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Présidentielle 2022 : on vous explique le "principe d'équité" du temps de parole entre les candidats

Jusqu'au 28 mars, l'expression des candidats présumés ou déclarés et de leurs soutiens à l'élection présidentielle est décomptée de manière spécifique par l'Arcom, instance qui fusionne le CSA et la Hadopi.

Article rédigé par Thibaud Le Meneec
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Bruno Le Maire et Eric Zemmour sur le plateau de l'émission "Elysée 2022" sur France 2, le 9 décembre 2021.  (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

L'interrogation revient tous les cinq ans, à chaque élection présidentielle. Comment est calculée l'exposition des différents candidats à la radio et à la télévision ? Depuis le 1er janvier et jusqu'au 27 mars, c'est le "principe d'équité" qui s'applique. Ce dernier est contrôlé par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), nouvelle instance qui regroupe le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et la Hadopi. Ce principe, qui vise à renforcer le pluralisme en période électorale, ne doit pas être confondu avec l'égalité du temps de parole, qui devra être observée plus tard dans la campagne. Explications.

Qu'est-ce que le principe d'équité ?

A partir du 1er janvier, date du début de la période électorale, "tous les candidats déclarés ou présumés doivent être traités de façon équitable en fonction du poids politique", a expliqué Roch-Olivier Maistre, le président de l'Arcom, lundi 3 janvier, sur franceinfo. Cette notion de "poids politique" recoupe plusieurs éléments : les résultats aux élections précédentes, les sondages ou encore "l'implication dans la campagne", souligne le régulateur, qui fait notamment référence à "l'organisation de réunions publiques, la participation à des débats, la désignation d'un mandataire financier". En clair, plus un camp se mobilise en vue du scrutin, plus son temps d'antenne pourra être élevé. L'Arcom souligne que ce principe d'équité doit être respecté sur toute la période (c'est-à-dire jusqu'au 27 mars), à la fois pour le temps de parole et pour le temps d'antenne.

Quelle est la différence entre le temps de parole et le temps d'antenne ?

Le temps de parole d'un candidat correspond à la durée de ses différentes interventions, mais aussi de ses soutiens, sur les services de télévision et de radio. Pour obtenir le temps d'antenne d'un candidat, il faut ajouter à son temps de parole "l'ensemble des séquences qui lui sont consacrées, si celles-ci ne lui sont pas explicitement défavorables", précise l'Arcom. Il en est ainsi du reportage d'une chaîne de télévision sur le déplacement d'un candidat ou d'un débat entre spécialistes sur son programme.

Qu'est-ce qui change à partir du 8 mars ?

A partir du mardi 8 mars, jour de la publication au Journal officiel de la liste des candidats établie par le Conseil constitutionnel, l'Arcom va veiller au principe d'équité dite "renforcée". L'équité du temps d'antenne doit alors "être respectée dans des conditions de programmation comparables", en fonction de quatre tranches horaires (matin, journée, soir et nuit). Jusqu'au dimanche 27 mars, pas question, par exemple, de ne diffuser les prises de parole d'un candidat et de ses soutiens seulement dans le creux de l'après-midi ou la nuit, à une heure de faible écoute.

Quand la période d'équité prendra-t-elle fin ?

Dès le lundi 28 mars, date du début de la campagne présidentielle officielle (soit deux semaines avant le premier tour), l'égalité du temps d'antenne remplace l'équité : tous les candidats en lice doivent bénéficier de la même exposition jusqu'au vendredi 8 avril, date de fin de la campagne pour le premier tour. Lors de la période de réserve, samedi 9 et dimanche 10 avril, "aucun sondage, résultat ou propos électoral ne peut être diffusé à l’antenne", rappelle également l'Arcom. Une nouvelle période d'égalité reprend au lendemain du premier tour, jusqu'au vendredi 22 avril, à l'avant-veille du second tour.

Qu'en est-il d'Emmanuel Macron ?

Pas encore déclaré, le chef de l'Etat n'échappe pas au décompte réalisé par les médias car il est présumé candidat à sa réélection. Une nuance s'applique cependant dans son cas : "On fait la séparation entre ses propos en tant que chef de l'Etat au sens régalien et ses propos quand il descend dans le débat politique", explique Roch-Olivier Maistre.

Concrètement, lorsqu'il s'exprime sur les mesures prises face au Covid-19, son temps d'antenne n'est pas comptabilisé, car cela correspond au domaine régalien. En revanche, quand il défend son bilan ou se projette sur les échéances électorales de 2022 et au-delà, Emmanuel Macron voit son expression prise en compte.

En attendant l'analyse des vœux du 31 décembre, l'Arcom a estimé que les deux tiers de son allocution du 9 novembre avait trait au débat politique national, une proportion que le régulateur a également observée pour sa conférence de presse sur la présidence française de l'Union européenne, le 9 décembre.

Qui contrôle ces règles de pluralisme ?

On imagine volontiers les petites mains de l'Arcom surveiller chaque chaîne de télévision et chaque antenne de radio pour saisir à la seconde près les expressions des uns et des autres. Ce n'est qu'en partie vrai : le décompte du temps d'antenne est réalisé conjointement par les médias et le régulateur.

"Chaque rédaction nous communique la liste des personnes qu'elles ont invitées, le temps de parole et le temps d'antenne."

Roch-Olivier Maistre, président de l'Arcom

sur franceinfo

Ensuite, l'Arcom publie tous les quinze jours le détail de ces décomptes et "statue sur le respect de ce principe d'équité". Il est par exemple possible de consulter les relevés bimensuels de la chaîne franceinfo, comme pour les autres médias audiovisuels, lors de l'élection présidentielle de 2017.

Des sanctions sont-elles possibles ?

Dans un premier temps, saisie par des particuliers ou des personnalités qui estiment ne pas bénéficier d'un temps d'antenne équitable, l'Arcom "peut intervenir pour signaler aux radios et aux télévisions les déséquilibres qu’elle constate afin qu’ils soient corrigés le plus rapidement possible". L'instance peut aussi "mettre en demeure les médias qui ne respectent pas leurs obligations et infliger une sanction si l’avertissement n’est pas suivi d’effet".

Durant la précédente campagne présidentielle, seule Radio Classique avait été mise en garde, sanction préalable à la mise en demeure, pour ne pas avoir transmis correctement au CSA les relevés de temps de parole et d'antenne des candidats à l'Elysée. Depuis, la chaîne de télévision CNews a été mise en demeure début décembre pour avoir relégué la nuit les responsables de La France insoumise et du gouvernement.

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