Législatives "On est pour faire un accord, pas pour entrer en religion", dit l'eurodéputé écologiste David Cormand
David Cormand estime que La France insoumise a "dans son ADN" une "culture hégémonique" et que, pour favoriser l'union, elle doit passer "à une culture un peu différente [...] qui implique de tolérer, d'accepter des diversités et d'être à la hauteur des défis".
"On est pour faire un accord, pas pour entrer en religion" vis-à-vis de La France insoumise, lance l'eurodéputé écologiste David Cormand vendredi 29 avril à midi sur franceinfo. Il critique "une culture politique hégémonique" des Insoumis, qui doivent accepter de basculer dans "une culture de leadership".
franceinfo : Voyez-vous un risque hégémonique de LFI ?
David Cormand : Oui, mais c'est dans la culture politique de LFI. C'est une force politique qui s'est construite théoriquement dès son origine sur la volonté de supplanter les anciens partis et dans un rapport direct au peuple. C'est ce qu'elle a théorisé dans un rapport hégémonique où, au fond, on met de côté les corps intermédiaires. C'est dans son ADN de départ. La question politique qui se pose aujourd'hui de mon point de vue, maintenant qu'elle a réussi la campagne et le score qu'elle a fait à la présidentielle, c'est : est-ce qu'elle conserve cet ADN et cette culture hégémonique, ou est-ce qu'elle passe à une culture un peu différente que je qualifierais de leadership, ce qui implique de tolérer, d'accepter des diversités et d'être à la hauteur des défis. Ce n'est pas simple. C'est elle qui a la responsabilité de le faire parce qu'elle est arrivée en tête. Et puis, c'est aux autres aussi d'accepter de réfléchir à une coalition.
Voyez-vous des signes d'évolution ?
Je ne participe pas aux discussions. Jean-Luc Mélenchon dit qu'il y aura des groupes parlementaires : excusez-moi, mais c'est la moindre des choses. Ce n'est pas là une avancée, c'est juste le respect de nos institutions. Par contre, ce qui m'a interpellé, c'est quand Jean-Luc Mélenchon demande aux Français de l'élire directement Premier ministre, là, il y a un sujet. Dans l'institution parlementaire, ce n'est pas le Parlement qui est responsable devant le Premier ministre, c'est bien le Premier ministre qui est responsable devant le Parlement. C'est là qu'il y a un glissement sur le fait de dire : vous n'existerez pas politiquement en dehors de moi. Cette logique là, nous la réfutons. Nous admettons que Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête du bloc gauche-écolo à la présidentielle : si on devait pouvoir construire une majorité alternative, il serait légitime qu'il soit le Premier ministre, mais il serait responsable devant une majorité. On est pour faire un accord, pas pour entrer en religion.
Pouvez-vous aboutir à un accord malgré les dissensions sur le fond, notamment sur l'Union européenne et l'Ukraine ?
Ce sont deux sujets fondamentaux. Nous avons des différences fondamentales d'appréciation sur ce que doit être une géopolitique, une diplomatie du XXIe siècle avec les enjeux climatiques, qui ne peuvent pas être une régression vers une vision géopolitique qui daterait de la deuxième partie du XXe siècle. De la même façon, nous avons une approche différente de l'Union européenne, c'est connu. Nous sommes fédéralistes et pensons que pour agir pour la planète, il faut la masse critique de l'Union européenne. Mais là où nous sommes d'accord, c'est que l'Union européenne telle qu'elle est aujourd'hui doit évoluer avec un rapport de force. Néanmoins, on a un angle un peu différent sur la définition du terme désobéissance. Nous ne voulons pas dire qu'on désobéira à tout parce que sinon, on est dans la logique de quelqu'un comme Viktor Orban [président hongrois] qui veut désobéir sur l'Etat de droit. Par contre, s'il s'agit de remettre en question un certain nombre de dogmes orientés comme l'austérité, on est d'accord pour le contester. Le diable se cache dans les détails, mais ce sont des sujets qui sont fondamentaux sur la vision ou pas de l'avenir de la France au sein ou pas de l'Union européenne.
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