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Reportage Législatives : à Marseille, succéder à Jean-Luc Mélenchon n'est "gagné d'avance" pour personne

Si le leader de La France insoumise a totalité 56% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle, sa succession reste très ouverte dans sa circonscription. Ni du côté de LFI et de la Nupes, ni pour la majorité présidentielle ou la droite.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Mathieu, édité par Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Manuel Bompard (à droite) distribue des tracts dans le quartier Belsunce à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 25 mai 2022. (BENJAMIN MATHIEU / RADIO FRANCE)

"Bonjour, c'est pour monsieur Bompard."  L'accueil est chaleureux dans les petites ruelles du quartier populaire de Belsunce, à Marseille (Bouches-du-Rhône), mercredi 25 mai. "Pour Mélenchon, on est là", lance un passant. Ici, Manuel Bompard peut scotcher sans problème des affiches avec son visage et celui de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives. En effet, le leader de La France insoumise a été plébiscité dans cette circonscription, la quatrième des Bouches-du-Rhône, avec 56% des voix au premier tour de l'élection présidentielle

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Certains Marseillais ne doutent donc guère de la victoire de Manuel Bompard, le fidèle directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, qui se présentent pour la Nupes. "Bon courage à vous, même si c'est gagné d'avance ici !", lance l'un d'eux. "Ce n'est jamais gagné d'avance", répond le principal intéressé. Installé depuis seulement deux mois à Marseille, l'eurodéputé refuse en tout cas de se voir comme un parachuté, comme le reproche a pu être fait à Jean-Luc Mélenchon quand il s'est présenté ici en 2017. "Je ne suis pas Jean-Luc Mélenchon, évacue d'emblée Manuel Bompard. Quand les gens l'ont élu ici, ils savaient qu'ils élisaient d'abord une personnalité, un homme deux fois candidat à l'élection présidentielle. Ils savaient qu'il avait un rôle essentiellement, voire exclusivement, national. Moi, j'ai un rôle national, mais qui n'est ni de même ampleur ni de même niveau que celui de Jean-Luc Mélenchon."

Dans cette ville chère à Emmanuel Macron, La République en marche a investi Najat Akodad, trésorière du mouvement Renaissance européenne et avocate fiscaliste, qui se présente sous l'étiquette Ensemble. "Bonjour madame, je me présente pour les élections législatives, je représente la majorité présidentielle. Savez-vous qui est votre député actuellement ?", interroge-t-elle. "Non", répond une passante. C'est là son argument massue pour prouver que Jean-Luc Mélenchon a délaissé Marseille.

Mais les habitants ici ont d'autres priorités : "Je suis dans un appartement délabré. J'ai quatre enfants et un CDI mais toutes mes démarches sont restées vaines. Ce n'est pas normal !" La candidate de la majorité entreprend alors de lui parle du projet Marseille en grand, annoncé par le président de la République. "Il vise à rénover ces logements qui sont délabrés." "Mais la question qui se pose, c'est quand ? À partir de quelle date ?", lui rétorque l'interessé.

Le plan "Marseille en grand", épine dans le pied de la droite

Ce plan "Marseille en grand" de plusieurs milliards d'euros, annoncé par le chef de l'État et soutenu par la gauche et la droite locales, n'a encore donné que trop peu d'effets concrets pour peser aux élections législatives. Il réussit pourtant à embêter la droite locale, qui peut difficilement le critiquer. "On a ces 4 milliards d'euros, énumère Solange Biaggi, candidate Les Républicains dans la circonscription, avec 1 milliard pour les écoles, 1 milliard pour les transports – même un peu plus, 600 millions pour la rénovation urbaine qui vont permettre de rénover des logements..." Elle revendique cependant le poids des élus locaux dans la construction du plan d'Emmanuel Macron. "C'est parce qu'on lui a proposé ces choses-là qu'il a fait Marseille en grand", assure-t-elle.

Celle qui est par ailleurs conseillère municipale et métropolitaine chargée de la voirie et des transports, proche de l'ancien maire Jean-Claude Gaudin et de la présidente du département Martine Vassal, revendique la pluralité de ses casquettes pour assurer la réussite du plan, estimant qu'elle aura "un lien beaucoup plus fort" avec tous les acteurs. 

Le Rassemblement national et les animalistes à la quête aux voix

À l'extrême droite, le sénateur marseillais Stéphane Ravier a rejoint Éric Zemmour pendant la présidentielle et il n'est pas parti seul. Le Rassemblement national a donc eu bien du mal à trouver des candidats crédibles. "Les habitants ne savent pas trop ce que Jean-Luc Mélenchon a fait mais ce n'est pas parce que je suis de l'opposition que je vais prononcer des mots pour le casser", rassure Julien Tellier, qui doit encore rôder son argumentaire concernant le député sortant. Il assure avoir fait le tour des commerçants pour savoir si le leader de La France insoumise les avaient rencontrés. "Je leur ai demandé s'ils l'avaient aperçu et ce n'est pas le cas. Ils ne l'ont pas croisé." 

De nombreux candidats de la société civile vont aussi tenter de ravir quelques voix même si la tâche s'annonce compliquée. "On n'est pas de gauche, on est vraiment transpartisans, défend Mathilde Heuguet, candidate du Parti animaliste. Mais c'est vrai qu'on se rapproche plus des idées de la gauche. Les gens vont donc obligatoirement nous assimiler comme ça." Elle reconnaît que cela pourrait potentiellement "compliquer" sa candidature mais dit miser "sur le fait que les gens vont penser aux animaux et vouloir sortir du clivage gauche-droite pour nous donner leur voix." Sur ses affiches, elle mettra évidemment un animal mais impossible d'en savoir plus pour l'instant. Une chose est sûre : ce ne sera pas une tortue, l'animal totem de Jean-Luc Mélenchon.

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