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Sénat : un élu de La République en marche veut abaisser l'âge pour être candidat de 24 à 18 ans

André Gattolin a déposé une proposition de loi pour aligner l'âge d'éligibilité sur l'âge de la majorité, comme c'est le cas à l'Assemblée nationale, au Parlement européen ou à l'Elysée.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les sénateurs dans l'hémicycle du palais du Luxembourg, le 1er octobre 2011 à Paris. (AFP)

Vous avez 18 ans ? Vous pouvez devenir député, maire ou même président de la République. En revanche, impossible d'être candidat aux sénatoriales, où l'âge minimum requis est de 24 ans. Une proposition de loi déposée par le sénateur André Gattolin, 58 ans, souhaite abaisser ce seuil à l'âge de la majorité. "Clarifions, simplifions et vivons à notre époque", résume l'élu de La République en marche à franceinfo. Déposé fin septembre, le texte doit maintenant être discuté le 21 novembre en séance publique au Sénat.

En 2011, l'âge minimum requis avait été abaissé à 18 ans pour les mandats de député, de député européen et de président, contre 23 auparavant. Au Sénat, le seuil est passé de 30 ans à 24 ans. La chambre haute du Parlement possède en effet des compétences territoriales, et certains de ses élus considèrent qu'une bonne connaissance de ces dossiers est requise pour déposer une candidature. Comme il était impossible d'imposer l'exercice d'un mandat local, la durée d'un mandat sénatorial (six ans) a donc été ajoutée à l'âge de la majorité.

Certains élus locaux sont des grands électeurs et ont donc l'obligation de voter aux sénatoriales sans pouvoir être candidats eux-mêmes.

André Gattolin

à franceinfo

Toujours selon l'élu, par exemple, 38 des grands électeurs des Hauts-de-Seine seraient âgés de moins de 24 ans et concernés par cette "anomalie démocratique".

Des sénateurs âgés de 61 ans en moyenne

Lors du renouvellement sénatorial de 2008, l'âge moyen des élus était de 62 ans, tout comme en 2011. Il était encore de 61 ans en 2017, après l'abaissement de l'âge limite de 30 à 24 ans. "Cette mesure ne va pas révolutionner la politique mais elle n'est pas uniquement symbolique pour autant, reprend le sénateur des Hauts-de-Seine. Elle engage la reconnaissance de 4 millions de jeunes Françaises et Français âgés de 18 à 24 ans. Accorder des droits formels est important du point de vue de la justice sociale."

La suppression du seuil de 24 ans figure au programme du parti Allons enfants !, un mouvement de jeunesse qui a présenté 54 candidats aux législatives de 2017. "Les jeunes se désintéressent de la politique et la politique se désintéresse des jeunes", explique Pierre Cazeneuve, élu au conseil municipal de Saint-Cloud et cofondateur de ce mouvement. Le jeune homme dénonce les "vicissitudes de l'imaginaire collectif, qui considère qu'une date de naissance garantirait la légitimité" et souhaite "maximiser la présence des jeunes en politiques".

Une idée difficile à faire passer

Bien décidé à faire entendre ses argument, Pierre Cazeneuve a appelé deux sénateurs par jour pendant trois semaines, avant de trouver l'oreille attentive d'André Gattolin. Car "certains sénateurs souffrent de cette image de maison de retraite politique parfois associée au Sénat", justifie Pierre Cazeneuve. Lesquels se sont donc montrés favorables à l'idée. Sans compter la réelle carte à jouer des jeunes candidats sur des thèmes territoriaux comme la mobilité, le numérique, le développement durable ou les "smart cities".

Il est important d'appeler les jeunes à s'engager en politique, mais c'est un processus inter-générationnel.

Pierre Cazeneuve

à franceinfo

Le texte du sénateur André Gattolin propose de fixer l'âge de 18 ans dès le prochain renouvellement sénatorial, en 2023. Si la proposition de loi est adoptée, il faudra encore convaincre les partis eux-mêmes à présenter des candidats peu aguerris. En 2017, le frontiste David Rachline est entré au Sénat à l'âge de 26 ans, mais cette année-là, aucun autre élu n'avait moins de 30 ans.

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