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Abdelhakim Dekhar : retour sur six jours de traque

CHRONOLOGIE | Le suspect des coups de feu tirés lundi dans le hall du quotidien Libération puis à la Défense a été interpellé mercredi soir près de Paris. Dans la nuit, des analyses ont confirmé que l'ADN du gardé à vue était bien celui du tireur recherché. Retour sur six jours d'interrogations et de traque intense dans la région parisienne.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Parquet de Paris)

Abdelhakim Dekhar est en garde à vue jeudi matin. L'homme a été arrêté mercredi soir dans un parking des Hauts-de-Seine. Dans la nuit des analyses ADN ont confirmé qu'il s'agissait bien du tireur présumé qui a semé la panique à Paris, d'abord à BFMTV vendredi dernier, puis à Libération et à La Défense lundi. Résumé des différents épisodes de cette affaire, qui aura donné lieu à une véritable chasse à l'homme dans la capitale.

Vendredi 15 novembre

Avant 7h du matin, un homme armé d'un fusil à pompe se présente à l'accueil de la chaîne de télévision BFMTV, dans le sud-ouest de Paris. Après avoir éjecté deux cartouches, il lance à un rédacteur en chef : "La prochaine  fois, je ne vous raterai pas " et s'enfuit. Il s'agit à ce moment-là d'un évènement isolé.

Lundi 18 novembre

► Vers 10h15, un homme muni du même type d'arme fait irruption dans le hall d'entrée du quotidien Libération, près de la place de la République à Paris. Il tire deux fois et blesse grièvement au thorax et à l'abdomen un assistant photographe (qui est depuis sorti du coma artificiel, mais reste surveillé de près).

Les enquêteurs pensent alors avoir affaire au même homme qu'à BFMTV. Des policiers sont déployés devant les sièges des grands médias parisiens. 

► Entre 11h30 et 11h45, un homme tire trois fois devant la Société Générale à La Défense, sans faire de blessé.

► Peu après, il prend en otage un automobiliste près de La Défense pendant une vingtaine de minutes. Il exige d'être déposé sur l'avenue Georges-V, près des Champs-Elysées.

► En fin d'après-midi, les enquêteurs diffusent des images de vidéosurveillance du suspect. Le procureur indique que la piste d'un auteur unique est privilégiée. Un appel à témoins est lancé.

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Mardi 19 novembre 

► Une nouvelle image issue de la vidéosurveillance de la RATP est diffusée : on y découvre le visage du suspect. Les enquêteurs poursuivent leur travail de fourmi, pour éplucher les images des caméras et 1,2 million de données téléphoniques. 

Mercredi 20 novembre

► Le procureur de la République de Nanterre confirme qu'il n'y a qu'un seul homme. "L'ADN mis en évidence sur les douilles libérées à Libération et à la Société Générale ainsi que sur la portière passager du véhicule de l'otage est le même. L'hypothèse d'un auteur unique est donc confirmée" .

► A 20h, le parquet indique qu'un homme, présentant une "forte  ressemblance physique " avec le suspect, a été placé en garde à vue. Il a été interpellé dans un parking souterrain de Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, dans un état de semi-conscience, sans doute lié à la prise de médicaments pouvant laisser penser à une tentative de suicide. Un prélèvement ADN est réalisé et des analyses sont lancées.

Mais comment a-t-il été retrouvé ? Alors que les enquêteurs se rapprochaient justement de cette zone, en fin de journée mercredi un homme se présente au commissariat de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. Il indique qu'il a des doutes sur une personne qu'il héberge de temps en temps, qui correspond au signalement, et qui lui a confié avoir fait "une connerie".

C'est en rentrant de voyage que ce témoin a vu la photo de l'homme recherché dans les médias. Il n'entretient pas vraiment une amitié avec le suspect, semble-t-il, mais une relation suffisante pour qu'il puissse indiquer dans quelle ville et dans quelle voiture se trouvait le tireur présumé. 

► Peu avant 23h, plusieurs sources révèlent que l'homme en garde à vue s'appelle Abdelhakim Dekhar, âgé de 48 ans, déjà condamné en  1998 dans le cadre de l'affaire Florence Rey. Il était le "troisième homme", celui qui avait acheté le fusil à pompe qui a servi à l'équipée sanglante qui avait fait cinq morts en 1994 à Paris.

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Jeudi 21 novembre

► Peu avant 1h du matin, le parquet de Paris confirme que l'ADN du gardé à vue est bien celui du tireur recherché. Fin de la traque. Le suspect doit maintenant être entendu par les enquêteurs, dès que son état de santé le permettra, notamment pour répondre à la grande inconnue de cette affaire : ses motivations.

D'après BFMTV, la police aurait découvert une lettre dans laquelle il évoquerait "la Libye, la Syrie et les peuples du Maghreb". Manuel Valls confirme qu'un ou plusieurs courriers ont été retrouvés. Des écrits "assez confus ", indique une source proche du dossier, "qui expliqueraient ce pseudo-geste ", ajoutant que rien ne permettait "à ce  stade " d'établir que le tireur présumé a agi par "motivation politique " ou a bénéficié de complicités.

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