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Présidentielle 2022 : "Emmanuel Macron serait qualifié pour le second tour. Mais face à qui ?", s'interroge le directeur général délégué d'Ipsos

Brice Teinturier, directeur général délégué de l'insitut de sondage Ipsos détaille sur franceinfo les résultats de l'enquête Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et "Le Parisien/Aujourd'hui en France" en vue de la présidentielle de 2022 et publiée vendredi.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron, le 29 septembre 2021, dans la cour des Invalides à Paris lors de l'hommage rendu au caporal-chef Maxime Blasco, tué au Mali lors d'une opération anti-terroriste. (STEPHANE MAHE / POOL)

Alors qu'Emmanuel Macron reste stable dans les sondages, Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos voit samedi 2 octobre dans Eric Zemmour, "un vrai phénomène", après la publication d'un sondage Ipsos-Sopra Steria vendredi pour franceinfo et Le Parisien/Aujourd'hui en France en vue de la présidentielle de 2022. Éric Zemmour, qui n'est pas candidat, est crédité de 15% des intentions de vote, juste derrière Marine Le Pen.

franceinfo : Emmanuel Macron reste toujours devant tout le monde ?

Brice Teinturier : Emmanuel Macron reste stable dans la zone des 24-26% suivant les hypothèses testées, et qui serait à ce moment-là qualifié pour le second tour. Mais face à qui ? C'est ce que nous ne savons plus : un candidat LR, un potentiel Éric Zemmour, une Marine Le Pen... On voit toutes ces options potentiellement se dessiner, peut-être que les choses se décanteront également du côté de la gauche, pour l'instant en tous les cas c'est plutôt entre le candidat LR, celui du Rassemblement national ou encore Éric Zemmour.

Comment analysez-vous ce score de 15% des intentions de vote pour Éric Zemmour dans ce nouveau sondage ?

C'est une véritable dynamique parce que 15%, c'est presque deux fois plus qu'il y a quinze jours, il obtenait 8% dans notre dernière enquête. Cela situe Éric Zemmour aujourd'hui à 1 point de Marine Le Pen et ça le fait surtout passer devant le candidat LR, qu'il s'agisse de Xavier Bertrand, à un point, ou de Valérie Pécresse ou Michel Barnier, à trois ou quatre points. On a un vrai phénomène qui va obliger Les Républicains probablement à modifier leur calendrier ou en tout cas à tenir compte de cette dynamique du candidat d'extrême droite.

On remarque aussi que Marine Le Pen se tasse un peu dans ce sondage ?

Oui, Marine Le Pen, quand elle est en concurrence avec Éric Zemmour, est talonnée par Éric Zemmour puisqu'elle obtiendrait 16 à 17% des intentions de vote là où lui pourrait faire 15%, donc on voit bien que la compétition est extrêmement serrée. En revanche, quand vous testez les intentions de vote sans Éric Zemmour, nous retrouvons une Marine Le Pen à 25 ou 26%, c'est-à-dire à un niveau extrêmement élevé. En réalité, tout se passe comme s'ils se partageaient cette espèce d'espace électoral, Éric Zemmour étant davantage sur les électeurs de catégories sociales élevées et Marine Le Pen tenant l'électorat populaire. Donc, il y a une complémentarité ou en tous les cas une dispute à l'intérieur de ce bloc d'extrême droite.

Dans ce sondage, on constate aussi que les intentions de vote pour la socialiste Anne Hidalgo sont en train de s'effondrer ?

Oui, c'est le deuxième enseignement important de l'enquête. C'est un quasi effondrement, provisoire ou pas, d'Anne Hidalgo, qui était à 9% il y a quinze jours et qui là obtiendrait 5,5% d'intentions de vote. Donc il se passe quelque chose également dans l'espace des gauches, ce qui joue un peu au profit de Jean-Luc Mélenchon, qui lui gagne plutôt un point, il se situe à 9%. Yannick Jadot, qui sort de sa primaire, est également à 9% mais en léger tassement par rapport à la dernière fois. Cela veut dire que nous avons une candidate socialiste qui soit ne suscite pas d'envie parce que les Français ne seraient pas en faveur d'une candidature social-démocrate même avec beaucoup d'écologie aujourd'hui, soit une candidate socialiste qui peine à se faire entendre dans un contexte où, précisément, ses concurrents ont été très présents. Dans ce contexte-là, Anne Hidalgo pâtit fortement de sa difficulté à se faire entendre des Français. Et donc là il y a un signal extrêmement important : il y a un rapport de force au sein de l'espace des gauches qui a bougé.

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