"Encombrants" : ruée sur les trottoirs
Le dossier de cette édition: la ruée sur les encombrants. Ces vieux meubles, canapés ou objets qu'on laisse sur les trottoirs. Autrefois, les services d'enlèvement des mairies venaient les ramasser. Aujourd'hui on se bouscule pour les récupérer et leur donner une deuxième vie.
Nuit de pleine nuit, soirée idéale pour dénicher des monstres. Aux aguets, Corinne et Jean Lecroard scrutent les rues de cette banlieue lilloise. Des les premières minutes, une première cible. Un vieux buffet abandonné aux encombrants.
Deux tiroirs, ouais.
Le meuble semble dater de l'entre-deux-guerres. Par chance, il y a toutes les pièces.
Embarqué, c'est bien.
Une bonne surprise pour ce couple qui court les encombrants par passion depuis plus de 20 ans.
On récupère un meuble. On le refait et on l'installe chez nous. Et puis, on en trouve un autre qui le remplace. On revend, on donne, on échange.
Quelques mètres plus loin, une commode. Mais après un examen rapide.
C'est intéressant ou pas.
Non.
Trop moderne.
Ce n'est pas recherché. ça n'a pas d'âme, pas de vécu.
La course continue.
Ce sont des casiers anciens. On n'en fait plus des comme ça.
Avec un peu d'imagination, ce ne sera pas une armoire normande mais des étagères. Au début, elle avait honte de fouiller dans ce que les autres jetaient.
Les gens nous regardent et viennent nous voir. S'ils ne sont pas contents, c'est pas grave.
Si ce n'est pas moi qui le prends, ce sera quelqu'un d'autre.
Cela vous est déjà arrivé de vous bagarrer.
Oui, pour un arrosoir en zinc.
Ce n'est pas forcément dans les beaux quartiers que ce responsable dans une entreprise de fabrication de portails découvre les meilleures affaires.
On est passé dans des quartiers plus bourgeois, il n'y avait presque rien dans la rue. Les gens n'ont pas de place donc quand ils rentrent un nouveau meuble, ils mettent le vieux à la rue.
Le lendemain, ils déchargent tout. Ils ne sont pas brocanteurs. Ils récupèrent et retapent par passion. Parfois ça leur rapporte même un peu d'argent.
50 euros de peinture environ.
Vous le vendrez combien.
200.
On pourrait tirer un salaire avec ça. Mais il faut le faire à plein temps. On pourrait en vivre mais on devient alors brocanteur.
C'est sur leur temps libre qu'ils redonnent vie aux encombrants. Pour les restaurations, ils suivent les tendances du marché. Pour le vaisselier, ils ont une idée précise.
J'imagine un beau noir mat.
C'est marketing.
Oui quand même.
Le meuble ira décorer leur intérieur dont une grande partie vient des encombrants. Une passion devenue une petite activité.
Le petit parisien, sur les trottoirs. J'ai créé une société d'autoentrepreneur. Cela ne permet pas d'en vivre, malheureusement.
Cela arrondit les fins de mois.
Couci-couça.
Les meubles dont elle se lasse comme cette armoire, elle n'hésite plus à les vendre.
350.
De nouvelles virées nocturnes en perspective, de nouveaux monstres à débusquer pour la remplacer.
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