Municipales : ces maires qui disaient abandonner… et se représentent quand même
Il y a quelques mois, on évoquait ces maires désabusés qui s'apprêtaient à jeter l'éponge, fatigués par leurs responsabilités, ou encore les violences parfois exercées contre eux. Chiffres et noms à l'appui, l'œil du 20 heures dévoile que 7 édiles sur 10 sont finalement prêts à rempiler.
A Sergy (Ain), les 2000 habitants l’ont appris l’an dernier dans le journal. Le maire, Denis Linglin l’assurait : “je ne me représenterai pas en 2020,” “je ne serai pas candidat, c’est une question de principe”. Mais aujourd’hui qui revoilà, en tête d’une liste ? Denis Linglin, le maire sortant ! Aurait-il oublié ses principes ?
Son adversaire Philippe Rico, qui était son adjoint pendant le dernier mandat, peine à comprendre ce revirement : "Ca a été une surprise, puisqu’il était censé ne plus se représenter. Il semble s’attacher à son poste de maire." Le maire sortant, lui, n’a pas oublié sa promesse de retrait, et assume la contradiction. "Je suis très serein," assure Denis Linglin. "Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Le contexte de cette élection a fait que je me suis persuadé petit à petit qu’il fallait que j’essaye de créer une autre liste." Et il est loin d’être le seul à oublier ses engagements.
Dans la presse régionale, L'oeil du 20 heures a repéré plusieurs dizaines de maires qui promettaient de ne pas se représenter, avant de changer d'avis. L'un d'eux écrit ainsi dans le bulletin municipal : "je ne voudrais pas passer pour un égoïste en monopolisant le poste du maire”, un autre déclare dans la presse : “j’aurai 72 ans l’année prochaine, il faut être raisonnable.” Aujourd'hui, ils y retournent !
L'oeil du 20 heures a fait les comptes : en métropole, 67% des maires sortants se présentent à nouveau, autant qu’aux dernières municipales. Et plus les communes sont grandes, plus les maires se représentent : jusqu’à 87% dans les villes de plus de 50 000 habitants.
Pas de crise des vocations, donc. Pourtant fin 2018, le congrès de l’Assocation des Maires de France dénonçait ce que l’on appelait le “blues des maires” : à l’entendre, seuls 51% d’entre eux avaient l’intention de se représenter en 2020. Voire moins pour les maires ruraux : à peine 41%. Bien loin de la réalité.
Pour le sociologue David Guéranger, tout cela n’était que de la communication, au moment où les maires se sentaient délaissés.
Il y a eu une campagne de communication assez importante orchestrée notamment par l’Association des Maires de France pour notamment servir à faire pression sur le gouvernement en montrant le désœuvrement collectif qui toucherait les maires de la République.
David Guéranger - Sociologue, chercheur à l'Ecole des Ponts ParisTechà France 2
Contactées, les associations de maires expliquent que beaucoup d’élus ont finalement changé d’avis par “esprit combatif” ou “sens des responsabilités”. Et si tout bien réfléchi… l’écharpe n’était pas si lourde à porter ?
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