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Une femme à la présidence de l'Assemblée ? "Certains hommes peuvent avoir des discours très progressistes, mais quand ça commence à les toucher..."

Avant la désignation de François de Rugy par le groupe La République en marche pour être le candidat à la présidence de l'Assemblée nationale, lprésidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, estimait que "ce serait tout de même historique si une femme était élue".

Article rédigé par franceinfo
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La place du président de l'Assemblée nationale.  (ALAIN JOCARD / AFP)

Les 577 députés élus, dont 224 femmes, font leur rentrée parlementaire mardi 27 juin à l'Assemblée nationale. Les sept présidents de groupes sont tous des hommes mais pour la première fois. Deux femmes figuraient parmi les trois candidats présentés par le parti majoritaire LREM : Sophie Errante et Brigitte Bourguignon. Un signe positif pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, ex-porte-parole de l'association Osez le féminisme.

Mais c'est finalement le troisième candidat, François de Rugy, qui a été désigné par le groupe La République en marche mardi en fin de matinée. 

franceinfo : Beaucoup espèrent qu'une femme va devenir le quatrième personnage de l'État, en devenant présidente de l'Assemblée nationale. Pensez-vous que les députés masculins y sont prêts ?

Anne-Cécile Mailfert : Avec la parité dans différentes sphères de la société aujourd'hui, étant donné que le gâteau ne grossit pas, certains hommes se rendent compte que partager avec des femmes, ça veut dire ne pas accéder aux postes auxquels ils avaient l'habitude d'accéder assez naturellement. Je m'interroge : François de Rugy, candidat, est favorable à une modernisation de l'Assemblée nationale et a des positions assez féministes ; s'il veut vraiment la parité, ça peut vouloir dire qu'il ne sera pas élu et ça, ça peut rendre certains hommes réticents, fatalistes et de mauvaise volonté. Certains hommes peuvent avoir des discours très progressistes mais quand ça commence à les toucher directement, ils oublient certains principes... Je les appelle donc à la cohérence.

Combien de temps, si c'est une femme qui est élue, devra-t-elle traîner le titre de première femme présidente de l'Assemblée Nationale ?

Longtemps. Si on regarde l'histoire, ça fait 30 ans qu'on n'a pas eu de femme Premier ministre, depuis Edith Cresson. J'espère qu'elle ne sera pas l'unique exemple, l'exception qui confirme la règle. Ce serait tout de même historique si une femme était élue, car c'est l'une des quatre fonctions les plus importantes de la Ve République et ça ne me dérange pas d'en faire un moment important pour les femmes. On aura gagné le jour où le fait que ce soit un homme ou une femme n'aura plus d'importance. Aujourd'hui, il faut encore le souligner, parce que si on ne le souligne pas, on ne remarque même pas qu'il n'y a pas de femme, que ce n'est pas normal que la moitié de la population française accède beaucoup plus facilement aux postes à responsabilités et de pouvoir que l'autre moitié.

Avoir des femmes députés, ça va peut-être changer les usages. Il y aura moins de remarques sexistes comme celles dont a été victime Cécile Duflot ?

Mathématiquement, selon l'ONU, pour qu'une Assemblée commence à changer son mode de fonctionnement et les sujets qu'elle porte, il faut qu'il y ait au minimum 33% de femmes, au moins un tiers de l'Assemblée doit être composé du sexe féminimin pour que celui-ci arrive à se faire entendre. J'espère que cette Assemblée sera plus respectueuse des femmes et pas une Assemblée à deux vitesses, avec des hommes chefs de groupe et des femmes dans les commissions dédiées à la famille. Malgré tout, 224 femmes, soit 38% de l'Assemblée, aujourd'hui, c'est un formidable appel d'air qui va changer le visage de la politique française, qui va permettre à ces femmes de faire leurs preuves et de développer des compétences qu'elles n'avaient pas eu la chance de pouvoir développer avant, puisqu'elles n'avaient pas accès à ces postes.

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