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Après le retrait des listes PS, les électeurs de gauche désorientés : "On comptait sur eux pour que les choses changent"

Au second tour, les électeurs de gauche de Paca et de Nord-Pas-de-Calais-Picardie auront le choix entre un candidat de droite et un autre d'extrême droite. Certains ont confié à francetv info leur état d'esprit.

Article rédigé par Carole Bélingard - propos recueillis par
France Télévisions
Publié
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Une militante socialiste lors du premier tour des élections régionales, à Lille (Nord), le 6 décembre 2015. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

"Quand on aime son pays, on n'hésite pas, on appelle à voter Les Républicains", a lancé Manuel Valls, lundi 7 décembre. Pour faire pour faire barrage au Front national au second tour des régionales, le Premier ministre a demandé aux électeurs socialistes de voter pour le candidat de la droite et du centre dans les régions Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Dans ces deux dernières, les candidats socialistes ont même choisi de retirer leurs listes. Mais la stratégie établie rue de Solférino passe souvent mal auprès des militants socialistes. Qu'en pense ceux qui ont donné leurs voix au Parti socialiste pour le premier tour ? Que vont-ils faire dimanche ? Francetv info a recueilli leurs témoignages.

"La consigne de vote, je m'en fiche complètement"

La stratégie du Parti socialiste de se retirer, en cas de triangulaire, est diversement appréciée par ses électeurs. Pour Nicole, enseignante dans le Nord, le retrait des candidats socialistes "était la seule chose à faire". "Le fait que tout le monde [Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis] appelle à voter à droite, je trouve cela très bien", ajoute-t-elle.

Mais son avis loin d'être partagé. "Le retrait de Castaner [le candidat PS en Paca] m'est insupportable. Nous, on comptait sur eux pour que les choses changent", confie Anne, une électrice des Bouches-du-Rhône. Pour d'autres, l'appel du Premier ministre à voter pour les candidats de droite n'influence pas leur choix. "La consigne de vote, je m’en fiche complètement ! Je suis libre, je fais ce que je veux", assure Laurent, cadre en Picardie.

"Si Marine Le Pen gagnait ce serait la cata"

Beaucoup s'accordent à dire qu'ils ne veulent pas d'une région présidée par le Front national. A ce titre, ces électeurs de gauche sont prêts à voter à droite. "Une chose est sûre, à titre personnel, je m’interdis de voter FN. N’importe qui sauf Marine Le Pen", affirme Laurent. "Je travaille avec des entreprises qui veulent s’implanter dans la région. Pour l’image, je préférerais encore voter Xavier Bertrand. Il reste modéré. Il y aura une continuité dans les services au niveau de la région, une continuité au niveau de l’attractivité", justifie-t-il.

La peur d'une victoire de la patronne du Front national motive également Nicole : "Je n’apprécie pas Xavier Bertrand. Mais je voterai pour lui au second tour pour éviter que Marine Le Pen arrive à la tête de la région Nord Pas-de-Calais-Picardie. Elle dit aux gens ce qu’ils veulent entendre mais ce serait la cata si elle gagnait." 

"Hors de question de voter contre mes convictions"

Pour certains, le choix reste très compliqué. "Je ne suis vraiment pas de droite, assure Nouar, enseignante dans les Bouches-du-Rhône. Je n'ai pas envie de donner ma voix à ce personnage [Marion Maréchal-Le Pen]. Mais entre deux maux, je préfère le moindre."

D'autres électeurs ne peuvent se résoudre à une option restreinte entre un candidat de droite et un candidat d'extrême droite. "Je n'irai pas voter au second tour pour Christian Estrosi, dont les mots durant la campagne ont eu le même sens que ceux du FN", déclare Vincent, habitant du Var. Même tonalité pour Malik, électeur en Nord-Pas-de-Calais-Picardie : "Je compte voter blanc. Hors de question de voter contre mes convictions pour contrer Le Pen."

"La droite nous méprise"

Enfin, certains électeurs fustigent la position édictée par Nicolas Sarkozy : ni retrait, ni fusion des listes. "Si au moins Xavier Bertrand avait fait un geste d'ouverture dans son programme et dans sa liste, j'aurais envisagé de voter pour lui, mais dans ces conditions, c'est hors de question", s'exclame Malick.

"La droite nous méprise totalement, elle ne s’adresse pas aux électeurs de gauche. Il n’y a pas de main tendue, il n’y a rien. Sarkozy ignore superbement les désistements du Parti socialiste", s'insurge Anne.

Même si Nicole ira voter dimanche pour le candidat du parti Les Républicains, elle regrette "qu’il n’y ait pas eu d’entente entre la droite et la gauche". Elle poursuit : "J’aurais aimé que la droite fasse un petit effort et ouvre quelques postes pour la gauche. Ils auraient pu faire ça, au moins vis-à-vis des électeurs de gauche qui vont voter pour eux." 

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