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Loi homophobe en Hongrie : comment le refus de l'UEFA d'illuminer un stade aux couleurs LGBT a fait réagir jusqu'au sommet de l'UE

Ville organisatrice de l'Euro 2021, Munich a souhaité afficher son soutien à la communauté LGBT avant le match Allemagne-Hongrie. Mais l'instance européenne a mis son veto, provoquant des réactions d'Antoine Griezmann ou d'Ursula von der Leyen.

Article rédigé par franceinfo
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Le 9 juillet 2016, le stade Allianz Arena de Munich (Allemagne) affiche les couleurs de l'arc-en-ciel pour la journée de la Gay pride. (TOBIAS HASE / DPA)

La polémique est passé de l'Euro à l'Europe. Après l'adoption en Hongrie, mardi 15 juin, d'une loi interdisant la "promotion" de l'homosexualité auprès des mineurs, les protestations se multiplient. Le refus de l'UEFA d'illuminer le stade de Munich aux couleurs arc-en-ciel – celles du drapeau LGBT – pour le match Allemagne-Hongrie, mercredi 23 juin, a déclenché une série de réactions d'indignations de la part d'instututions et d'Etats. Car le texte adopté en Hongrie, dénoncé par de nombreuses associations de défense des droits humains, contrevient notamment à la Charte des droits fondamentaux de l'UE, qui interdit toute discrimination basée sur l'orientation sexuelle. Franceinfo vous retrace cette controverse en neuf actes.

1La Hongrie adopte une loi homophobe

Le texte adopté le 15 juin par le Parlement hongrois interdit la "promotion" de l'homosexualité auprès des mineurs. "La pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans", stipule-t-il.

Plusieurs ONG y voient une atteinte aux droits des minorités sexuelles en Hongrie. Amnesty International a ainsi dénoncé, dans un communiqué, une loi "homophobe et transphobe" qui "stigmatise davantage les personnes LGBTI, les exposant à une discrimination accrue dans un environnement déjà hostile à leur égard".

En vertu de cette loi, des séries comme Friends ou des films comme Bridget Jones ou Billy Elliot pourraient être interdits aux mineurs. La Hongrie, dirigée par Viktor Orban, avait déjà rendu impossible l'adoption par les couples de même sexe. Elle interdit aussi depuis décembre 2020 l'inscription du changement de sexe à l'état civil.

2Munich veut afficher son soutien à la communauté LGBT

En réaction, la municipalité de Munich (Allemagne), ville hôte de l'Euro 2021, annonce le 20 juin son intention de demander à l'UEFA l'autorisation d'illuminer aux couleurs arc-en-ciel l'Allianz Arena lors du match Allemagne-Hongrie. Ces couleurs arc-en-ciel, emblématiques de la communauté LGBT, seraient un signe de dénonciation de la loi adoptée en Hongrie.

3L'UEFA refuse

Veto. L'UEFA, qui organise l'Euro de foot, refuse deux jours plus tard d'éclairer le stade du Bayern aux couleurs arc-en-ciel. "De par ses statuts, l'UEFA est une organisation politiquement et religieusement neutre", justifie l'instance dans un communiqué.

"Etant donné le contexte politique de cette demande - un message visant une décision prise par le parlement national hongrois -, l'UEFA doit refuser cette requête."

L'UEFA

par communiqué

L'UEFA dit toutefois "comprendre que l'intention est également d'envoyer un message pour promouvoir la diversité et l'inclusion". Elle propose d'autres dates pour l'illumination du stade en arc-en-ciel, qui correspondent à différentes marches des fiertés homosexuelles (comme la Gay Pride) : "Soit le 28 juinsoit entre le 3 et le 9 juillet."

4Des joueurs dénoncent cette décision

Dans la foulée, Gary Lineker, ancienne gloire du foot anglais, s'élève sur Twitter : "Fais-le quand même Munich, fais-le. Allume la lumière pour que le monde voie".

Le Français Antoine Griezmann publie également le 22 juin une photo du stade de Munich aux couleurs de l'arc-en-ciel, en y apposant un émoji "poing levé".

5D'autres stades allemands s'illuminent

En attendant le match prévu mercredi soir à Munich, plusieurs autres villes allemandes villes non organisatrices de l'Euro comme Berlin, Francfort, Cologne, Düsseldorf ou encore Augsburg annoncent mardi que leurs stades se pareront de bleu, jaune, rouge, vert et violet, comme le rapporte la correspondante de l'AFP à Berlin.

6Un activiste entre sur la pelouse avec un drapeau arc-en-ciel

Conformément à la décision de l'UEFA, l'Allianz Arena de Munich n'est pas illuminée, mercredi 23 juin au soir, lors de la rencontre Allemagne-Hongrie. Mais un militant  envahit la pelouse au moment de l'hymne national hongrois en brandissant un drapeau aux couleurs arc-en-ciel, avant d'être évacué par la sécurité. 

Un militant brandit un drapeau arc-en-ciel au moment des hymnes avant le match Allemagne-Hongrie à Munich (Allemagne) le 23 juin 2021. (ALEXANDER HASSENSTEIN / POOL / AFP)

Dans les tribunes, au milieu des drapeaux allemands noir, rouge et or, de nombreux spectateurs tiennent de petits fanions aux couleurs arc-en-ciel, distribués avant la rencontre devant le stade par des associations de défense des droits de LGBT.

7 Des dirigeants européens critiquent la loi hongroise

Ce jour-là, plusieurs dirigeants européens prennent aussi publiquement position contre la loi hongroise. "Je pense que cette loi est mauvaise" et "incompatible avec mon idée de la politique", déclare par exemple la chancelière allemande Angela Merkel.

Sur Twitter, la présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estime que "ce projet de loi est une honte". "Il discrimine sur la base de l'orientation sexuelle et s'oppose aux valeurs fondamentales de l'UE", écrit-elle (en français et dans plusieurs autres langues de l'UE).

"Nous regrettons profondément la décision de l'UEFA d'interdire que le stade de Munich soit illuminé aux couleurs LGBTQI", fait également savoir l'Elysée auprès de franceinfo, le même jour. "L'UEFA s'est un peu pris les pieds dans le tapis parce qu'en fait sa décision de refus est aussi une décision politique", déplore encore Clément Beaune, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, sur franceinfo.

8 Le sujet s'invite au sommet européen

Dans une lettre commune aux chefs des institutions européennes et de l'ONU, les dirigeants de 17 pays de l'UE, dont la France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, proclament le lendemain, jeudi 24 juin, la nécessité de faire respecter les droits des personnes LGBT.

Sur Twitter, le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, qui a été le premier dirigeant de l'UE à épouser un conjoint du même sexe, diffuse cette lettre (en anglais), en affirmant que "la haine, l'intolérance et la discrimination n'ont pas leur place dans notre Union"

Sans mentionner la Hongrie, membre de l'UE, ni son Premier ministre Viktor Orban, les signataires déplorent des "menaces contre les droits fondamentaux et en particulier le principe de non-discrimination en raison de l'orientation sexuelle". "Le respect et la tolérance sont au cœur du projet européen", poursuit le texte, publié quelques heures avant le sommet européen à Bruxelles.

Depuis 2018, la Hongrie est déjà visée par une procédure déclenchée par le Parlement européen pour "violation grave" des valeurs de l'UE. Mais celle-ci est actuellement au point mort. Pour l'instant, aucun pays européen n'a été sanctionné, rappelle le site Vie-publique.fr, plusieurs pays de l'Est de l'Europe refusant de condamner la Hongrie. 

9 Viktor Orban défend la loi hongroise

Lors de son arrivée à Bruxelles pour le sommet de l'UE, le Premier ministre Vikor Orban affirme que la loi hongroise "ne porte pas sur les homosexuels", mais elle concerne "la façon dont les parents veulent faire l'éducation sexuelle de leurs enfants".

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