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Possible candidature de Christiane Taubira : Laurence Rossignol, porte-parole d’Arnaud Montebourg, appelle à un "projet commun" de la gauche pour 2022

Après la diffusion sur Facebook d'une vidéo dans laquelle l'ex-ministre de la Justice Christiane Taubira dit "envisager de se présenter à la présidentielle", la porte-parole d'Arnaud Montebourg, Laurence Rossignol, a appelé ce vendredi sur franceinfo les candidats de gauche à ne pas "rentrer dans cette compétition des individus". 

Article rédigé par franceinfo
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Laurence Rossignol, vice-présidente socialiste du Sénat et porte-parole d'Arnaud Montebourg, sur franceinfo le 12 février 2018.  (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCE-INFO)

Après l’annonce de l’éventuelle candidature de Christiane Taubira à l’élection présidentielle de 2022 vendredi 17 décembre, Laurence Rossignol, vice-présidente socialiste du Sénat et porte-parole d’Arnaud Montebourg, a appellé sur franceinfo les candidats de la gauche à un "projet commun". Elle estime qu’"aucun n’est en situation de gouverner seul", et prévient que s'il y a une "compétition des individus", "il ne restera que nos yeux pour pleurer" après l'élection

franceinfo : Arnaud Montebourg pourrait-il se retirer de la course à l'Elysée et se ranger derrière Christiane Taubira ?

Laurence RossignolLa proposition d'Arnaud Montebourg n'est pas de soustraire un candidat, surtout s'il y en a un autre qui arrive à la place. Il y a toujours le même nombre à la fin. Et ça ne fait pas l'union. Non, la proposition d'Arnaud Montebourg est d'ouvrir le débat avec les candidats : "Pourquoi sommes-nous candidats ? Pourquoi tous ces candidats ? Pourquoi la gauche représente-t-elle autant de projets ? Et surtout, est-ce que ces candidats peuvent gouverner ? Pour quoi faire et avec qui ?" Il faut voir si la candidature de Christiane Taubira contribue à cette réponse-là. Une élection présidentielle ne consiste pas simplement à témoigner de ses idées, les faire progresser un petit peu ou montrer qu'on est un demi-point ou un point de plus devant son concurrent le plus proche. Parce que c'est ça, aujourd'hui, l'enjeu de la présidentielle, avec un grave danger. Si les écologistes, par exemple, qui veulent absolument continuer tout seuls, ont un score trop bas, ce n'est pas bon pour la prise en charge de l'écologie par les éventuels gagnants de l'élection présidentielle. Si Jean-Luc Mélenchon veut aussi continuer tout seul, ce n'est pas non plus bon, demain, pour résister aux offensives qui seraient menées contre des retraites, contre le Code du travail. Donc aucun n'est en situation aujourd'hui de gagner seul. Aucun n’est en situation de gouverner seul. Et nous pouvons gouverner ensemble, mais pour ça, il faut se mettre d'accord sur un projet, et je crois qu’on peut le faire.

Cette éventuelle candidature de Christiane Taubira est-elle une chance pour la gauche ou rajoute-t-elle au contraire de la complexité ?

Ce que j'observe, c'est qu’elle est la troisième personnalité de gauche, candidate ou pas, à poser la question de la disparité des candidats, de la division du trop grand nombre et des risques à l'arrivée. Arnaud Montebourg le fait. Anne Hidalgo le fait. Christiane Taubira le fait. Chacun avec sa méthode. Mais à un moment donné, ce qui compte, c'est qu'on parle effectivement du risque de la désunion et de l'enjeu de l'union. Il faut voir si Christiane Taubira réussit à mettre tout le monde autour de la table et à produire, ce qui me paraît le plus important, un projet de gouvernement commun. Une élection, ce n'est pas fait pour présenter une alternative au président sortant, mais dire qu'il y a une autre possibilité, une autre voie pour la France, une voie socialiste.

N'est-il pas trop tard, à quatre mois de l'élection présidentielle ?

Bien sûr que ça aurait pu arriver plutôt. Mais il y a quelques mois, chacun était convaincu qu'il y aurait une espèce de primaire des sondages, que les sondages allaient dire quel est celui qui est en tête à gauche et qui serait en situation de prendre le leadership. Ce n'est pas le cas. Les sondages ne départagent personne parce que les électeurs de gauche ne veulent pas participer à cette histoire de désunion et ne veulent pas trier entre les candidats. Moi, je crois que l'union est encore possible. Un projet commun est possible. Tous les gens dont on parle ont été dans les mêmes partis à un moment donné, dans les mêmes coalitions, dans les mêmes gouvernements. Ils ont tous une histoire commune. Il suffit de retrouver cette histoire commune et de cesser de tomber dans le piège du présidentialisme qui amène chaque formation politique à essayer de trouver une incarnation et de rentrer dans cette compétition des individus. En tout cas, il ne faut pas commencer à le faire, parce qu’après l’élection présidentielle, il ne restera que nos yeux pour pleurer. Et chacun comptera ses points et s'apercevra qu'il n'a pas beaucoup de points, que personne n'a gagné, qu'il n'y a que des perdants à gauche dans cette affaire. Et franchement, à quoi ça sert d'être le premier dans une course où personne n'est à 10% ? Rien.

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