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"La politique, c’est des paroles en l'air" : on a suivi les jeunes pendant toute la campagne présidentielle

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Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France

Franceinfo a donné la parole aux 18-30 ans du 1er septembre jusqu'à l'élection présidentielle. Une semaine après le second tour, voici le bilan. 

Avec la chronique "Génération 2022", franceinfo a donné la parole, tous les jours, aux 18-30 ans pour reccueillir leurs préoccupations, leurs attentes et interroger leur rapport à la politique jusqu'à l’élection présidentielle. S'il est impossible de parler de "la jeunesse" ni même "des jeunes", car c’est une population loin d’être homogène, voici dans les grandes lignes ce que l'on peut retenir de ces huit mois de terrain.

Une campagne en décalage avec leurs préoccupations

Nous avons rencontré des jeunes critiques vis-à-vis du système politique actuel. Des jeunes désabusés, voire désenchantés par la politique, en tout cas par celle qui se fait dans les partis traditionnels. Pourtant, ils ne se désintéressent pas de la chose publique et encore moins de leur avenir qui les préoccupe beaucoup.

"L'écologie c'est souvent en fin de programme ou alors pour faire joli."

Mathieu, 20 ans

Beaucoup de jeunes ont trouvé que les sujets qui comptent pour eux n’avaient pas été assez présents dans les débats ni dans les programmes des candidats. Par exemple l'écologie ou la lutte contre les discriminations. 

"J'ai trouvé que la campagne était en décalage avec mes engagements."

Pia, 23 ans

Une grande partie des jeunes rencontrés ont finalement eu la sensation que cette campagne s’était passée sans eux et qu’il y avait un décalage entre les préoccupations des politiques et les leurs. Selon une enquête Ipsos publiée en février, plus d'un jeune sur deux a estimé que ses préoccupations n'avaient pas été prises en compte dans les débats de la campagne électorale. 

La campagne s'est beaucoup jouée sur les réseaux sociaux. Sur le principe, les jeunes saluent l'effort mais beaucoup ont déploré le manque de fond des contenus. Certains se sont même sentis méprisés et pas pris au sérieux. 

Les jeunes ne se reconnaissent plus dans les partis...

Au fil de ces rencontres, nous avons senti un vrai manque de confiance dans la classe politique, même si la défiance politique ne concerne pas que les jeunes. Il y a cette rengaine qui revenait souvent de "tous pareils", "rien ne changera", "on nous promet des choses qu’on ne fait pas"...

"Les politiciens parlent beaucoup mais ne font pas grand-chose."

Jordan, 18 ans

à franceinfo

Parmi les jeunes que nous avons croisés, beaucoup ne se reconnaissent pas ou plus dans les partis traditionnels. On parle de désaffiliation politique, c'est-à-dire qu'on vote de moins en moins par fidélité à un parti et d’ailleurs on a du mal à se définir politiquement.

Ce qu’on peut noter aussi, c’est une vraie demande de renouvellement de la classe politique. Sur les 12 candidats en lice pour le premier tour, sept étaient déjà présents au scrutin de 2017.

... mais certains s'engagent malgré tout

Nous avons aussi rencontré des jeunes qui croient dans le système politique actuel, dans les partis traditionnels, qui sont convaincus que la politique peut améliorer la vie des gens, et qui pensent que l’action se passe aussi dans les urnes. 

Certains essayent même de changer les règles du jeu politique de l’intérieur, en militant dans les partis à travers les mouvements de jeunesse. 

"C’est à nous de faire changer les choses. On est capables de faire émerger de nouvelles idées."

Guilhem Carayon (LR), 22 ans

à franceinfo

Nous avons rencontré des jeunes très engagés, qui donnent de leur temps à des associations, à des collectifs ou qui décident de s’emparer des réseaux sociaux pour défendre une cause ; des jeunes qui font finalement de la politique au quotidien et à leur façon. Parfois cet engagement va avec le vote, parfois non.

Beaucoup se sentent oubliés et ne votent pas

Nous avons croisé énormément de jeunes très éloignés de la politique voire complètement déconnectés, des jeunes qui ne s’informent pas ou qui s’informent mal, des jeunes qui se sentent exclus et oubliés, qui n’attendent rien de la politique et qui ne votent pas.

"La politique ne m'intéresse pas. Je n'ai même pas de carte d'électeur."

Jordan, 25 ans

à franceinfo

Ces jeunes-là, c’est dans les zones rurales et dans les quartiers populaires, où le sentiment de déclassement est très fort, que nous les avons rencontrés. La politique est perçue comme un monde très éloigné du leur. "Ce monde-là", "Ces gens-là" sont des expressions qui reviennent souvent.

"Nous les prolos, les enfants d’immigrés, on ne se sent pas représentés et on ne nous écoute pas."

Lansky, 23 ans

Ce fossé entre les milieux populaires et la politique est le sentiment le plus marquant de ces multiples rencontres, pendant des mois. D'abord en tant que journalistes, parce qu'on se dit que l'information que l'on produit tous les jours ne parvient pas à toucher tout le monde. Et ensuite en tant que citoyens, car si les jeunes des classes populaires votent de moins de moins, cela pose une question démocratique.

Ce qu’on retient de cette élection présidentielle, c’est aussi l’abstention puisque les 18-24 ans sont ceux qui ont le moins voté cette année. 42% ne se sont pas déplacés au premier tour et 41% au second. C’est beaucoup et surtout c’est un chiffre qui augmente à chaque scrutin. La prochaine élection à surveiller, ce sera les législatives, les 12 et 19 juin. En 2017, 64% des moins de 35 ans n’avaient pas voté.

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