Présidentielle : "La moindre faute peut vous faire perdre le débat" de l'entre-deux-tours, prévient l'ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy
Franck Louvrier, maire Les Républicains de La Baule, le débat de l'entre-deux-tours "est le moment paroxysmique de la campagne" présidentielle.
"La moindre faute peut vous faire perdre le débat" de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle prévu mercredi 20 avril, prévient sur franceinfo dimanche 17 avril Franck Louvrier, maire Les Républicains de La Baule et ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. Il explique qu'il faut donc se préparer "sur le fond" mais aussi "sur la forme". Selon Franck Louvrier, si d'habitude lors de ce débat "la marge pour faire déplacer le nombre de voix est assez faible", avec l'abstention de cette année "vous pouvez déplacer quelques voix".
franceinfo : Comment se prépare-t-on à un moment comme celui-là ?
Franck Louvrier : La préparation se joue dans la campagne électorale. Au fur et à mesure, vous faites des débats, des réunions publiques et vous intégrez totalement votre programme. Quand vous arrivez vous n'avez donc pas besoin de bachoter. Vous connaissez parfaitement bien les sujets sur lesquels vous allez débattre parce que vous connaissez aussi les positions de votre adversaire. Au-delà de la préparation sur le fond, il y a aussi la préparation physique. Vous êtes épuisé par des semaines, si ce n'est des mois, de responsabilités et de ce fait là vous êtes obligé de vous concentrer quelques heures, si ce n'est quelques jours avant.
Faut-il aussi choisir sa posture, à savoir l'attaque ou la défense, rester calme ou montrer de l'énergie ?
Bien sûr. Ce qu'il faut c'est que vous connaissiez parfaitement bien votre adversaire à la fois sur le fond et sur la forme. Et à partir de ce moment-là, c'est un réglage personnel. La télévision s'écoute avec les yeux, il faut donc être bon à la fois sur le fond et sur la forme. Vous avez comme enjeu de maîtriser parfaitement bien votre attitude. Quand vous êtes un homme et que vous êtes face à une femme, ce n'est pas la même chose que lors d'un débat face à un autre homme, pour la simple et bonne raison que vous devez avoir une attitude plus conciliante, moins agressive sinon immédiatement vous passez pour le méchant.
Comme en 2007 lors du débat d'entre-deux-tours entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Est-ce du théâtre ou ça se produit réellement comme ça ?
Non ce n'est pas du théâtre, c'est la vie politique et c'est la pression car ce rendez-vous c'est le moment paroxysmique de la campagne. Il est unique, ce que je regrette, car vous n'avez pas le temps d'évoquer tous les sujets en deux ou trois heures. La moindre faute peut vous faire perdre le débat. Vous ne gagnez pas tellement le débat, mais vous pouvez le perdre. Vous ne gagnez pas tellement de voix parce qu'en général vous vous adressez aux plus convaincus, c'est-à-dire ceux du camp adverse qui ne voteront pas pour vous et ceux de votre camp qui sont assurés de voter pour vous. La marge pour faire déplacer le nombre de voix est donc assez faible. Mais cette fois il y a un élément supplémentaire : l'abstention étant tellement forte, le seul rendez-vous pour réfléchir à l'élection présidentielle, c'est ce débat donc peut-être que là vous pouvez déplacer quelques voix.
Est-ce qu'être président sortant implique que votre bilan sera utilisé contre vous ?
Bien sûr. Il y a une deuxième difficulté qu'a rencontré Nicolas Sarkozy et que va rencontrer Emmanuel Macron, c'est qu'il n'a pas fait de débat depuis cinq ans alors que son adversaire est sur les plateaux de télévision et en débat régulièrement. C'est sans doute un des handicaps les plus importants parce que l'entraînement ça compte, surtout en politique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.