En immersion : surveillants de prison
Plongée dans le quotidien des surveillants de prison. Qui sont ces hommes et ces femmes qui partagent le quotidien des petits délinquants et des grands criminels ? C'est l'immersion de ce journal.
Intimidations, insultes, c'est le quotidien pour ces surveillants. Fabrice et sa collègue restent impassibles. Cette fois, les détenus quittent la salle de gym dans le calme et regagnent leur cellule en quelques minutes. A Liancourt, 200 surveillants se relaient permanence pour encadrer 700 détenus, du délinquant au grand criminel. Chaque matin, Corrine doit renouer avec ce monde clos.
Bonjour, vous allez bien.
Il faut ouvrir combien de portes avant votre bureau.
Onze ! Ça met dans l'ambiance.
Pour l'ambiance, il y a aussi les cris des détenus.
C'est l'ambiance sonore de la prison.
Cette ancienne prof est en quelque sorte la patronne de la prison.
Quoi de neuf depuis hier soir.
Jusqu'à présent aucun incident. Fabrice est là pour y veiller. Sous sa surveillance, 50 détenus.
Ca, de manière générale, c'est une demande. On met un drapeau comme ça pour attirer l'attention du surveillant. Oui, c'est pour quoi? Le téléphone, allez-y.
Téléphoner, acheter des cigarettes. En général, le matin tout est calme. C'est au moment de la promenade que ça se complique.
Promenade.
Beaucoup de détenus sortent en même temps. En groupe, les tensions peuvent monter très vite.
Il faut toujours faire attention, être sur ses gardes. On est plusieurs, 3 ou 4 collègues. On n'est jamais seul.
Un moment d'observation privilégié pour Corinne. Qui fréquente qui? Qui reçoit les colis jetés par dessus les murs. Qui trafique ? Ele observe tout, mais à distance.
Vous ne descendez jamais pour les surveiller directement.
Non, car on peut facilement être pris à partie. C'est dangereux.
Vous avez peur parfois.
J'ai parfois eu peur. La peur est une protection indispensable. De la peur, mais surtout beaucoup de sang-froid. Au moment du retour de promenade, certains détenus peuvent devenir agressifs.
On vous demande de rentrer.
Arrête de taper dans la porte.
Il y a régulièrement des insultes.
Oui, tous les jours.
Il faut garder son sang-froid.
Oui, c'est parfois difficile.
Quand cela va trop loin, ca se termine dans le bureau de Corinne. Ce jeune homme s'est battu avec un autre détenu.
Bonjour. Asseyez-vous. J'entends beaucoup parler de vous. Pourquoi lui avez-vous donné un coup ? A chaque fois que vous vous énervez vous donnez des coups de poing.
Y a eu des insultes aussi. Ma mère et tout ça.
Pour le calmer, il y a la menace d'un changement de prison.
Je vous demande d'avoir une attitude irréprochable. Votre maman veut toujours vous voir.
Oui.
Vous ne voulez pas qu'elle aille encore plus loin pour venir vous voir.
Donc vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Savoir menacer, réprimer mais aussi repérer les plus fragiles dans ce monde secret, les victimes de racket ou les suicidaires. Comme ces deux détenus mis à l'écart à qui Corinne rend régulièrement visite.
Vous ne courrez plus ? Pourquoi.
Je fume.
Il faut arrêter et vous remettre à la course, c'est mieux.
Je pense qu'on ne peut pas travailler dans ce métier sans empathie.
Ecouter les détresses, aider, cela fait partie du métier. Un métier dur que Fabrice comme beaucoup d'autres n'a pas choisi. Il lui rapporte 1.500 euros par mois. Une fois sortie, Corinne doit revenir dans la vraie vie.
Il y a des jours, on est soulagé de sortir. On sent que le corps et l'esprit ont besoin de souffler.
Cette voiture et ce téléphone sont ses sas de décompression, de quoi reprendre le contact avec sa famille et laisser derrière les 700 détenus de la prison.
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