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"Aucun candidat ne me plaisait" : des déçus de la politique "donnent" leur vote à des étrangers

Parmi eux, Veronica, Portugaise de 30 ans et résidente en France, va pouvoir s'exprimer dans les urnes pour la première fois.

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une carte d'électeur, le 29 mars 2015 au Grand-Quevilly (Seine-Maritime). (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Dimanche 23 avril, Orianne, 21 ans, va voter pour la première fois à l'élection présidentielle. Mais cette étudiante en histoire à Strasbourg a décidé de laisser le choix de son bulletin à une autre personne. Une étrangère qui habite en France et qui ne possède pas le droit de vote. Ce geste symbolique a été rendu possible grâce à la plateforme Alter-votants qui met en relation des personnes déçues du système électoral et des étrangers vivants sur le territoire. Au total, ils sont déjà plus de 600 à être inscrits.

"Moi, de toute façon, aucun candidat ne me plaisait, je pensais voter blanc", explique Orianne à franceinfo. Alors, quand elle a vu passer cette initiative sur Facebook, elle n'a pas hésité. Une fois inscrite, le cofondateur du site Thomas Berteigne l'a rappelée pour la mettre en relation avec une étrangère habitant en France. "On échange par mail, explique la jeune femme. Elle n'a pas encore arrêté son choix, mais son cœur penche à gauche. Maintenant qu'elle sait qu'elle va pouvoir voter, elle veut se pencher sérieusement sur les programmes."

Déjà 130 binômes formés pour le premier tour

Orianne saura donc au dernier moment quel bulletin elle va glisser dans l'urne, dimanche. Elle ne s'est fixée qu'une seule limite : "Je ne veux pas voter pour un gros candidat de droite. Si la personne me demande de voter pour Le Pen, Fillon ou Macron, je demanderai à changer de binôme", assure l'étudiante.

"L'initiative a séduit de nombreux étrangers qui habitent en France", raconte Thomas Berteigne. Au début, le site enregistrait cinq fois plus d'inscriptions d'étrangers que de Français, mais la tendance se rééquilibre, selon lui. Au total, 130 binômes sont déjà formés et il espère bien en avoir encore une ou deux centaines de plus pour le premier tour. 

"Cela fait longtemps que je voulais m'impliquer"

Parmi les étrangers participants, Veronica, Portugaise de 30 ans va pouvoir exprimer son opinion dans les urnes pour la première fois. "Cela fait longtemps que je voulais m'impliquer", explique celle qui habite en France depuis qu'elle a 8 mois. Elle aussi a découvert l'initiative sur Facebook et a rapidement été mise en relation avec un Français déçu de la politique. "On s'est échangé pas mal de mails. Je lui ai dit que je voulais voter pour Jean-Luc Mélenchon et je lui ai envoyé des éléments pour justifier ce choix, explique-t-elle à franceinfo.

J'ai été déçue par le quinquennat. Du coup, je voulais voter pour la vraie gauche à l'élection présidentielle.

Veronica, "alter-votante"

à franceinfo

Le jour du scrutin, rien ne permettra à Veronica de vérifier pour qui a réellement voté son binôme. "Je ne suis pas sûr à 100%, mais je pense que je l'ai convaincu", explique-t-elle. En effet, le cofondateur du projet rappelle qu'il s'agit d'un geste "symbolique". "On ne signe rien, il s'agit d'un échange entre les deux personnes, précise Thomas Berteigne. Cette démarche s'inscrit dans la continuité du mouvement pour la reconnaissance du droit de vote des étrangers."

Une démarche qui n'a pas plu à tout le monde. De nombreux trolls issus de la "fachosphère" ont essayé de s'inscrire sur la plateforme. "On appelle toutes les personnes pour vérifier dans quel but ils sont inscrits avant de les mettre en relation", explique Thomas Berteigne. Pas de quoi arrêter le mouvement, qui compte dépasser le millier d'inscrit avant le second tour.

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