Sept choses à retenir des comptes de campagne des candidats à l'élection présidentielle
Globalement, le montant des dépenses était plafonné à 16,851 millions d'euros pour chaque candidat du premier tour et à 22,509 millions pour les deux du second.
La Commission nationale des comptes de campagne (CNCC) a validé les comptes des onze candidats à l'élection présidentielle, mardi 13 février. L'instance a retranché un certain nombre de dépenses, notamment celles de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
Au premier tour, les candidats ne peuvent pas dépenser plus de 16,8 millions d'euros. Ceux qui recueillent plus de 5% des suffrages peuvent prétendre à un remboursement de leurs dépenses jusqu'à 8 millions d'euros. Ceux qui n'atteignent pas ce score peuvent être remboursés jusqu'à 800 000 euros, précise le Conseil constitutionnel. Les candidats qualifiés pour le second tour peuvent augmenter leurs dépenses jusqu'à 22,5 millions d'euros et prétendre à un remboursement de 10,7 millions d'euros. La CNCC reçoit ensuite les dossiers des comptes de campagne de chaque candidat et peut choisir d'écarter certaines dépenses. Voici ce qu'il faut retenir.
François Fillon : candidat le moins remboursé
Si le montant total de dépenses déclaré par le candidat des Républicains avoisine les 13,7 millions d'euros, le remboursement n'atteindra que 2,07 millions d'euros, soit 15% de ses dépenses. En effet, 10 millions de recettes provenaient de la Haute Autorité chargée d'organiser la primaire de la droite, remportée par François Fillon, et ce "don" n'a pas vocation à être remboursé, rapporte la Commission.
"Il n'y a aucun rebondissement, c'est prévu comme cela depuis trois ans", a commenté Vincent Chriqui, ancien directeur de campagne de François Fillon. "La primaire n'a jamais été organisée pour renflouer ni Les Républicains ni quelque parti que ce soit", a de son côté insisté le trésorier des Républicains, Daniel Fasquelle.
Emmanuel Macron : des frais de coaching vocal refusés
Le candidat d’En marche ! a dépensé 16,698 millions d'euros lors de sa campagne, mais la Commission a retranché 119 539 euros. Parmi ces dépenses rejetées, une somme de 11 656 euros comprenant "notamment des dépenses de sécurité personnelle du candidat et des honoraires de coaching vocal".
La Commission a aussi décidé de ne pas rembourser 10 360 euros correspondant à deux sondages de notoriété ou d'intentions de vote. Au total, Emmanuel Macron va être remboursé de 10,64 millions d'euros.
Marine Le Pen : candidate la plus remboursée… mais avec le plus de dépenses retoquées
La Commission a retranché la somme de 873 576 euros des comptes présentés par Marine Le Pen. L'essentiel de cette somme est constituée "des intérêts facturés par deux formations politiques, pour plusieurs prêts à la candidate d'un montant total de 11,795 millions d'euros".
Selon Le Monde, ces prêts ont été contractés auprès du FN et de Cotelec, le microparti de Jean-Marie Le Pen. Le quotidien avance que les intérêts fixés par le FN et Cotelec s’élevaient respectivement à 242 017 euros et 585 000 euros, et s'interroge sur un éventuel enrichissement de ces deux structures grâce ces emprunts. Des affirmations démenties par Marine Le Pen dans un communiqué. L'ancienne candidate affirme que l'intégration des intérêts d'emprunts aux comptes de campagne "est parfaitement légale".
Incompétence ou malveillance ? Dans les deux cas, @lemondefr commet une lourde diffamation à mon égard. Je les poursuis donc devant le tribunal correctionnel. MLP https://t.co/acb1YJoKws pic.twitter.com/6p0bwbTxvD
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 13 février 2018
Ce n'est pas l'avis de la Commission, selon laquelle ces intérêts peuvent être intégrés au compte "dans le seul cas où ladite formation politique a elle-même souscrit un emprunt bancaire spécifique pour le financement de la campagne et où elle refacture les intérêts qu'elle a payés à ce titre à l'établissement bancaire". Marine Le Pen percevra de l'Etat 10 691 775 euros, montant maximum auquel a droit un candidat parvenu au second tour.
Jean-Luc Mélenchon : des dépenses de loyer et d'achats de vin rejetées
Sur les 10 241 760 euros de dépenses arrêtées par le candidat de La France insoumise, l'Etat remboursera 6 031 304 euros. En tout, 439 939 euros de dépenses ont été rejetés. Ils correspondent au montant des loyers de la permanence électorale à Paris du candidat, précise "L'Œil du 20 heures". Ces bureaux situés dans le 18e arrondissement ont été loués pour 28 441 euros, un loyer supérieur d’environ 10 000 euros aux prix du marché, selon la Commission.
Parmi les dépenses du candidat retoquées par la Commission figurent aussi deux importants achats de vin, de 8 594 et 5 278 euros (soit 13 872 euros au total), qui ont été retranchés "faute de justifications satisfaisantes", précise Le Figaro.
Benoît Hamon : l'achat de drapeaux occitans non remboursés
Sur les 15 072 745 euros dépensés par le candidat socialiste, 7 949 043 euros ont été remboursés par l'État, détaille Le Figaro. Parmi les sommes non remboursées par la Commission, 35 480 euros liés à des enquêtes de notoriété n'ayant pas fait l'objet d'une exploitation à des fins de propagande électorale et l'achat de drapeaux occitans. Des frais de déplacement, de restauration, d'hôtellerie et de réparation de véhicule à hauteur de 8 660 euros ont aussi été retoqués.
Autre fait notable, la somme de 15 614 euros correspondant aux frais d'un salarié chargé de l'archivage, pour la période allant du 25 avril au 7 juillet 2017, a été retoquée, la Commission estimant que cette activité ne pouvait pas faire partie des comptes de campagne du candidat.
Nicolas Dupont-Aignan : un déplacement en Bulgarie "non justifié"
Sur 1,8 million de dépenses, le candidat de Debout la France s'est fait rembourser 800 000 euros, soit près de 45% de ses dépenses. La Commission a retoqué quelques dépenses "non justifiées", comme 2 568 euros correspondant à des frais de déplacement en Bulgarie. Selon Le Figaro, il s'agissait, début avril 2017, d'un déplacement de deux militants de Debout la France partis de Bulgarie jusqu'à Menton (Alpes-Maritimes) pour démontrer "la porosité des frontières" européennes.
Par ailleurs, la Commission n'a pas remboursé une convention de stage d'un montant de 1 074 euros, estimant qu'elle n'était pas justifiée.
Jean Lassalle : le moins dépensier des candidats
Sur 260 000 euros environ de frais de campagne, le candidat a été remboursé de la quasi totalité, soit 230 000 euros. Quelques "petites" dépenses ont toutefois été retoquées, comme 200 euros correspondant à des honoraires d'évaluation d'un immeuble, 5 256 euros correspondant à des travaux de réparation effectués sur un véhicule automobile et 267 euros correspondant à des frais de teinturerie.
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