Vœux présidentiels : pour la classe politique, il y aura deux Emmanuel Macron ce soir à la radio et à la télévision
Le président de la République présentera vendredi 31 décembre les rituels vœux aux Français pour la nouvelle année. Nous avons demandé à plusieurs personnalités politiques ce qu'elles en attendent.
"Mes chers compatriotes, notre nation a traversé cette année avec une belle unité et une belle résilience. Nous avons fait les bons choix au bon moment. L'espoir est là, dans le vaccin." Cette phrase n'est pas dans le texte présidentiel de ce 31 décembre, mais extraite des vœux présentés aux Français par Emmanuel Macron il y a un an.
Cet exercice traditionnel du chef de l'État revêt toujours un caractère particulier lorsqu'il s'agit de la dernière année du mandat présidentiel. "Emmanuel Macron a une chance sur deux que ce soient ses derniers vœux", rappelle Franck Louvrier. Pour l’ancien communicant de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, aujourd’hui maire LR de La Baule, "ce sera un exercice compliqué, parce que le président va regarder la France dans les yeux, mais sans lui dire la vérité. Comme il ne va pas annoncer qu’il sera candidat, cela va lui poser un problème de crédibilité", analyse Franck Louvrier.
Du côté de la majorité présidentielle, voilà ce que l'on attend de l'allocution de vendredi soir : "Il pourrait revenir sans polémique sur l’année écoulée, qui grâce à la vaccination nous a permis de vivre sans trop de contrainte. Rappeler que le combat n’est pas fini et que la vaccination reste la meilleure arme, anticipe Roland Lescure, président de la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale. S’il reste un peu de bande passante, il devrait nous parler de la présidence française de l'Union européenne et des échéances électorales de 2022. Mais là encore, sans polémique, en appelant à un débat raisonné et la prise en compte des risques sanitaires. Bref, calmer le jeu et appeler à la responsabilité."
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Sans surprise, Marine Le Pen n’attend rien de ces vœux : ce sera une fois de plus "un exercice lunaire d’autosatisfaction", prédit la candidate du Rassemblement national, qui anticipe un couplet sur le thème "Nous avons évité la mort de l’humanité grâce à des mesures si difficiles à prendre". En résumé, "je n'en attends rien du tout", conclut Marine Le Pen.
Même tonalité chez Bruno Retailleau : "J’attends d’Emmanuel Macron l’exact inverse de sa dernière émission télévisée : qu’il parle aux Français et pas de lui-même. Et qu’il propose une réponse à la seule question qui vaille au seuil de cette nouvelle année : au nom de quels principes les Français peuvent-ils encore former un grand peuple, uni et tendu vers l’avenir", déclare le président du groupe LR au Sénat, soutien de Valérie Pécresse.
"J'attends qu’à défaut de tirer un bilan, tant le sien est pauvre, il trace des perspectives."
Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénatà franceinfo
À gauche, Julien Bayou est lui aussi particulièrement critique : "Je n'attends plus rien de lui, si ce n'est peut-être un 'au revoir', ironise le secrétaire national d’EELV. Liberté égalité, fraternité, climat, ce président a échoué, renoncé ou trompé sur tout, quel contraste avec 2017. Pour les personnes qui y ont cru, c'est brutal. Pour 2022, du coup, le choix clair et cohérent, c'est l'écologie", ajoute le soutien de Yannick Jadot.
Quant au patron des sénateurs LREM François Patriat, ami du couple présidentiel et ancien socialiste, il se souvient des ultimes vœux de François Mitterrand : "Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas". C’était le 31 décembre 1994. "Emmanuel Macron nous dira, différemment, qu’il sera toujours là sans nous dire qu’il sera candidat", conclut François Patriat.
À tous les entendre, il y aura donc deux Emmanuel Macron ce soir à la radio et à la télévision : un président face caméra et un candidat caché. Près de dix millions de Français suivront l’allocution.
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