Régionales : "Le retrait des listes PS face au FN est insensé", s'indigne Axel Kahn
Francetv info a interviewé Axel Kahn, médecin, essayiste et ancien candidat socialiste. Il estime que l'appel à un "barrage républicain" lancé par le premier secrétaire du PS est une "erreur très regrettable".
"Le Parti socialiste décide de faire barrage républicain." Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé, dimanche 6 décembre, au soir du premier tour des élections régionales, sa décision de retirer ses candidats dans les régions où le Front national peut l'emporter au second tour des élections régionales. C'est déjà le cas dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
>> Toute l'actualité du premier tour des régionales dans notre direct
Médecin généticien, essayiste humaniste et candidat malheureux aux législatives de juin 2012 dans la deuxième circonscription de Paris pour le Parti socialiste, Axel Kahn s'oppose vivement à cette stratégie. Il explique pourquoi à francetv info.
Francetv info : L'appel à un "barrage républicain" est-il utile, ou le PS fait-il fausse route ?
Axel Kahn : Je suis favorable à un front républicain quand il existe. Aujourd'hui, il n'y en a pas. D'ailleurs Nicolas Sarkozy, le président du parti Les Républicains, ne s'y trompe pas : il n'a annoncé ni retrait ni fusion pour contrer le FN. Je ne lui en veux pas. Aujourd'hui, il n'y a plus de front républicain.
Les conséquences de la décision du PS sont très lourdes. C'est insensé, une erreur très regrettable, car quoi qu'il arrive, le FN sera gagnant, comme je l'explique sur mon blog. En effet, si le PS est absent, il n'y a que deux possibilités au second tour. Soit le FN est élu, et dans ce cas le PS entérine sa disparition et la prédiction de Marine Le Pen se confirme. Soit le FN est battu, mais dans ce cas la gauche laisse à l'extrême droite le monopole de l'opposition face à l'alliance Les Républicains-UDI-MoDem au sein du conseil régional.
Le PS enjoint Jean-Pierre Masseret, tête de liste du parti distancée en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (16,11%), de se retirer pour éviter la victoire du frontiste Florian Philippot, arrivé largement en tête au premier tour (36,06%). Mais il refuse. Sur Twitter, vous répondez : "Jean-Pierre, je suis Champagne-ardennais, NE LÂCHEZ RIEN, préservons au moins l'avenir". Pourquoi soutenir ce candidat ?
Quand je dis "je suis Champardennais", je le suis vraiment. Ma famille est originaire du village de Mussy-sur-Seine (Aube), et une partie vit encore dans la région. Mais au-delà, je veux dire qu'il est important de cesser de laisser du terrain au Front national, d'arrêter de faire le gros dos face au raz-de-marée qu'on traverse. Il ne faut pas déserter le combat d'un terrain difficile. Au contraire, il faut se défendre pied à pied et se battre avec les moyens que l'on a.
Au vu de ces résultats électoraux, comment envisagez-vous la prochaine élection présidentielle, en 2017 ?
Il est impossible d'éviter que Marine Le Pen se retrouve au second tour de la présidentielle. Dès lors, il faut se demander quel sera le candidat capable de la battre, et de la battre efficacement. François Hollande peut réellement perdre. Nicolas Sarkozy vient de faire preuve de sa grande inefficacité. Il n'a plus de leadership au sein des Républicains.
Or, je veux soutenir celui ou celle qui aura le plus de chances de battre Marine Le Pen. Aujourd'hui, je me demande si ça ne m'amènera pas à soutenir… Alain Juppé, le maire de Bordeaux [candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017]. Car la victoire de Marine Le Pen, même si elle apparaît toujours improbable, n'est plus impossible.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.