"Séisme", "paysage dévasté" : le succès du FN vu par la presse européenne
L'arrivée en tête du Front national aux élections européennes a été beaucoup commentée en dehors de nos frontières.
Marine Le Pen aura réussi son pari : l'expression "premier parti de France" est dans tous les journaux… européens. Si la presse française a longuement analysé l'arrivée en tête du Front national lors des élections européennes du dimanche 25 mai, les médias des autres pays de l'UE ont eux aussi commenté les 24,85% de suffrages recueillis par le parti d'extrême droite. Tour d'horizon.
Un "cœur malade au centre de l'Europe"
"L'extrême droite submerge la France", titre le quotidien espagnol El Mundo (en espagnol), lundi. C'est "un séisme politique", assène le Frankfurter Allgemeine Zeitung (en allemand). Dans un édito virulent, la correspondante à Paris du quotidien belge Le Soir interprète le score du FN comme une "rupture entre les Français et la politique qui nécessiterait de renverser la table", de "changer d'ère".
"Les appréhensions des Européens se cristallisent désormais sur la France", affirme le Corriere della Sera (en italien), qui titre "Le cœur malade au centre de l'Europe". En Italie, pays des populistes Silvio Berlusconi et Beppe Grillo, c'est le Parti démocrate (centre-gauche), mené par le président du Conseil Matteo Renzi, qui est arrivé en tête dimanche.
Des interprétations parfois hasardeuses
Une partie de la presse nuance cependant cette victoire, rappelant que le FN n'a pas gagné la présidentielle. "Premier parti de France, oui, mais avec une abstention à 57%", rappelle le Guardian (en anglais), appuyé par La Vanguardia (en espagnol), qui ajoute qu'"en France, comme dans de nombreux autres pays, les élections européennes sont perçues comme inoffensives, ce qui permet d’exprimer librement sa mauvaise humeur".
Ce succès du FN est à attribuer à "un paysage [politique] dévasté", "à gauche comme à droite", explique Le Soir. "Chez vous, il y a une certaine violence dans les propos, en politique. Les partis traditionnels sont responsables en partie de ce qui arrive, diagnostique Maryse Jacob, journaliste au service international de la RTBF, la radiotélévision belge. Vu de Bruxelles, on se dit que les Français doivent être perdus, entre l'affaire Bygmalion et le président qui a l'air d'être sur une autre planète. Ou alors, il faut avoir de vraies convictions pour y arriver."
Le choc du score du FN a aussi donné lieu à des interprétations hasardeuses. En Italie, "l'actualité a énormément tourné autour de Marine Le Pen, témoigne Luisa Nannipieri, journaliste italienne qui vit entre Paris et Milan. A tel point que certains médias ont laissé entendre que la démission de Jean-François Copé de la présidence de l'UMP aurait pour cause le score du FN." L'agence de presse italienne Ansa a ainsi expliqué dans une dépêche (en italien) que le scrutin européen y était pour beaucoup. Elle s'est ensuite ravisée, titrant sur l'affaire Bygmalion.
Un écho limité dans les nouveaux pays membres
Reste que si l'actualité française a trouvé un large écho chez ses voisins, du côté des nouveaux venus dans l'Union européenne, elle n'a pas suscité beaucoup de réactions. En Croatie, où seuls 25% des électeurs se sont rendus aux urnes, "il y a eu quelques articles factuels, mais pas plus, jauge Hrvoje Appelt, journaliste croate pour EUObserver (en anglais). Les gens ne s'intéressent pas à ce qui se passe en France. Ils ont assez de problèmes ici."
Un détail aura toutefois retenu l'attention du pays : l'utilisation de l'image de Leonarda Dibrani sur les affiches du FN, assorti de cette citation : "On attend que notre passeport croate soit prêt et on est libres, on peut aller où on veut après. Parce que c'est l'Europe, et c'est tout !", comme le rapporte le site d'actualités croate jutarnji.hr.
A diffuser ! pic.twitter.com/HRimSoEBj9
— Florian Philippot (@f_philippot) May 21, 2014
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