles. Il faut s'orienter vers le numérique, ce n'est pas très cher et rapidement possible à mettre en œuvre", juge le spécialiste.
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