"On n'a pas envie d'avoir les Jeux olympiques sous l'ère RN" : une partie du monde du sport se mobilise contre l'extrême droite
Un rassemblement de sportifs contre l'extrême droite a eu lieu à l'Institut du judo à Paris. Des prises de parole rares dans un milieu où parler politique n'est pas habituel.
À quatre jours du second tour de l'élection présidentielle, des sportifs se mobilisent contre l'extrême droite. Après plusieurs tribunes publiées dans la presse et sur franceinfo ces derniers jours, cette fois ce sont 200 personnes, des sportifs, des dirigeants, des présidents de clubs et de fédérations, qui se sont rassemblées dans la soirée du mardi 19 avril à l'Institut du judo à Paris.
Une petite scène a été montée à la hâte au milieu des tapis de judo. Les prises de paroles s'enchaînent : l'ancien champion d'athlétisme Mehdi Baala, des rugbymen également avec une bonne partie du Racing 92 derrière l'international du XV de France Gaël Fickou. "Ce n'est pas facile de se positionner dans le sport ou de dire ce que l'on pense vraiment, développe le rugbyman. Mais il s'agit juste nos valeurs et de la diversité qui y est importante. Je jouais avec Ibrahim Diallo, qui est musulman, et pourtant, je suis chrétien. Je viens du Sénégal et lui est originaire de ce pays. C'est la France d'aujourd'hui et on a la chance encore de pouvoir conserver ça, faisons-le."
"Des sportifs ont peur des réseaux sociaux"
Les valeurs du sport sont érigées en rempart contre l'extrême droite, dans un milieu où parler politique publiquement n'est pas fréquent et n'est pas franchement conseillé. Ce rassemblement improvisé en quelques jours est donc loin d'être anodin pour Stéphane Nomis, le président de la Fédération française de judo : "Il y a des sportifs de haut niveau qui nous ont dit non parce qu'ils avaient peur de se positionner. Ils ont peur des réseaux sociaux et des retombées. Mais, ajoute-t-il, il faut quand même dire haut et fort que l'on n'a pas envie d'avoir les Jeux olympiques sous l'ère Front national."
"Les sportifs ne sont pas des sous-hommes. Ils ont le droit d'être politisés aussi. On leur a toujours dit qu'ils étaient apolitiques, mais de quel droit ?"
Stéphane Nomis, président de la Fédération française de judoà franceinfo
Comme son homologue à l'athlétisme André Giraud, autre fédération représentée mardi soir, Stéphane Nomis se dit prêt à quitter ses fonctions en cas d'élection de Marine Le Pen. Des positions beaucoup plus tranchées qu'il y a cinq ans. En 2017, une seule tribune timide avait émané du monde du sport entre les deux tours de la présidentielle.
"Il y a une dizaine de fédérations avec lesquelles on a monté un programme d'inclusion par le sport, indique Jean-Philippe Ascenci, président de l'Agence pour l'éducation par le sport, à l'origine du rassemblement. C'est tout nouveau et ça veut dire que les fédérations se mobilisent aujourd'hui, qu'il y a une nouvelle dynamique et qu'on veut jouer notre place dans la société. On veut être entendu. Il y a 17 millions de gens qui sont adhérents dans les associations sportives, ça compte." D'autant plus au terme d'une campagne dans laquelle le sport a été l'un des principaux absents.
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