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Municipales : candidats à la dernière minute pour "sauver leur village"

Personne ne voulait de leurs voix : les habitants de 64 communes ne se sont pas déplacés au premier tour, faute de candidat. Mais des volontaires ont parfois émergé depuis, face à la menace de dissolution de leur village.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
En cas d'absence de candidats, la dissolution de la commune peut être prononcée au terme d'une procédure de plusieurs mois. Elle est alors rattachée à une autre. (MAXPPP)

Monique Martin est "soulagée" : elle vient tout juste d'afficher les listes officielles devant la mairie de Glannes (Marne). A 76 ans, la maire sortante avait décidé de raccrocher, mais s'inquiétait du sort de sa commune. Car, quand tout le reste de la France votait, dimanche 23 mars pour le premier tour des municipales, son bureau de vote est resté fermé dimanche, l'urne désespérément vide.

Ici, comme dans 63 autres communes de l'Hexagone, personne ne briguait les suffrages des électeurs au premier tour. Ce qui signifiait que si aucun volontaire ne s'était manifesté pour le second tour, le village aurait été géré durant trois mois par une délégation nommée par la préfecture, avant une nouvelle tentative d'élection, qui en cas d'échec aurait abouti à une dissolution et à un rattachement à une autre commune.

Mais face à la menace de voir le village disparaître faute de candidat, des volontaires ont émergé, juste à temps pour le second tour. Dimanche, les 173 habitants de Glannes auront le choix dans l'isoloir : pas moins de 20 citoyens ont déposé leur candidature, pour 11 sièges de conseillers municipaux à pourvoir.

"Ça me faisait mal de partir sans avoir personne derrière"

Après avoir longuement hésité, David Collot, actuellement adjoint, a décidé de briguer le fauteuil de maire. "Il fallait sauver le village, je ne voulais pas qu'on soit rattaché à une commune voisine", explique-t-il à francetv info. "Ça aurait été la mort de Glannes", confirme l'adjoint, Pierre Brifault, présent sur la liste concurrente.

"Au début, ça me faisait vraiment de la peine, ça me faisait mal de partir sans avoir personne derrière", confie Monique Martin, "satisfaite" que la succession soit désormais assurée. L'élue est tout de même surprise de la multiplicité des candidatures, qu'elle met sur le compte des "caractères" de chacun. "Ils auraient dû s'entendre entre eux, juge-t-elle. Enfin, au moins, là, il y aura du choix."

Le soulagement des maires sortants

Le scénario est similaire à Crouy-sur-Cosson (Loir-et-Cher). Jusqu'à présent adjointe, Claudette Sorin a décidé de se dévouer et de mener une liste. "Je suis née à Crouy, j'ai vu l'évolution de Crouy avec les anciens, raconte-t-elle. Je n'imaginais pas la commune disparaître, en tout cas pas tout de suite." Dans ce village de 500 âmes, elle assure n'avoir eu aucune peine à boucler sa liste de quinze noms : "Tout le monde a réagi quand on a su que personne ne se présentait au premier tour." La retraitée de 65 ans a beaucoup réfléchi, consciente de l'ampleur de la tâche : "Avec une bonne équipe, ça devrait aller. Mais je sais que ça va être du travail."

Après 19 ans passés au conseil municipal, le maire sortant Christian Robert est satisfait de ne pas avoir à se représenter. "Je n'ai pas voulu le dire, mais je me posais beaucoup de questions. Peut-être que j'y serais retourné si personne ne s'était dévoué, assure-t-il. Mais j'en avais marre, ça pèse au bout d'un moment. Ça prend beaucoup de temps si on veut faire du bon boulot. La vie familiale en prend un coup." Il passera donc le flambeau sans regret.

Des communes toujours menacées

Mais toutes les communes n'ont pas connu ce sursaut de dernière minute. A Chalus (Puy-de-Dôme), il n'y a pas plus de candidat aujourd'hui qu'au premier tour. Conséquence : le village de 184 habitants sera dans l'immédiat géré par une "délégation spéciale", nommée par la préfecture. "J'ai rendez-vous avec la sous-préfete vendredi, explique le maire sortant, Alain Ollé. Je suis un peu triste. La commune se vide le matin, c'est devenu un village dortoir. Il y a bien un petit groupe d'agriculteurs locaux, mais ils ont tellement de problèmes entre eux qu'ils ne sont plus fichus de se mettre ensemble pour faire un conseil."

"Moi, je me suis donné corps et âme", affirme l'élu, qui s'est senti "floué" dimanche, privé de son vote. A 71 ans, ce "Parisien pur jus", amoureux de l'Auvergne et installé à l'année à Chalus depuis huit ans, a envie de profiter de sa famille. Mais il se dit prêt à gérer les "affaires courantes", comme l'aménagement du colombarium, en attendant un éventuel successeur. Les volontaires ont trois mois pour se déclarer, avant la dissolution du village.

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