"Alors là, j'ai été bluffée !" : à Bordeaux, certains sont encore tout surpris d'avoir porté un écologiste à la mairie
L'électorat de gauche à Bordeaux s'est sans doute davantage mobilisé pour le deuxième tour des municipales 2020, remporté par l'écologiste Pierre Hurmic.
La "belle endormie" s'est réveillée en vert. Dimanche 28 juin, au deuxième tour des élections municipales 2020, les Bordelais ont élu Pierre Hurmic, le candidat EELV, à 46,48% des voix, face au successeur d'Alain Juppé, Nicolas Florian, maire sortant LR (44,12%) et Philippe Poutou, le candidat NPA (9,39%). Une sensation sur cette terre du centre-droit depuis plus de 70 ans. La vague verte a surpris les Bordelais eux-mêmes mais l'envie de changement dans la capitale girondine est palpable.
Bordeaux dirigée par les écologistes : Nathalie, une commerçante du centre-ville, bordelaise depuis ses 16 ans, n’y aurait jamais cru. "Alors là, j'ai été bluffée ! Je ne m'attendais pas à ce que les Bordelais votent pour du vert. Je pensais qu'il prendrait quelqu'un de plus traditionnel... Je pensais les Bordelais plus traditionnels que ça. On verra... Je pense que ça peut être pas mal." La victoire de Pierre Hurmic, la commerçante a son explication : "Effectivement, il y a eu beaucoup de minéralisation sur Bordeaux, pas assez d'espaces verts. Et je pense que si beaucoup de Bordelais ont voté comme ça, c'est parce qu'ils trouvaient que c'était trop minéral et que ça pouvait être peut être une bonne solution. Donc pourquoi pas."
Une curiosité mêlée à l’envie d'élire une majorité qui serait plus en accord avec les problématiques environnementales d’aujourd’hui : voilà les motivations électorales d'Emmanuelle. Si elle a voté pour Pierre Hurmic, c'est pour "la clarté", insiste-t-elle. "Pour un message qui soit très clair, clairement envoyé à toute la classe politique, sur ce dont on a envie, là, maintenant, dans cette ère de réchauffement climatique où on écoute des infos complètement apocalyptiques, explique la Bordelaise. OK, maintenant, c'est bon, on change de paquebot, allez, on y va, on y va !
On a l'impression que ça peut continuer encore vingt ans comme ça si on n'envoie pas de message très fort.
Emmanuelle, Bordelaiseà franceinfo
Contrairement aux idées reçues, il y a bien un électorat de gauche à Bordeaux. Il a porté Ségolène Royal et François Hollande en tête lors des précédents scrutins présidentiels et s’est sans doute davantage mobilisé pour ce second tour, selon le politologue Jean Petaux, professeur à Sciences Po Bordeaux." Il y a sans doute eu une prime au 'dégageur' plutôt qu'au sortant, analyse-t-il. Celui qui, potentiellement, pouvait avoir les meilleures chances de sortir l'équipe sortante a été favorisé. Ajoutez un certain nombre de phénomènes qu'il faut prendre en compte : la pandémie, ces fameuses quatre semaines entre les deux tours, n'a pas joué du tout comme un éteignoir sur les idées développées par Europe Écologie-Les Verts. Ça a plutôt amplifié le phénomène."
Jean Petaux retient aussi le jeu des alliances de la droite avec La République en Marche qui a desservi la droite dans une élection massivement boudée par les électeurs, avec plus de 60% d’abstention. Entre les deux tours, le maire sortant Nicolas Florian (LR) et Thomas Cazenave (LREM) avaient trouvé un accord. De son côté, Pierre Hurmic avait trouvé un accord d’alliance avec le PS, le PCF, le PRG et d’autres formations de gauche.
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