Gobelets "bio-sourcés et compostables", chef Raoni, show d'Edouard Philippe... Six choses vues et entendues lors de la rentrée de La République en marche
Le parti présidentiel a organisé sa première université d'été, samedi et dimanche, à Bordeaux. Un bon moyen de galvaniser ses troupes à six mois des municipales.
Une démonstration de force. C'était l'effet recherché. Pour la première fois de son histoire, La République en marche a organisé, samedi 7 et dimanche 8 septembre à Bordeaux, une université d'été, ou plutôt, "un campus des territoires", dans le langage des macronistes.
A six mois des municipales, l'enjeu était simple : remobiliser les troupes et renouer avec la base. Selon les organisateurs, quelque 3 500 militants gonflés à bloc ont ainsi fait le déplacement. Mais l'enthousiasme des adhérents de LREM n'a pas masqué les inquiétudes concernant de potentielles futures candidatures dissidentes après celle de Cédric Villani à Paris. Franceinfo vous raconte ce qu'il s'est passé lors de cette grand-messe macroniste.
1Gobelets bio-sourcés et bouteilles en plastique
"Un événement écoresponsable." Jusque dans la salle de presse, des affiches ont été placardées pour promouvoir le faible coût écologique de ce campus. "Une vaisselle compostable", une partie du mobilier "issue du recyclage", "des produits locaux et de saison" pour les repas... Bref, le mouvement d'Emmanuel Macron, qui n'a pas cessé de parler d'écologie durant ce week-end, a décidé de montrer l'exemple. A l'entrée, les participants ont ainsi reçu un gobelet "bio-sourcé et compostable" afin d'"éviter d'utiliser des gobelets en plastique". Avec cette mise en garde d'un bénévole : "Attention, gardez-le, il n'y a pas d'autre gobelet." S'il n'y avait effectivement pas de gobelet en plastique, les bouteilles d'eau en plastique étaient, elles, bien là.
Parmi les goodies, un clin d’œil ecolo : pas de bouteille en plastique mais ce verre recyclable. pic.twitter.com/qfUnUdXsIv
— Margaux Duguet (@MargauxDuguet) September 7, 2019
2L'apparition surprise du chef Raoni
Son arrivée a été préparée dans le plus grand des secrets. Depuis début juillet, LREM s'activait à faire venir le chef amérindien Raoni, qui était la tête d'affiche du festival "d'éco-mobilisation" Climax, installé là aussi à Bordeaux. Le porte-voix de la lutte contre la déforestation de la forêt amazonienne est arrivé samedi en début de soirée avec d'autres chefs indiens. Accueilli par les ministres en charge de l'Ecologie – Elisabeth Borne, Emmanuelle Wargon et Brune Poirson – et le patron de LREM, Stanislas Guerini, il s'est également entretenu avec Edouard Philippe sur les berges du lac du parc des expositions. Une bonne séquence pour la majorité et le parti présentiel qui s'escriment depuis la rentrée à mettre l'accent sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Le chef indien Raoni vient d’arriver et est accueilli par @StanGuerini, @brunepoirson, @Elisabeth_Borne et @EmmWargon pic.twitter.com/pgkJLs7yH6
— Margaux Duguet (@MargauxDuguet) September 7, 2019
Préserver l’Amazonie n’est pas un combat écologique comme un autre. Il s’agit de la survie de notre équilibre planétaire.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) September 7, 2019
Honoré d’avoir pu discuter de cette crise écologique et des meilleurs moyens d’y répondre avec le Cacique Raoni Metuktire, Grand chef du peuple Kayapo. pic.twitter.com/pPLKxLhUEv
3Des militants à la pêche aux idées
Dans les étages du parc des expositions de Bordeaux, les ateliers, conférences et formations se sont enchaînés pendant deux jours. Et dans toutes les têtes, un sujet : les municipales. "Est-ce que vous n'auriez pas quelques pistes ou quelques idées de récit ? Je suis en quête de bonnes idées pour les municipales", demande, par exemple, Luc, adhérent LREM à Bordeaux, déclenchant l'hilarité dans la salle venue écouter les dirigeants de la fondation Jean-Jaurès. Réponse de Gilles Finchelstein, le directeur de la fondation : "Je ne crois pas qu'il puisse y avoir un récit global qui puisse être dupliqué dans les territoires."
Dans une autre salle, c'est François, animateur à Bègles (Gironde), qui cherche lui des propositions sur l'écologie. "On va présenter une liste, on est assez vert, mais quels conseils vous nous donneriez pour être encore plus différenciant ?" Lui aussi ne repartira pas avec des réponses précises. "Je n'ai pas de recette miracle sur l'écologie, mais je vous conseille de repartir sur des basiques : est-ce que vous êtes en zéro phyto ? Comment ça se passe pour l'alimentation ?", lui répond Didier Baichère, le député des Yvelines. Face à des militants qui participeront pour la première fois à une campagne des municipales, la direction de LREM affiche sa sérénité et promet de multiplier les journées de formation.
Sinon, le #CampusDesTerritoires c’est aussi des conférences, des ateliers et des formations. Exemple ici avec la @j_jaures et @finchelstein venus parler des « Municipales : enjeux, état d’esprit et lignes de fracture ». pic.twitter.com/iU6wuHOCBg
— Margaux Duguet (@MargauxDuguet) September 7, 2019
4La mise en scène de l'arrivée de Griveaux
Le candidat de LREM à Paris est arrivé samedi en fin de journée entouré de son directeur de campagne, Pacôme Rupin, de la députée de Paris, Laetitia Avia, mais aussi d'une dizaine de militants. "Benjamin, Benjamin", ont crié ces derniers qui ont également lancé quelques timides "on va gagner". L'image est soignée et vise à remettre en selle Benjamin Griveaux, qui traverse une forte zone de turbulences avec la candidature dissidente de Cédric Villani. "Il y a quelques marcheurs égarés, mais je suis certain qu'ils seront là au premier tour des municipales", glisse l'ancien porte-parole du gouvernement.
Interrogée par la presse sur cette séquence soignée, la direction du parti se défend – "nous n'avons pas senti que les gens se forçaient, ce n'était pas l'intention" – avant de finalement reconnaître : "On a eu la volonté politique de dire qu'il n'y avait qu'un seul candidat LREM à Paris". L'aventure Villani pourrait néanmoins inspirer d'autres déçus des investitures. "On va gérer les dissidents au cas par cas", confie Stanislas Guerini.
« C’est la vedette du campus lui », rigole un militant. @BGriveaux vient d’arriver et oui c’est lui a le droit à la plus grosse cohue médiatique depuis le début ce matin. pic.twitter.com/pQAWT4vjyP
— Margaux Duguet (@MargauxDuguet) September 7, 2019
5Des Jeunes avec Macron déchaînés
Ils ne tenaient plus en place. Alors que la séance de clôture du campus devait commencer dimanche à 11h30, les Jeunes avec Macron, les fameux JAM, ont donné de la voix pour montrer leur impatience face au retard accumulé. Des "allez, allez" se sont fait entendre avant, que de part et d'autre de la scène, ces jeunes militants n'entonnent cet étrange refrain : "En Marche, en marche ! Nous sommes avec Macron, on gagne des élections !"
Ça s’impatiente un peu du côté des « JAM », les jeunes avec Macron, où l’on crie et change des « Allez, allez ». pic.twitter.com/ov197WGExF
— Margaux Duguet (@MargauxDuguet) September 8, 2019
6La petite phrase de Philippe sur Paris
Un véritable show. Durant une demi-heure, le Premier ministre, "qui n'est pas marcheur, mais a trouvé sa place dans le cœur des marcheurs", selon les mots de Stanislas Guerini, a multiplé les blagues à la tribune, allant même jusqu'à imiter son ancien mentor, Alain Juppé. C'est également sur un ton humoristique qu'Edouard Philippe a balayé les rumeurs qui le voyaient candidat à Paris.
Il m’est arrivé récemment qu’on me dise : 'Edouard, tu dois te présenter à tel endroit', cela m’est arrivé. On me l’a dit, Benjamin, à Paris mais ça n'a aucun sens.
Edouard Philippeau campus de LREM
Et le chef du gouvernement de chanter les louanges de Benjamin Griveaux. "Il y a déjà un excellent candidat investi par LREM à Paris, il s’appelle Benjamin Griveaux et il est là. Il est intelligent, déterminé et tenace." L'ancien maire du Havre (Seine-Maritime) ferme-t-il pour autant les portes des municipales ? Pas vraiment, si l'on en croit sa déclaration à ce sujet : "Mes tripes ont un goût d’eau salée. Si, un jour, je dois être candidat aux municipales, je ne vois pas très bien où cela peut être ailleurs qu’au Havre."
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